Publié le Lundi 4 avril 2016 à 09h24.

La conférence nationale en bilans

Après la publication la semaine dernière de l’intégralité de la déclaration adoptée par la CN, déclaration lançant la campagne du NPA avec la candidature de Philippe Poutou, nous donnons une dernière fois la parole aux trois plateformes.

Plateforme A - Pour une campagne anticapitaliste et révolutionnaire en 2017 !

La conférence nationale du NPA réunie le week-end des 19 et 20 mars a acté de façon quasi unanime la décision d’être présents de façon indépendante aux prochaines élections présidentielles à travers la candidature de Philippe Poutou, entouré par un collectif de porte-parole composé par Olivier Besancenot, Christine Poupin et Armelle Pertus. C’est l’un des objectifs que nous avons poursuivi avec la constitution de la plateforme A, arrivée en tête avec 41 % des suffrages exprimées par les militants.

Nos débats ont été, et c’est une très bonne chose, fortement percutés par le contexte marqué par la mobilisation de la jeunesse contre la loi travail et la préparation de la journée interprofessionnelle du 31 mars. Nous avons pu faire le point, en particulier avec le secteur jeune qui y joue un rôle important, sur l’état actuel du mouvement, ainsi que discuter de notre orientation visant à pousser, bien au-delà de la seule journée du 31, vers « une grève générale qui balaie ceux qui nous exploitent depuis trop longtemps ».

Ce contexte renforce la nécessité de porter une voix anticapitaliste et révolutionnaire lors des prochaines élections présidentielles. Une voix qui exprime une colère bien plus générale, accumulée depuis longtemps au sein de la classe ouvrière, et qui commence à peine à faire surface. Et aussi, comme le dit la déclaration adoptée par la conférence, une voix « qui tire le bilan des échecs de ceux qui, en Europe, ont prétendu lutter contre l’austérité capitaliste sans s’affronter et en finir avec les institutions des classes dirigeantes », comme Tsipras en Grèce ou le Front de gauche en France.

Cette déclaration a été le résultat d’un compromis entre les différentes positions qui se sont exprimées dans la conférence. Nous avons participé depuis le début à l’effort d’écriture de cette déclaration et avons particulièrement insisté pour qu’elle se délimite de façon claire des courants réformistes, ainsi que de la politique des directions syndicales. Sur ce deuxième point, il y a eu un vote majoritaire des délégués. La conférence a également rejeté à une majorité écrasante un amendement proposant le retrait de la candidature du NPA en cas d’apparition d’une liste unitaire des mouvements sociaux.

Avec ses limites, ce texte pose néanmoins des axes pour une campagne autour d’un programme qui exproprie les capitalistes et qui affirme qu’un « véritable changement de société ne pourra venir que de grandes mobilisations sociales, lorsque les exploités auront pris leurs affaires en main et auront imposé leur propre gouvernement pour construire une autre société, débarrassée de toute forme d’exploitation et d’oppression ». L’enjeu est désormais de les porter dans notre campagne.

Nous avons enfin dû mener une discussion pour pouvoir acter quelque chose qui devrait aller de soi, c’est-à-dire la représentation proportionnelle des différentes plateformes dans l’équipe de campagne qui sera désignée mi-avril, lors de la prochaine réunion du Conseil politique national.

L’étape qui s’ouvre est donc celle de la bataille pour les 500 parrainages, rendue encore plus ardue par les mesures antidémocratiques contenues dans la loi organique de modernisation des règles applicables à l’élection présidentielle. Nous appelons toutes celles et ceux qui partagent une partie de nos idées à s’engager, aux côtés des militantEs et sympathisantEs du NPA, dans cette bataille pour porter une voix anticapitaliste et de classe aux élections de 2017.

Équipe d’animation de la plateforme A

 

Plateforme B - Transformer l’essai

La CN présidentielle a débouché sur le vote à près de 95 % d’une déclaration publique. La confrontation des idées portées par les trois plateformes en présence a abouti à un résultat positif pour le NPA.

Ce texte constitue une feuille de route claire pour notre campagne présidentielle. Il fournit des éléments d’analyse de la situation : une dégradation du rapport de forces au détriment de notre classe avec des attaques sans précédent du gouvernement et du patronat, mais aussi des résistances et un début prometteur de mobilisation contre le projet de loi de démantèlement du code du travail. Il définit des axes d’une campagne anticapitaliste, pour que, face à la montée du FN, l’espoir change de camp : contre l’état d’urgence, contre les grands projets inutiles et nuisibles comme Notre-Dame-des-Landes, pour l’augmentation des salaires, pour la réduction du temps de travail, contre le racisme, le sexisme et l’homophobie... Il explique l’utilité d’une candidature du NPA : « permettre au mécontentement, à la révolte, aux résistances de s’exprimer sur le terrain politique, y compris électoral », même si – nous le savons – « un bulletin de vote ne changera pas la vie ». Il met en place une équipe inclusive de porte-parole et désigne logiquement comme candidat Philippe Poutou.

Ce résultat est porteur d’espoir. Pendant tout le débat préparatoire, les plateformes A et C répétaient en boucle et en miroir qu’elles présentaient des orientations politiques différentes, voire incompatibles, et sommaient la plateforme B de choisir.

Sans nier l’existence de divergences politiques, nous avons expliqué, en tant que plateforme B, qu’elles ne sont pas un obstacle insurmontable pour mener une campagne de tout le NPA. Une CN n’est pas un congrès où il faut trancher sur une orientation complète valide pour deux ans ; elle a pour but de définir des axes politiques, à développer au cours de la campagne en fonction de l’évolution de l’actualité. Ce qui devait être faisable, puisqu’il existe dans le NPA un large accord, avec des nuances bien sûr, sur l’analyse de la situation et l’orientation générale à développer dans la période. Nous avons mis au débat des axes de campagne qui nous semblent largement partagés. Nous avons insisté sur la nécessité qu’une campagne présidentielle du NPA soit celle de tout le NPA, et non pas celle d’une grosse moitié de l’orga contre l’autre, ou avec une moitié en spectateur.

Cette CN valide la démarche que la plateforme B a menée jusqu’au bout : ne pas constituer une majorité contre une partie de l’organisation.

Mais ce résultat très positif est aussi et surtout à mettre à l’actif de la pression de l’organisation, de ses militants, quel que soit leur vote dans les AG électives locales. Ils ont manifesté, globalement, de fortes attentes pour que l’organisation se lance enfin dans la campagne présidentielle au lieu de s’enfermer dans des logiques fractionnelles.

Cette CN n’a pas réglé tous les problèmes. Des divergences d’orientation demeurent. Le travail collectif est loin d’être acquis et la logique de fonctionnement parallèle des courants et fractions a la vie dure. Il reste à prouver que nous pouvons, avec cette campagne politique qui va durer plus d’un an, travailler et fonctionner collectivement, lever les blocages et les paralysies, mettre toutes nos forces au service des objectifs communs. La prochaine étape est d’engager, dès à présent, la bataille pour gagner les 500 signatures.

Équipe d’animation de la plateforme B

 

Plateforme C - Pour une campagne ouverte du NPA

Notre CN s’est donc conclue par un vote presque unanime autour d’une résolution donnant le cadre de l’activité du NPA pour la prochaine élection présidentielle de 2017. Une issue assez  inattendue pour que l’on essaie de comprendre comment elle a été possible...

Le choix clair d’un profil offensif

Pour notre plateforme, le NPA devait clairement choisir son profil politique pour une candidature du NPA.

• Se situer d’abord clairement par rapport à un état d’urgence sans cesse prolongé, avec la mise en œuvre d’une politique sécuritaire sans précédent de remise en cause des droits démocratiques et de criminalisation du mouvement social. Après Sivens et Notre-Dame-des-Landes, les dernières violences policières contre les lycéens en lutte en sont l’exemple le plus récent.

• Contre une politique réactionnaire, ignoble, à l’échelle française et européenne à l’encontre des migrantEs, symbolisée à Calais.

• Contre une politique de casse sociale au service du Medef, avec heureusement face à elle la construction d’une riposte de la jeunesse et du salariat contre la loi El Khomri, riposte dans laquelle les militants du NPA ont pris toute leur place.

Cette situation pose l’urgence de construire une représentation politique, une nouvelle force, organisant toutes celles et ceux qui dans ces mouvements veulent exprimer et construire une voie de rupture anticapitaliste, qui ont une exigence de démocratie directe, de contrôle populaire, sur tous les choix de société. Une force qui combatte la fermeture des frontières, le racisme et l’islamophobie, terreaux du Front national.

Aux antipodes du « sauveur suprême » présidentiel, nous faisons le choix d’être présent dans cette élection avec une candidature qui exprimera le rejet du déni de démocratie que représentent les institutions politiques françaises.

Une nouvelle impulsion est possible

La majorité des délégués partageait ces préoccupations. Nous avons donc œuvré pour qu’à l’issue de cette CN, le NPA exprime ce profil tout en faisant en sorte de rassembler le plus largement, non pas par une déclaration unanimiste et de pure forme.

Pour nous, cette orientation a été clairement actée dans la déclaration et dans les axes de la candidature de Philippe Poutou, même si les camarades de la plateforme A ont exprimé leurs réticences tout au long de ce week-end.

Au final, le NPA reste en phase avec les exigences du moment et peut donner une nouvelle impulsion à son activité politique, en prise directe avec les attentes des militantEs des mouvements sociaux, avec les militantEs combatifs du mouvement syndical, une activité d’ouverture au débat avec ces militantEs pour avancer vers la construction de cette alternative anticapitaliste, de ce nouveau parti. 

Tout cela peut donner une bonne impulsion pour organiser matériellement notre campagne et dépasser les nouveaux obstacles des dispositions électorales à la présentation de notre candidature.

Contre les blocages, il faudra garder le cap

Aussi cette CN est pour nous une réussite, mais elle n’efface pas tous les blocages que nous avons connus dans le NPA ces derniers mois et qui l’ont éloigné de son projet initial. Les débats et les réticences rencontrés lors de cette CN ont confirmé qu’une importante minorité de camarades ne partagent pas ces préoccupations et voudrait que le NPA tourne une page, ou plutôt ferme le livre pour écrire une autre histoire.

Garder le cap sur le profil adopté lors de cette CN, prendre toutes les initiatives politiques d’ouverture avec les courants militants que nous côtoyons au quotidien, seront une bataille dans les semaines et les mois qui viennent.

Nous prendrons toute notre place dans l’animation et l’organisation de la campagne autour de la candidature de Philippe Poutou, au même titre que nous avons pris toute notre place pour donner une issue positive à cette CN. Mais nous mettrons aussi tout en œuvre pour que les engagements politiques pris lors de cette CN ne restent pas lettre morte.

Équipe d’animation de la plateforme C