Dans le cadre de la préparation du deuxième congrès du NPA qui se tiendra du 1er au 3 février 2013, nous présentons cette semaine les enjeux de la discussion autour des questions féministes.La commission nationale d’intervention féministe du NPA (CNIF) a souhaité proposer au vote de toutEs les militantEs une résolution sur les questions féministes. Une large part du texte est consacrée à la place particulière occupée par les femmes dans la crise que nous connaissons : emploi, salaires, précarité bien sûr mais aussi violences subies par les femmes, retour de l’ordre moral en lien avec la montée des idées réactionnaires. Notre objectif est d’irriguer les débats du parti avec nos analyses en termes de genre, et de proposer des éléments d’orientation pour que les questions féministes soient présentes dans l’ensemble de notre intervention. Ainsi, la surreprésentation des femmes dans la fonction publique est une dimension à intégrer dans nos revendications contre les politiques d’austérité de ce gouvernement. Et lorsque nous nous battons pour le droit à l’avortement, c’est à la fois contre le démantèlement des services publics et contre l’extrême droite, dont certains groupes organisent des prières publiques devant les centres IVG.
Articulation des oppressions ?Nous souhaitons aussi amener dans le NPA les débats qui traversent aujourd’hui l’ensemble du mouvement féministe.Le premier concerne l’articulation entre les différentes oppressions sociales, racistes et de genre. En France, ce débat est fortement structuré par les questions de religion et de laïcité. Nos désaccords portent essentiellement sur la place occupée par l’islam et notre positionnement dans les luttes menées autour de la question de l’interdiction du port du foulard : en France, aujourd’hui, la place de l’islam est-elle la même que celle des religions chrétiennes ? La religion n’est-elle qu’un vecteur d’oppression ? Faut-il se battre contre l’interdiction du port du voile pour les élèves, les salariéEs des services publics ? Les luttes menées par les femmes victimes de ces discriminations peuvent-elles être des luttes émancipatrices ? Quelle place les anticapitalistes peuvent-elles / ils y jouer ? Autant de questions qui se posent régulièrement aux militantEs féministes et sur lesquelles nous avons besoin de réfléchir toutEs ensemble.
La prostitution en question(s)Le deuxième débat concerne la prostitution. Le point essentiel qui fait accord entre toutEs est l’urgence de défendre des revendications concrètes : abrogation des lois répressives contre les prostituées comme la loi sur la sécurité intérieure de 2003, moyens pour permettre à celles / ceux qui le souhaitent de sortir de la prostitution (logement, formation…), régularisation de toutEs les sans-papiers, renforcement de la lutte contre le proxénétisme et les réseaux internationaux de prostitution, mise en place d’une politique d’éducation à une sexualité libre et respectueuse des autres… Seule une politique volontariste qui applique simultanément l'ensemble de ces différents points pourra sur le long terme produire des résultats. Nos désaccords se cristallisent autour du terme d’abolitionnisme. Devons-nous nous revendiquer comme abolitionnistes ? Que signifie ce terme, par qui est-il utilisé et pour quoi faire ? Le terme de prostitution recouvre des réalités très différentes : quelle place donne-t-on dans nos analyses à ces différentes réalités ? Quelle place pour la parole des prostituées elles-mêmes dans la mesure où leur expression est extrêmement difficile ? La responsabilisation, voire la pénalisation des clients, sont-elles des revendications que nous pouvons / devons porter en tant que féministes et anticapitalistes ?
Pour un parti résolument féministeEnfin, le texte se conclut sur des préoccupations internes à notre parti : parce que nous ne vivons pas en dehors de la société, les oppressions qui existent en dehors s’y reproduisent partiellement. Pour construire une organisation à l’image de la société que nous voudrions, la place des femmes à tous les niveaux du parti doit être notre préoccupation permanente. Cela passe par une parité à tous les niveaux de direction, une répartition des tâches équitable et des modes de débat qui permettent à chacunE d'y prendre sa place, mais aussi par un bannissement systématique des propos et comportements sexistes.C’est parce que le féminisme est l’affaire de toutes et tous, que nous avons souhaité porter ces débats lors de notre prochain congrès national.Commission nationale d'intervention féministe