Le prochain congrès du NPA aura lieu en février 2018. Le débat est donc ouvert dans notre organisation et, comme les règles démocratiques inscrites dans nos statuts le permettent, plusieurs plateformes se sont constituées, qui s’expriment ici.
Plateforme T Réarmer et refonder notre parti : pour le pouvoir des travailleur-E-s, vers le communisme autogestionnaire
Depuis le dernier congrès, une nouvelle majorité s’est progressivement constituée pour prolonger la ligne suivie depuis la création du NPA. Au nom de l’objectif d’un « parti large », elle a entretenu le flou sur nos réponses politiques. Cette ligne n’a pas permis de relancer la construction du parti malgré l’écho de notre campagne présidentielle et la popularité de nos porte-parole.
Alors que la « France insoumise » a pris au sérieux la nécessité d’écrire un vrai programme, multiplie les initiatives pour se construire, la majorité sortante est incapable de la moindre autocritique et propose simplement de « réaffirmer » le NPA. La gauche du parti est balkanisée : le sectarisme et le dogmatisme l’ont emporté sur nos propositions de construire ensemble une alternative à la direction. Malgré ce gâchis, nous refusons de nous résigner à un congrès pour rien. Notre démocratie interne est un bien précieux, et le congrès doit permettre de faire un pas en avant vers la refondation du parti.
Vouloir prendre « le meilleur des traditions du mouvement ouvrier », c’est aujourd’hui passer de l’anticapitalisme au communisme du 21e siècle, en se saisissant de toutes les questions. Ce n’est pas pleurnicher sur la crise du mouvement ouvrier (bien réelle) pour en conclure que la période ne nous permet pas de défendre ouvertement nos idées ! Nous devons travailler des réponses concrètes et précises afin de convaincre qu’une alternative communiste et autogestionnaire est possible, qu’elle est la seule issue positive pour notre camp social à la crise du système capitaliste et donc qu’il faut défendre systématiquement l’objectif du pouvoir des travailleurEs. Il ne s’agit pas de ressortir du frigo un programme communiste atemporel, mais d’élaborer un programme de transition précis et actuel, d’y intégrer pleinement l’antiproductivisme, de mieux y intégrer les oppressions spécifiques, de proposer les moyens concrets que devrait mettre en œuvre un gouvernement des travailleurEs, de lever le tabou de la rupture anticapitaliste avec l’UE... Nous devons confronter notre projet avec celui des réformistes et expliquer que ce dernier conduit à une impasse. Dans un capitalisme en crise, il n’y a pas de marge de manœuvre pour des réformes sociales ; pour sortir de l’austérité, il faut s’attaquer aux structures fondamentales du système : la propriété et les institutions capitalistes.
Il faut définir une politique d’intervention commune dans les luttes, pour stimuler l’auto-organisation, réaliser le front unique des organisations, défendre l’objectif de la grève générale et donc combattre les états-majors des défaites : les directions réformistes, syndicales comme politiques. Depuis sa création, le NPA a défendu les grèves, mais il a refusé d’affronter publiquement les bureaucraties syndicales et de prendre des initiatives pour organiser celles et ceux qui se battent pour la grève générale. Il a même gardé ses distances avec le Front social, alors qu’il faut le construire pour rassembler les syndicalistes de lutte et les secteurs combatifs !
Plateforme U Un nouveau souffle pour le NPA
Le NPA n’a pas de majorité stable. Il en a résulté une difficulté à mettre en place des orientations sur la longue durée, des campagnes, des choix tactiques rapides. Dans le contexte d’une situation politique et sociale difficile, cela a déstabilisé de nombreuxES militantEs, même si dans le même temps, d’autres nous ont rejoints, qui participeront à leur premier congrès.
S’appuyer sur la campagne Poutou
Heureusement, nous avons réussi la campagne Poutou, qui a affirmé la présence d’un ouvrier anticapitaliste démarqué des politiciens professionnels et la nécessité pour les exploitéEs de s’organiser. Cela nous a permis d’être reconnus politiquement et comme un point d’appui pour les mobilisations. Notre écho, que reflète la popularité de Philippe, a largement dépassé notre score.
Cela nous a aidés à nous lier avec des équipes militantes, dans les entreprises, en solidarité avec les migrantEs, les mobilisations écologistes, internationalistes, antiracistes, féministes…
Dans cette campagne, nous avons défini une orientation pour tout le parti, qui parte des préoccupations des classes populaires en défendant la rupture avec le capitalisme.
Combiner unité d’action, débat politique et affirmation du programme
La crise du mouvement ouvrier et l’offensive du gouvernement et de la bourgeoisie nous donnent une responsabilité : réinvestir les organisations de notre classe, participer aux débats qui traversent la gauche radicale et réformiste, construire les mobilisations, en partant du niveau de conscience de notre camp social, victime d’un rapport de forces profondément dégradé. Comme pour la loi travail, nous défendons la nécessité de l’unité des organisations politiques, syndicales, des collectifs, un plan d’action unitaire pour gagner, par un mouvement d’ensemble, le blocage de l’économie, la grève générale.
Nous avançons également notre programme. Comme le disent nos principes fondateurs, « il faudra une révolution sociale pour abattre le capitalisme ». Mais la construction du parti révolutionnaire indispensable au renversement du système capitaliste nécessite des formules populaires pour convaincre : des revendications anticapitalistes ou la formule de « représentation politique pour les exploitéEs » qui fait le lien entre la nécessité de l’indépendance de classe, de s’organiser, et la question du parti.
Relancer le NPA
Notre regroupement, issu de diverses sensibilités, vise, sur ces bases politiques, à relancer le NPA, ses commissions, ses collectifs de travail, sa presse, en particulier dans les entreprises, les quartiers populaires et la jeunesse, pour l’activité féministe, antiraciste, internationaliste et écologiste.
Les discussions doivent aboutir à l’action commune, à des campagnes, des meetings, à la sortie de matériel… à construire une direction pour tout notre parti, ce que ne permettront pas les 6 autres plateformes issues de l’éclatement de l’ancienne position A.
Une majorité rassemblée autour du texte U permettra de faire sortir le NPA de sa crise et, dans la foulée de la campagne Poutou, de repartir de l’avant.
Olivier Besancenot, Cathy Billard, Sandra Demarcq, Antoine Larrache, Christine Poupin, Philippe Poutou
Plateforme V Pas de congrès sans bilan
Quasiment dix ans après sa fondation, force est de constater que le NPA n’a pas atteint l’objectif qu’il se fixait. Le congrès est l’occasion, afin de définir une orientation politique pour la période, de revenir sur certains bilans. Ainsi, il est important de comprendre la responsabilité de la majorité de la direction actuelle du NPA. Les camarades qui prétendent aujourd’hui diriger majoritairement le NPA ne se préparent pas à des bouleversements révolutionnaires. Ils estiment que la période est trop marquée par un rapport de forces favorable à la bourgeoisie. L’heure serait de construire une « alternative politique », une « nouvelle représentation politique des exploités et des opprimés », sur la base d’une politique d’interpellation des appareils réformistes. Durant la mobilisation contre la loi El Khomri, le NPA n’a joué aucun rôle significatif en tant qu’organisation du fait de sa faible implantation mais aussi en raison de l’absence d’une orientation pour le mouvement, alternative à celle des directions syndicales. Ces camarades ne voient plus forcément l’intérêt de défendre activement le dépassement de la politique des directions syndicales par l’agitation autour du mot d’ordre du « tous ensemble », ni de le mettre en pratique dans les secteurs où nous sommes implantés. À la place, cette direction a développé une hypothèse stratégique problématique : celle visant à combiner des victoires sociales d’ampleur avec l’accès au pouvoir de partis se réclamant de la gauche antilibérale ou anti-austérité, hypothèse qui a conduit à présenter la victoire de Syriza en Grèce comme une victoire pour les classes populaires ou de défendre l’idée qu’une présence de Mélenchon au second tour aurait changé bien des choses. C’est surtout l’échec de cette orientation qui conduit aujourd’hui à la paralysie organisationnelle et la faiblesse programmatique du NPA.
Construire un parti pour influencer la lutte des classes
Le symptôme de cette orientation a été la campagne autour de Philippe Poutou. Si l’on peut se réjouir des prestations de notre candidat face aux candidats de la bourgeoisie, de manière générale le NPA s’est surtout posé dans cette campagne comme observateur, sans rien proposer en termes de perspectives de lutte réelle contre le patronat. Le parti apparaît comme tétanisé à l’idée de disputer à la gauche réformiste ou aux directions syndicales la représentation des intérêts de notre classe. Dans ce congrès, la plateforme V propose à l’ensemble des militantEs du NPA de renouer avec une organisation qui cherche à influencer la lutte des classes avec une politique d’implantation dans le monde du travail et la jeunesse, avec un parti qui prenne des initiatives pour tenter de dépasser les contradictions de la situation. Par exemple, c’est ce que nous tentons de faire avec le Front social comme regroupement d’équipes militantes combatives et critiques au-delà des rangs de l’extrême gauche pour favoriser leur convergence dans l’action.
Plateforme W Construire le NPA dans le monde du travail et la jeunesse
Le NPA n’est pas en grande forme et personne ne peut expliquer nos difficultés par l’échec des dernières mobilisations. Au lieu d’être offensifs politiquement, nous sommes comme paralysés par la crainte de nous retrouver seuls en affirmant, comme parti, notre propre politique, une politique de classe pour le monde du travail et en tissant sur cette base des liens politiques autour de nous afin de construire le NPA.
Notre plateforme veut inviter l’ensemble des camarades à voir les choses en face : pour s’implanter, construire, recruter, intervenir dans la classe ouvrière et les luttes, il faut une orientation claire d’un parti révolutionnaire à l’opposé de la recherche de raccourcis, « front unique », « front social et politique » ou « front social » tout court, dans lesquels le NPA risque de diluer sa propre politique.
Il n’est pas vrai que les luttes passent forcément par l’unité, qui mettrait « en mouvement notre camp social ». Il ne faut pas confondre l’unité des travailleurEs dans leurs luttes et l’unité des appareils politiques et syndicaux. C’est le plus souvent l’inverse : l’unité de la gauche et des appareils syndicaux a souvent freiné ou désorienté les mouvements de colère.
Et cette recherche, sans cesse déçue, de l’unité des appareils nous met à la remorque des forces politiques réformistes qui sont là pour canaliser la révolte dans l’impasse institutionnelle. On le voit aujourd’hui dans l’État espagnol où les mouvements des Indignés sont récupérés d’un côté par l’électoralisme de Podemos, de l’autre par le nationalisme catalan. Comme hier Syriza, Corbyn et Sanders, même si leurs relatifs succès électoraux traduisent le fait qu’un milieu cherche une issue politique à gauche, se posent en recours possible pour la bourgeoisie.
Notre tâche prioritaire est de nous donner les moyens d’organiser les travailleurEs sur des bases politiques d’indépendance de classe et révolutionnaires, de disputer la direction des luttes aux appareils. Ce qui implique de ne pas faire de « l’unité » dans l’absolu l’alpha et l’oméga de notre politique. Même si bien évidemment nous devons être prêts à faire l’unité, voire à en prendre l’initiative, dans le cadre des luttes, avec les autres courants qui y participent, sur la base des objectifs de la lutte en cours. Mais tout en gardant notre indépendance et en œuvrant pour que ceux qui sont en lutte s’organisent et dirigent eux-mêmes leur mouvement.
Pour mettre en œuvre une telle politique, nous avons des points d’appui dans le travail déjà engagé par bien des camarades et des comités, dans l’écho qu’a rencontré la campagne de Philippe, l’ouvrier candidat. Face à la capitulation des directions syndicales ou au populisme de gauche de Mélenchon, bien des travailleurEs cherchent des réponses, des perspectives. Il est de notre responsabilité de les construire avec eux pour préparer les luttes de demain. Cela veut dire faire exister partout où nous sommes notre programme révolutionnaire, socialiste, communiste, internationaliste, pour l’émancipation du monde du travail, des exploitéEs et contre toutes les formes d’oppression et de discrimination.
Équipe d’animation de la W
Plateforme X Un choix réaliste : questions de méthode
La plateforme X est la seule (avec la PY) à ne pas être le simple prolongement de tendances déjà existantes. Nous avons pris un risque : celui de discuter autrement les problèmes politiques qui viennent nous percuter. On verra alors qui est utile.
Trois orientations et sept plateformes
La première est représentée par plusieurs PF qui prétendent faire de la campagne Poutou le point de départ de leur raisonnement. La PU prétend l’incarner mais la concurrence est rude. Pour la PZ, elle est le point de départ à partir duquel il sera possible de « construire un NPA ouvrier et révolutionnaire ». Pour la PW, l’enjeu est de « renforcer les acquis de la campagne Poutou ». La PY veut quant à elle ressusciter le fantôme de la PFA car ce serait « grâce à la PFA que la campagne Poutou a été décidée et qu’elle a pu par la suite entraîner largement le parti ».
Au final, chacun a sa recette pour continuer… mais dans des directions variées, voire opposées. Du coup, c’est la démarche qui pose question : au-delà du « succès », on fait quoi pour résoudre nos problèmes ?
L’autre orientation ressemble plutôt à une pierre philosophale : le bon programme pour les unEs ou l’action à tout prix pour les autres. Pour la PT, il faudrait « réarmer » le parti notamment sur les « oppressions spécifiques » et l’Union européenne. Pour la PV, tout passerait par le Front social, il serait même « la démonstration qu’il existe une avant-garde des luttes ». Il suffirait donc de vouloir pour pouvoir. C’est ignorer largement la complexité et les difficultés de la période.
Pour nous, il faut discuter autrement.
Le sursaut ou la répétition ?
En 2002, LO et la LCR avaient gagné une influence, électorale mais pas seulement. Dix ans plus tard, malgré la création d’un « nouveau » parti anticapitaliste, c’est Mélenchon qui raflait la mise. Il l’a amplement confirmé depuis avec la FI. Les réformistes plus que les révolutionnaires ont su proposer leurs solutions et convaincre.
C’est notre première divergence : il y en a assez des formules rassurantes qui prétendent « relancer » le NPA sans prendre la mesure de ce qu’il y a d’inédit et de compliqué dans la période actuelle.
Nous avons bien sûr nos partis pris : aider à organiser le monde du travail sur des bases politiques indépendantes, révolutionnaires, communistes, internationalistes, et disputer la direction des luttes aux appareils. Mais il ne suffit pas d’aligner les formules, toutes plus révolutionnaires les unes que les autres, pour trouver le bon chemin. On ne fait pas face à l’inédit avec de la répétition.
Si nous sommes autant en difficulté, ce n’est pas uniquement à cause du niveau de conscience ou de combativité du prolétariat. Nous avons un vrai problème d’élaboration et de sérieux dans notre argumentation, comme dans le choix de nos priorités.
Nous avons donc voulu montrer dans notre texte à quel point notre intervention est en difficulté parce que notre boussole ne va pas bien non plus. On n’a certes pas toutes les réponses. Mais sans les bonnes questions, on n’en aura aucune.
Jean-François Cabral (CPN-93)
Plateforme Y Pourquoi une plateforme Y à ce congrès ?
Nous sommes plusieurs camarades issus de trajectoires différentes : certainEs d’entre nous ont appartenu à des courants, d’autres pas. Nous sommes intervenus au sein de la PFA pour pousser à ce qu’elle présente une plateforme commune au Congrès. Ce projet initial ayant échoué, nous avons finalement décidé de présenter une plateforme autonome. Selon nous, la raison de cet échec s’explique en partie par le renoncement de certaines tendances à s’unir pour se penser en direction alternative du NPA, et cela au profit unique de leurs intérêts d’autoconstruction, les réduisant ainsi à l’impuissance politique, avec l’illusion chez chacune qu’elles constituent l’embryon du parti dont notre camp a besoin. Nous nous sommes de notre côté regroupés autour de constats et d’expériences politiques communes. Il nous semble en effet sain de pouvoir participer aux débats les plus importants du parti sans avoir au préalable à se fonder comme courant organisé.
Ainsi, pour nous, les débats qui avaient cours au moment de la création du NPA ont été tranchés par la réalité : la capitulation de Tsipras et de Syriza signe l’échec des mots d’ordre de gouvernement anti-austérité ; le succès de la campagne Poutou démontre qu’afficher clairement un profil de classe, ouvrier, permet de donner un écho aux idées anticapitalistes ; enfin, malgré des attaques sociales sans précédent, le mouvement contre la loi travail 1 montre que notre classe a encore la capacité de se mobiliser, et que nous devons être prêts à intervenir pour lui proposer une stratégie pour gagner. Or, face à tous ces éléments, le NPA ne parvient pas à tirer les leçons de ses presque 10 années d’existence. Son projet initial, flou politiquement, ne peut exister s’il ne se démarque clairement des réformistes, en particulier de la FI, qui laisse pourtant un vaste espace politique à occuper.
Pour avancer, le NPA a donc besoin de clarifications que ne contient pas le texte U, qui couvre qui plus est des désaccords importants parmi ses signataires, si bien qu’il est probable que la « direction » qu’il entend constituer se retrouve rapidement paralysée, perpétuant la situation délétère dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Mais le NPA a besoin également de volonté de le construire comme outil révolutionnaire, notamment en relançant la structuration et l’intervention quotidienne sur les entreprises (CILT), dans la jeunesse (secteur jeune), dans les mouvements sociaux (commissions), en nouant par lui-même des liens internationaux, et aussi en animant des campagnes politiques régulières. Pour cela, il est nécessaire de se saisir du Congrès pour dresser un véritable bilan des orientations précédentes du NPA, de leur échec, et de proposer une nouvelle orientation. Nous nous adressons à l’ensemble des camarades du NPA : une opportunité de construction est ouverte depuis le printemps 2016 et le NPA ne doit plus passer à côté.
Alice (Bordeaux), Alix (Strasbourg), Aurore (Paris 1), Charles (Bordeaux), Gabriel (Cachan), Guillaume (Saint-Denis), Julia (Jussieu), Louise (comité ATIPIC), Sandro (Jussieu), Sean (Créteil), Tamara (Jussieu)
Plateforme Z Des bilans incontournables et un rassemblement nécessaire
Le principal débat politique du dernier congrès du NPA avait porté sur la possibilité qu’émergent en Europe, tout d’abord en Grèce autour de Syriza, ensuite peut-être en Espagne avec Podemos, des « gouvernements anti-austérité » dirigés par de « nouveaux réformistes ». La première minorité d’alors estimait, en accord avec les orientations de la IVe Internationale-Secrétariat unifié, qu’ils pourraient aller plus loin que les anciens réformistes dans un prétendu affrontement avec la bourgeoisie.
La première tâche du prochain congrès sera donc de tirer un bilan de la débâcle de ces réformismes « particuliers » (auxquels on pourra ajouter les « progressismes » latino-américains, en particulier le soi-disant « socialisme du 21e siècle » de Chávez et Maduro), ainsi que des illusions entretenues envers eux par des secteurs de notre organisation.
Les conclusions qui s’imposent pour notre pays sont que dans la lutte contre Macron et sa grande offensive néolibérale, le NPA doit intervenir sur une ligne totalement indépendante de La France insoumise et des composantes de l’ex-Front de Gauche, en se construisant comme un parti non seulement opposé au capitalisme mais révolutionnaire, et s’efforçant de s’implanter prioritairement dans la classe ouvrière et la jeunesse. Les politiques de « front unique », qui permettent de « frapper ensemble », sont nécessaires et doivent être mises en avant chaque fois que possible, mais à condition de ne jamais oublier que l’on « marche séparément », c’est-à-dire que le NPA doit en permanence défendre toutes ses orientations, sans compromis avec aucune force réformiste. C’est seulement ainsi que nous serons utiles à notre classe en l’aidant à reprendre confiance en ses forces, à développer, coordonner et centraliser ses luttes – qui vont inévitablement se poursuivre et se développer, malgré le reflux de la première vague de l’automne 2017.
Il y a là-dessus dans nos rangs, dans la continuité de la campagne présidentielle menée avec Philippe Poutou, un accord assez large et sans doute majoritaire. Pourtant, il ne se retrouve pas dans la configuration des actuelles plateformes. Nous le regrettons. La plateforme U, en ce sens, regroupe tout à la fois des camarades qui ont fait la campagne et d’autres qui ne l’ont pas menée, voire estimaient que voter Poutou ou Mélenchon était équivalent. Dans ce cadre, nous déplorons l’éclatement de la plateforme A, formée lors de notre dernière conférence nationale et qui avait permis de garantir le lancement pour la présidentielle d’une candidature indépendante, ouvrière et de lutte de classe. Nous continuons à penser que sur la base d’accords fondamentaux, en relativisant, donc, des divergences ponctuelles, par exemple l’appréciation de la politique suivie par le Front social (dont il faudrait faire un premier bilan) ou de nos différences vis-à-vis de ce qui constitue, de l’autre côté des Pyrénées, un mouvement de masse pour la République catalane (mouvement dont nous sommes solidaires), la gauche du NPA peut et doit se rassembler.
La plateforme Z a été initiée par deux sensibilités de notre organisation, qui ont porté une telle démarche. Nous continuerons à la mettre en avant.