Dans le cadre de la préparation du deuxième congrès du NPA qui se tiendra du 1er au 3 février 2013, nous ouvrons nos colonnes aux positions autour de la discussion sur le projet du NPA.Tribune W : Pourquoi « Réappropriation du NPA par toutes et tous » ?Notre plate-forme est née de la volonté de mener autrement le congrès afin qu’au-delà des enjeux de pouvoir, il soit une échéance démocratique par le bas, à partir des militantEs, des comités, de leurs préoccupations et expériences. Double constat : le NPA ouvert à touTEs les anticapitalistes défini par les principes fondateurs n’est pas encore né ; le NPA, évitant les enjeux politiques de fond (forme d'organisation, rôle, implantation), s’est cristallisé autour de questions électorales.Cette plate-forme entend repenser à la fois fonctionnement et orientation. C’est l’exigence d’auto-émancipation qui rend la question d’un fonctionnement plus démocratique indissociable de celle d’une intervention réactive sur le terrain du mouvement social et de la lutte des classes. Un parti inclusif, aux pratiques aussi révolutionnaires que son projet !Le NPA doit devenir un espace inclusif : un lieu de confiance, d’expérimentation. D’exploration et de politisation de nos colères, qui nous aide à les exprimer, les organiser, les comprendre. Pour cela, il nous faut revoir nos pratiques militantes, les mettre en cohérence avec ce projet révolutionnaire dans un contexte de défiance vis-à-vis des organisations traditionnelles. Un parti de l'imagination : articuler programme d'urgence et projet de sociétéNous devons prendre au sérieux le besoin d'« un nouveau rêve général ». Après l'échec des expériences « socialistes » du xxe siècle, il est temps de remettre l'imagination au pouvoir, d'esquisser un monde libéré de toutes les formes d'exploitation et de domination. Pour cela nous ne pouvons pas nous limiter à notre programme d’urgence : nous devons oser parler de ce projet de société que nous portons, oser alimenter l’espoir pour alimenter les luttes. Un parti des luttes, de toutes les luttes Le projet révolutionnaire ne se dessine qu’au fil de nos confrontations dans les luttes, pas dans les salles de notre parti, à l’aune de textes fétichisés. Il est temps de revenir sur nos activités, notre implantation militante, apprendre des défaites et nous nourrir des expériences victorieuses. Prendre au sérieux le fait que les luttes, comme les oppressions, sont plurielles et multiples, et qu’exploitéEs et oppriméEs se mettent en mouvement aussi diversement.Ces questions sont intimement liées et nous entendons les porter afin que toutes les militantEs puissent s’en saisir, et en débattre. Nous désirons ainsi relancer une dynamique vitale pour l’avenir de notre projet anticapitaliste.Tribune : Oser le NPA !Un des enjeux essentiels de notre congrès est de rassembler tous les camarades qui n’ont pas abdiqué du projet du NPA : regrouper les anticapitalistes sur une base d’indépendance vis-à-vis des institutions et des partis qui les gèrent, pour une transformation révolutionnaire de la société. Un parti pour le socialisme, écologiste, féministe, internationaliste, démocratique, large. C’est le cas de toutes celles et ceux qui sont restés au NPA après la scission de la GA. Or, et c’est un des paradoxes de notre situation, c’est sur la discussion sur le projet du NPA que certains camarades de la Y ont choisi de se constituer en plate-forme. Ils invoquent pour ce faire le bilan. Encore faudrait-il préciser quel bilan, le bilan de qui. Mais il y a d’abord un premier bilan à faire : avons-nous eu raison, oui ou non, de créer le NPA ? Le projet de regrouper anticapitalistes et révolutionnaires pour construire un parti large et ouvert, est-il toujours d’actualité ? Nous répondons oui. Le choix de dépasser les limites du mouvement révolutionnaire, la volonté d’agir en parti s’adressant à l’ensemble des travailleurs, de la population, et non pas seulement en opposants plus ou moins critiques des vieux partis du mouvement ouvrier, est plus que jamais d’actualité. Pour répondre aux urgences créées par la crise, il est nécessaire de rompre avec les conceptions des petits groupes qui croient aux proclamations.Répondre à la crise du NPA, c’est, à cette étape, rassembler toutes celles et ceux qui n’ont pas abdiqué de construire un parti indépendant des réformistes, c’est redonner vie au projet d’un parti où puissent trouver leur place toutes celles et ceux qui en partagent le programme, quel que soit leur niveau d’investissement. D’un parti creuset rassemblant des histoires et des traditions différentes.C’est dans le cadre de ce projet commun, d’une solidarité collective, qu’il nous faut mener le débat sur le parti, de façon concrète, pratique, militante. Loin des recettes et des incantations, discutons à partir de nos expériences comment nous pourrions nous implanter dans les entreprises, les quartiers populaires, la jeunesse. Comment nous pourrions améliorer notre efficacité dans nos interventions. De même nous ne pouvons mener sérieusement le débat sur l’orientation politique qu’en vérifiant ensemble pas à pas ce qui permet le mieux de répondre aux besoins de la situation, des mobilisations, d’armer les consciences.C’est ainsi que le congrès pourra remplir sa tâche : redonner vie, sans exclusive, au projet du NPA.Galia Trépère, Sandra Demarcq et Manu BichindaritzTribune Y : l’actualité de notre projetDans un contexte difficile d’offensive de la classe capitaliste pour faire payer aux classes populaires les frais de leur crise, avec l’aide active d’un gouvernement prétendument de gauche, nous avons besoin plus que jamais d’un parti comme le NPA capable d’assumer de manière conséquente son projet révolutionnaire.Ce parti est aujourd’hui en crise. Le constater nous oblige à affronter lucidement cette question, sans nous dérober. Cela veut dire en premier lieu oser faire des bilans, et ne pas se contenter de formules creuses qui se contentent d’appeler au rassemblement, en faisant croire que cela pourrait suffire pour relancer notre projet. L’expérience passée de la P1 depuis le dernier congrès devrait inciter pour le moins à la prudence…Nous avons eu une vraie difficulté depuis la fondation du NPA : la croyance chez beaucoup de camarades qu’il y avait une sorte de boulevard à gauche du PS ; l’illusion en conséquence qu’il suffirait de rassembler « tous » les anticapitalistes sans prendre la mesure de ce qui était en train d’émerger avec le Front de gauche, sur des bases réformistes, mais se réclamant aussi de l’anticapitalisme. Cette partie du projet a échoué.Mais il y a en même temps un autre aspect fondamental qui conserve dans la période actuelle une brûlante actualité : celui de vouloir construire un parti pour l’émancipation des travailleurs par eux-mêmes, dans la lutte de classe, par en bas, en rompant avec l’esprit de combinaison politicienne, les jeux d’alliances, les interpellations dans le vide.Malheureusement, nous n’avons pas su faire suffisamment du neuf, en nous laissant enfermer jusqu’à présent dans les questions électorales ; en affirmant notre volonté d’implantation dans les entreprises, la jeunesse et les quartiers, mais en discutant très peu du « comment », en particulier au niveau de la direction, sans définir de réelles priorités dans notre travail militant. Ou en se contentant d’interpellations des autres organisations, sans se donner les moyens de mener une réelle politique unitaire, capable de s’appuyer sur des mouvements réels, où l’on tente de jouer un rôle.Nous ne pouvons que regretter que les camarades de la PX n’aient pas eu envie d’assumer cette discussion jusqu’au bout, préférant dans un premier temps bricoler un projet de texte en tentant de prendre des formules à droite et à gauche sans cohérence aucune, puis renonçant à défendre ce qu’ils veulent vraiment.La démocratie dans le parti exige d’expliciter auprès des camarades ce que chacun propose et de le soumettre à leur appréciation.Tribune Z : ni « gouvernement anti-austérité », ni para-syndicalisme : pour un NPA révolutionnaire !Dans le précédent Tout est à nous !, nous avons présenté la plateforme Z. Revenons ici sur les autres.Le Congrès a lieu dans un contexte de crise du parti. Celle-ci, certes aggravée par la scission de la GA, s’exprime surtout par la perte largement antérieure de 3/4 de nos effectifs. Il y a un enjeu évident à tirer un bilan à la lumière de l’expérience et des insuffisances du projet de départ pour redéfinir nos axes et nos tâches.Or la majorité sortante (PX) déconnecte bilan et perspectives. Elle prétend n’avoir aucune responsabilité dans la crise : la GA serait cause de tous les maux ! Au lieu d’élaborer une stratégie révolutionnaire concrète, elle répète en boucle les principes fondateurs. Au lieu d’engager la construction du parti dans le prolétariat et la jeunesse, elle continue à raisonner en termes d’« espaces » politiques et propose une « opposition de gauche » avec le FdG, axée sur l’objectif d’un « gouvernement anti-austérité ». Cela n’a rien à voir avec un réel gouvernement des travailleurs qui romprait avec le capitalisme et les institutions : la PX lui donne comme cadre l’appel à ce que « les États » (sans préciser leur nature de classe) cessent d’être soumis à « l'oligarchie financière » et soient « en mesure de contrôler et de diriger l'activité économique » : on est loin du renversement révolutionnaire de l’État bourgeois !Les camarades de la PY avancent des éléments de bilan, des propositions avec lesquelles nous sommes d’accord (délimitation par rapport au réformisme, priorité à la lutte de classes). C’est pourquoi nous leur avons proposé (hélas sans réponse) de discuter et défendre ensemble des axes communs. Mais la PY reste à mi-chemin. Elle fait appel aux « luttes », mais le programme qu’elle avance ne s’articule pas systématiquement à la nécessité de la prise du pouvoir. Selon elle, la question du gouvernement des travailleurs ne se pose que dans certaines circonstances ou si l’on nous demande notre projet politique. De plus, la PY comme telle ne défend aucune position sur le sujet brûlant de la Grèce (ses membres ont des positions contradictoires) et elle néglige les questions anti-impérialistes.La PW critique le fonctionnement du NPA à juste titre : nous partageons le projet d’un parti plus actif, plus démocratique et plus fraternel. Mais il ne peut y avoir de redressement et d’enthousiasme sans changer l’orientation et défendre un programme clair ; or voter pour ce texte ne donne aucun mandat en ce sens.Seule la PZ propose à la fois un programme de transition révolutionnaire, la priorité à la lutte des classes et un fonctionnement démocratique.Daniela (93), Ludivine (75), Ludovic (75), Manu (28), Marie (75) et Vincent (68), membres du CPN sortant.
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