Publié le Lundi 2 novembre 2015 à 21h58.

Souscription 2015 : Leurs comptes... et les nôtres

Épisode 2 : bygmalionage. Bygmalionage (n.m) : du nom de Bygmalion, société d’événementiel actuellement en liquidation, dirigée de 2009 à 2013 par un proche de Jean-François Copé, aujourd’hui par un autre proche du même Copé, et qui a organisé les meetings de la campagne Sarkozy en 2012 et des conventions pour feu l’UMP.

Le bygmalionage est une arnaque. Mais contrairement à la Riwaldise et à la Jeannerie (voir l’Anticapitaliste n°307), l’ampleur et les implications de l’opération sont toute autre, encore que leurs essences respectives de classe soient identiques. Car dans bygmalionage, il y a « big », qui en bon français ne signifie non pas « gros », idée reçue et saugrenue, mais président de la République, en l’occurrence Nicolas Sarkozy, en l’espèce le Byg-mac....

Prenez donc ledit président. Son problème n’est pas la richesse mais que les règles du financement électoral l’empêche d’en jouir. Sarko l’Américain... Concrètement, il existe un plafond aux dépenses de campagne pour le scrutin présidentiel : 22,5 millions d’euros à l’issue des deux tours. Ce plafond (bas), le petit Bonaparte n’en veut pas. Il aime les palais, avec de la hauteur... sous plafond. Alors, comment faire ?

Réponse : faites passer pour des dépenses de votre parti des dépenses en réalité liées à votre campagne. Autrement dit, faites payer à l’UMP les dépenses de la campagne Sarkozy. Comment ? Surfacturez, parfois même inventez l’organisation de conventions thématiques, et présentez l’addition à l’UMP. Cette dernière, en payant au prix fort l’organisation de ses propres raouts, réels ou fictifs, réglait en fait Bygmalion pour l’organisation de meetings du candidat Sarkozy.

Le total de ce bygmalionage s’élèverait à 20 millions d’euros environ. Cela veut dire que le montant total des dépenses de campagne de Sarkozy en 2012 s’élève au moins à 40 millions d’euros, soit environ le double du plafond autorisé ! S’élève « au moins », disons-nous, car, selon les dernières révélations, 10 millions supplémentaires auraient été dépensés par l’UMP pour d’autres aspects de la campagne, sans être inclus dans les comptes officiels. On approche donc, au total, les 50 millions pour l’ensemble de la campagne...

L’art de dépenser sans compter...

Avant même la découverte de ce système, la CNCCFP avait déjà obtenu du Conseil constitutionnel l’annulation des comptes de campagne de Sarkozy en juillet 2013. En effet, ce dernier avait déclaré 21,3 millions d’euros de dépenses, juste en dessous du plafond. Mais la CNCCFP avait retenu le montant total de 23 millions d’euros, car certaines dépenses liées à des transports et meetings, déclarées comme relevant de la fonction présidentielle exercée alors par Sarkozy, étaient en fait liées à sa campagne. De la confusion des genres...

C’est donc bien une fusée à 3 étages que celle de la campagne Sarkozy en 2012. Un premier (petit) dépassement de 500 000 euros, rapidement mais sévèrement sanctionné par la CNCCFP par le non-remboursement du candidat de l’ensemble de ses dépenses déclarées (on se rappelle qu’un Sarkothon avait alors été organisé par l’UMP pour éponger ce trou dans sa trésorerie). Puis un deuxième dépassement, le plus important, constituant le bygmalionage caractérisé, pour un montant de 20 millions d’euros environ. Et enfin un troisième dépassement de 10 millions d’euros, directement pris en charge par l’UMP, sans paravent semble-t-il. Cela sans compter, en dehors de la campagne présidentielle, la surfacturation par Bygmalion de diverses prestations et rémunérations pour l’ensemble de la galaxie UMP.

N’en jetez plus ! Vous comptez vos sous ? Le NPA aussi. Pas eux. Et si en comptant bien, quelques-uns de vos sous peuvent venir soutenir le NPA, ils iront là où il faut : dans la lutte contre ce système pourri.

Sylvain Madison

Pour nous aider : www.npa2009.org/souscrip…