Publié le Lundi 9 mars 2009 à 16h56.

En bref

CINEMA Slumdog, Danny boyle.

Jamal Malik, que le policier indien qui l’interroge traite de « chien de bidonville » (slumdog), vient de gagner des millions de roupies en répondant correctement à toutes les questions d’un jeu télévisé. C’est à force de fl ash-backs que l’on comprendra que chaque bonne réponse résulte en fait d’une anecdote souvent tragique de sa vie de laissé-pour-compte du miracle indien. Mais là où on aurait voulu voir une dénonciation implacable des conditions de vie iniques où survit au quotidien la majeure partie de la population indienne, le fi lm rate son effet et torture, trafi c d’enfants et prostitution n’apparaissent que comme de simples illustrations pour mieux souligner le vrai miracle : devenir riche facilement et rapidement, surtout quand on vient de nulle part. De là à y voir l’exaltation du rêve américain, il n’y a qu’un pas… le jury des Oscars ne s’y est pas trompé.

MUSIQUE Va vanguer, Alan Peters Run Music.

« Tristes tropismes de l’exception culturelle française, sourde à ses talents divergents. » La remarque du journaliste Jacques Denis (magazine Vibrations) au sujet d’Alan Peters, chanteur maudit de La Réunion (décédé brutalement en 1995), sonne particulièrement juste au regard de l’actualité des DOM-TOM. Alan Peters, qui a su renouveler le maloya, cette musique porteuse de l’héritage africain longtemps interdite puis méprisée, en y ajoutant des tonalités psychédéliques et folk (entre Zappa et Dylan), resta longtemps ignoré en « métropole ». Pas assez exotique, collant peu à une vision carte postale qui ensevelit l’essentiel sous des lieux communs pour touristes, son oeuvre sort cependant progressivement de l’ombre, subtilement mise en valeur ici par un superbe coffret CD et DVD. L’art véritable est toujours résistance, sans avoir forcément besoin de le dire.

LIVRES Oscar Wilde et le jeu de la mort, Gyles brandreth 10/18, 461 pages, 13,50 euros.

Gyles Brandreth a transformé Oscar Wilde, le sulfureux auteur britannique de la fi n du XIXe siècle en détective. Il en est à sa deuxième enquête racontée par son ami – Sherlock Holmes n’est pas loin et Conan Doyle est un des personnages mis en scène –, Robert Sherad, déformation de Shéhérazade, et les Mille et une nuits sont à nos portes. Oscar, que l’on voit écrire, publier, fait jouer à ses amis le jeu de la mort, et ce jeu devient réalité. Qui tue et pourquoi ? Le monde artistique de cette fi n du XIXe siècle se dévoile. Une leçon, comme dans le premier qui vient d’être réédité en édition de poche (Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles), d’histoire de la littérature. Le plaisir est intense.

JAZZ Circum, Vincent Mascart, Cristal records, distribué par Harmonia Mundi. Un groupe, Circum, mené par le saxophoniste Vincent Mascart en compagnie de la jeune scène nantaise du jazz – le trompettiste Geoffroy Tamisier –, agrémenté d’un chef d’orchestre pianiste, Jean-Christophe Cholet et du chanteur Benat Achiary, ne peut que satisfaire notre goût pour les aventures. Cette musique ne se refuse rien. Ni le jazz bien sûr, ni les musiques d’Europe de l’Est, ni les autres… Le tout au service d’une volonté de se faire entendre. Elle – la musique – déménage.