Publié le Mardi 16 janvier 2018 à 23h33.

Congrès national du NPA

Le prochain congrès du NPA aura lieu en février 2018. Le débat est donc ouvert dans notre organisation et, comme les règles démocratiques inscrites dans nos statuts le permettent, plusieurs plateformes se sont constituées, qui s’expriment ici. 

Plateforme T - Mener les débats pour refonder le NPA 

La majorité sortante dépolitise les débats : elle cherche à faire croire qu’une majorité arithmétique (qu’elle a déjà au CPN et au CE) permettra au parti de se relancer. Pour cela, elle esquive les débats politiques. Elle ne veut pas discuter du programme. L’enjeu du congrès serait juste de « réaffirmer » le NPA, c’est-à-dire en fait de reconduire la majorité sortante. On ne construit rien de solide en refusant de mener les débats. En 2012, la majorité (relative) sortante a explosé en plein vol, avec des départs massifs au Front de gauche. En 2015, la P2 s’est placé au « centre » du parti... pour mieux exploser quelques mois plus tard. 

Un congrès devrait servir à discuter de nos faiblesses et à les corriger. Nous inspirons la sympathie, mais nous ne sommes pas crédibles. Au lieu de verser dans l’auto­satisfaction ou dans la lamentation sur la situation difficile, nous ferions mieux de travailler nos réponses politiques. Notre critique de l’antilibéralisme de Mélenchon est faible. Mais il ne suffit pas de dire qu’il faut « clarifier » notre délimitation par rapport aux réformistes, il faut le faire en positif, en mettant en discussion un programme communiste du 21e siècle. 

Nous sommes les seuls aujourd’hui à vouloir discuter du programme, ce qui permettrait de sortir des débats sclérosés et appauvrissants. Nous devrions systématiquement articuler nos mesures à la nécessité de rompre avec la propriété et les institutions capitalistes. Nous défendons par exemple l’interdiction des licenciements, non pas par une loi, mais par l’expropriation des grands groupes capitalistes. Nous défendons le salaire à vie et la socialisation de l’investissement via des caisses autogérées de salaires et d’investissement. Nous devons aussi expliquer que la rupture avec ce système pourri passe par une rupture immédiate avec l’UE, par une planification démocratique qui permettrait de rompre avec le productivisme et de faire baisser fortement la consommation d’énergie. 

Nous voulons aussi sortir de cette fausse alternative entre ceux qui refusent d’interpeller les directions réformistes sous prétexte que cela nous salirait les mains, et ceux qui capitulent devant les réformistes au nom de l’unité. Le texte programmatique signé en commun par nos porte-parole avec des dirigeants de La France insoumise (« Les défis de la gauche dans la zone euro ») a été une grave faute politique qui sème la confusion et réduit l’anticapitalisme à une posture. Une véritable politique de front unique impliquerait de s’adresser aux directions réformistes tout en les critiquant et en organisant les secteurs les plus combatifs. Mais la majorité a refusé de construire le Front social. 

Un autre chantier est urgent : la démocratisation du parti et son oxygénation. Le congrès fondateur avait voté le principe de la rotation des mandats avec entre 2 et 4 mandats consécutifs maximum. En 2013, le congrès avait voté pour 4 mandats consécutifs. Et maintenant les chefs de tendance nous expliquent qu’il faudrait compter à partir de 2013, ce qui leur permettrait de faire 6 mandats consécutifs. Bonjour le renouvellement !

 

Plateforme U - Saisir notre chance de relancer le NPA

La plateforme U est le résultat de convergences pratiques dans l’animation majoritaire de la campagne Poutou et, plus largement, du parti, depuis quelques mois. Elle représente la volonté de construire, de façon inclusive et pluraliste, le NPA, plutôt que chacun sa tendance.

Comprendre la situation pour prendre des initiatives

Car les débats du congrès du NPA expriment les difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans nos interventions. Les rapports de forces globaux et les conditions de la lutte se dégradent, notamment suite aux défaites sociales des dernières années. Mais dans le même temps, la colère s’accumule et les contradictions créées par la politique de Macron peuvent ouvrir des brèches. Comme le NPA a su le faire par le passé, il est important de maintenir notre capacité à s’engager dans l’ensemble des résistances qui participent de la reconstruction d’une conscience des exploitéEs et des oppriméEs (NDDL, migrantEs, BDS, soutien aux peuples catalan et kurde, etc.). Cela passe par la construction de l’unité de notre camp tout en développant notre politique pour l’auto-organisation et l’affrontement central avec le gouvernement.

Redéployer notre projet politique

Mais nous ne sommes pas que le parti des luttes. Nous voulons faire de la politique à une échelle plus large que précédemment. Macron tente de redéfinir en profondeur les rapports sociaux en remettant en cause l’ensemble des acquis sociaux et en établissant un État d’exception répressif. Dans cette situation, les anti­capitalistes doivent proposer un projet politique global de rupture avec le capitalisme, un projet émancipateur, écosocialiste, féministe et internationaliste, dont pourrait s’emparer une frange significative du monde du travail et de la jeunesse. La future direction devra prendre des initiatives dans ce sens. 

Une étape dans la relance du NPA

Nous ne nions pas les diffi­cultés du NPA. Une série d’instances intermédiaires sont à l’arrêt (CILT, coordinations régionales, etc.) et la direction est paralysée par l’absence d’une majorité claire. La majorité que nous proposons de construire sera pluraliste et tentera d’associer toutes les sensibilités qui souhaitent participer à la relance du NPA. Elle se fait sur un contenu (indépendance politique vis-à-vis des réformistes, politique de front unique offensive, solidarité avec les peuples en lutte, articulation des luttes contre les oppressions et contre l’exploitation, etc.), et avec des objectifs (renforcer notre implantation dans les entreprises, la jeunesse, chez les précaires).

La majorité que nous proposons n’est pas une fin en soi : il faut que le NPA redevienne un outil militant, utile pour mener débats et campagnes nationales, pour réfléchir et élaborer. Car malgré les difficultés, il y aura des occasions d’agir et de peser dans la ­prochaine période.

Sylvain Pyro, Christine Poupin et Yves Hollinger

 

Plateforme V - Regroupement des luttes et construction du parti se nourrissent l’un l’autre

Dans les textes, les contributions, les débats une partie des camarades, notamment de la PfU, le rabâche : le rapport de forces entre les classes est dégradé et la décomposition du mouvement ouvrier se poursuit. On croirait presque entendre des nostalgiques du mouvement ouvrier d’antan encadré par les réformistes et les staliniens… les premiers responsables de l’état actuel des organisations du monde du travail. Contrairement aux caricatures grossières qui sont faites des militantes et militants qui défendent la plateforme V, nous ne nions pas que le rapport de forces soit défavorable à notre camp. Nous l’écrivons d’ailleurs sans ambigüité. Mais le congrès ne peut pas se baser sur ce genre d’évidence pour justifier les errements des dernières années ou justifier l’abandon de la construction d’un parti révolutionnaire dès maintenant. D’autant plus que nous devons comprendre les contradictions actuelles et les possibilités d’intervention qu’elle nous offrent. Car il existe des résistances, des luttes, des explosions sociales et des possibilités de déstabilisation de la classe dirigeante comme en témoignent les mobilisations récentes en Iran et en Tunisie. Malgré leur limites c’est ce qu’ont révélé en France les mobilisations contre la loi Travail 1 et 2. Pour nous, ce ne sont pas la colère et les luttes dont nous manquons cruellement mais de révolutionnaires pour y intervenir, y proposer une politique d’indépendance de classe, aider à leur développement, et à les faire converger. 

Le travail d’implantation méthodique dans les entreprises et la jeunesse autour d’un programme communiste et révolutionnaire est inséparable de l’intervention et de la prise d’initiatives militantes. Toute la question est de disposer de militants implantés dans le monde du travail et la jeunesse, capables d’apporter des réponses politiques et de jouer un rôle dans la lutte des classes.

Prendre des initiatives, regrouper les travailleurs pour la lutte, c’est ce que nous avons essayé de faire avec le mouvement « touche pas à ma zep » ou encore dans les mobilisation des livreurs à velo. C’est dans le même sens que nous avons participé avec d’autres à la mise en place du Front social. Nous proposons que cette politique devienne celle de tout le NPA. La construction du Front social tente de cristalliser à l’échelle nationale les sauts qui ont été faits dans la conscience de toute une série de jeunes et de salariés, d’équipes syndicales combatives au cours des dernières mobilisations, de s’organiser pour les prochaines étapes et de construire une direction alternative au directions syndicales. Cette politique n’est pas neuve, c’est celle du regroupement des luttes, pour un pôle ouvrier lutte de classe.

Ce n’est en rien contradictoire avec la construction du NPA. Au contraire nous donner cette perspective nous permettra de sortir de la posture de commentateurs des événements. Mettre au centre de nos discussions le rôle que nous pouvons jouer dans les mobilisations pour influencer leur issue nous permettra justement de prendre au sérieux la nécessite de l’indépendance politique du NPA vis-à-vis des directions réformistes (syndicale ou de la FI), la construction et l’implantation, les débats tactiques et stratégiques.

Gaël Klement, Gaël Quirante, Marie-Hélène Duverger, Mathilde Stein et Xavier Guessou

 

Plateforme W - La révolution en permanence à l’ordre du jour…

Les flambées de colère populaire, en Iran et en Tunisie, confirment que nulle part dans le monde les travailleurs, chômeurs et jeunes ne supportent l’offensive générale de la bourgeoisie, même sous des dictatures d’extrême droite ou fortes du soutien d’extrêmes droites religieuses. Chez les opprimés, la révolte est toujours là, elle a besoin d’une perspective qui ouvre la voie au pouvoir des classes exploitées. 

En Iran la colère a explosé contre l’envolée des prix, le chômage et la corruption. On assiste peut-être à la remontée du mouvement ouvrier après 40 ans de dictature des Mollah qui après la révolution de 1979, ont usurpé le pouvoir aux grèves ouvrières qui avaient sonné le glas du régime du Shah. Mais la « gauche » iranienne de l’époque, des ex-maoïstes des Moudjahidin du peuple au parti communiste Toudeh, s’était rangée derrière l’ayatollah Khomeiny, au nom de l’unité contre le Shah, avant de se faire emprisonner et assassiner en masse par Khomeiny et ses « gardiens de la révolution ».

En Tunisie, les manifestations montrent la vivacité de l’esprit de la révolution de 2011. Mais là aussi, cette révolution a été volée à ceux qui l’ont faite : tous les dirigeants d’appareils politiques, y compris ceux qui se disaient « de gauche », ou syndicaux (UGTT), même si leur base avait joué un rôle dans la révolte, se sont efforcés de faire rentrer la révolution dans le rang. Il fallait en rester à la phase prétendue démocratique, attendre la prochaine constituante, puis les élections suivantes… Déceptions ! Et c’est ainsi que le parti islamiste Ennahdha a remporté les premières élections. L’UGTT s’est enfoncée, avec le syndicat patronal Utica, dans le « dialogue national », au nom de la réconciliation et de la relance économique. Et la gauche tunisienne a fait ami-ami avec des politiciens classiques, dont le parti ­actuellement au pouvoir Nida Tounes, au nom de la démocratie contre les islamistes.

Sept ans après, les manifestants demandent des comptes. La gauche leur ressert les mêmes discours. Aux premiers jours de la colère, le secrétaire général de l’UGTT, venu à Thala en compagnie de deux ministres, jouait les pompiers  en promettant des projets le développement pour la région et en conseillant aux jeunes de se prendre en charge et de créer leurs propres emplois ! Quant au Parti des travailleurs (ancien Parti communiste ouvrier tunisien, maoïste), que le gouvernement accusait d’avoir appelé aux émeutes, son porte-parole au Parlement a tempéré en ces termes : « Nous appelons à la tenue d’élections législatives et présidentielles anticipées, ce sera ça ou la révolte ! ». À nouveau enterrer la révolte sous le débouché politique électoral ?

Les exploités et opprimés ne se laissent pas étouffer mais leur lutte ne peut aboutir que s’ils se donnent les moyens politiques de la diriger eux-mêmes. Notre solidarité est, à notre niveau, de mettre en œuvre une politique de classe et des perspectives révolutionnaires pour que tous ensemble, travailleurs de tous les pays, nous prenions en main l’avenir de la société sans nous en remettre aux appareils qui ont derrière eux des décennies d’exercices de pompiers contre les incendies sociaux.

Équipe d’animation de la plateforme W

 

Plateforme X - Un choix réaliste : parler vrai !

Il manque manifestement quelque chose à ce congrès. Peut-être un peu de clarté ? De l’originalité ? Plutôt qu’une impression de brouillard et de déjà vu ?

La confusion actuelle n’est pas le résultat obligé du nombre élevé de plateformes. À deux plutôt qu’à dix plateformes, quand ça part dans tous les sens et qu’on se raconte des histoires façon campagne électorale, ça ne va pas forcément beaucoup mieux.

Le texte de la PX est le seul qui a été présenté au CPN de septembre pour être discuté dans les comités alors que tout le monde s’y était engagé. Nous avons privilégié le débat sur le fond et pas la calculette des alliances pour savoir qui aurait la majorité. Parce que le redressement du NPA ne dépendra pas de l’arith­métique mais d’une confiance retrouvée. Laquelle ne dépend ni de la dissolution préalable des tendances ni simplement du fait d’agir ensemble. 

Nous voulons construire un parti : cela veut dire du contenu, une boussole, savoir où on va demain et après-­demain et comment on fait. Donc les mots doivent avoir du sens et c’est tout ce qui ne va pas à l’heure actuelle !

Il y a celles et ceux qui adorent les formules chloroformées : le front unique trituré dans tous les sens mais réduit à des formules hors contexte et rapport de force ; la Catalogne et sa révolution permanente imaginaire, comme s’il ne s’était rien passé depuis 1931.

Il y a aussi les spécialistes de la jonglerie : il y a trois ans, le gouvernement « anti-­austérité » (les Grecs adorent ce genre d’humour !), c’était parait-il la formule grand public du « gouvernement ouvrier ». Aujourd’hui, la « nouvelle représentation politique » et la construction du parti, ce serait presque pareil. On pense vraiment pouvoir construire de cette façon ?

Dès le mois de juin, nous avions proposé de nous en tenir à quelques thèmes qui font vraiment débat : « nouveau » réformisme de gauche ; extrêmes droites ; interventions dans les luttes ; construction et crise du NPA. Nous n’avons pas toutes les solutions aux problèmes que nous posons. Mais nous en avons par-dessus la tête de ces réponses qui considèrent au mieux les questions comme un ornement obligé.

Nous avons malgré tout proposé de vraies pistes. Autre chose en tout cas que la traditionnelle liste de revendications – en guise de programme – déjà cent fois entendues et avec lesquelles on est a priori toutes et tous d’accord !

Il y a un vrai choix devant nous, à l’occasion de ce congrès : continuer ce que les unEs et les autres savent déjà faire – c’est rassurant mais sans autre perspective que de prolonger l’espérance de vie des différentes tendances déjà existantes jusqu’à la prochaine fois – ou discuter autrement. C’est-à-dire poser d’autres fondations pour une direction inclusive. La mise en place d’une direction digne de ce nom commence par là. C’est en tout cas le choix de la PX.

Jean-François (Montreuil), Gwen (Angers), Marc (Lille) et Simone (Lyon)

 

Plateforme Z - Ne pas se satisfaire de l’actuel état de fragmentation, construire les conditions de l’unité de la gauche du parti

Les AG de débat se poursuivent et les premières AG électives ont lieu : c’est d’une seule voix que les camarades de la PfU assènent qu’ils et elles vont doter le NPA d’une direction qui sortira l’organisation de la paralysie. Sur quelle orientation ? C’est là où le bât blesse. Selon que les intros sont faites par les uns ou les autres, c’est loin d’être la même ligne qui ressort. Et si certainEs mettent en avant la question de l’importance de l’implantation dans notre classe et une orientation combative, d’autres continuent à axer le curseur sur la « nouvelle représentation des exploitéEs et des oppriméEs ».

En dernière instance, néanmoins, c’est bien cette dernière ligne qui prime. Au-delà des « bilans » que fait la PfU du « néoréformisme », les « nouvelles représentations » continuent à avoir le vent en poupe : cela vaut autant pour Podemos – qui a appuyé, dans les faits, la mise sous tutelle de la Catalogne par la monarchie espagnole en refusant de s’opposer à la mise en œuvre de l’article 155 – que pour le Bloco, au Portugal, dont les députéEs sont l’un des pivots du soutien au gouvernement social-­libéral de ce pays, qui ne pourrait rester en place sans leur appui. Dans les deux cas, ce sont des camarades proches de la PfU au sein de Podemos ou du Bloco qui avalisent ou défendent cette ligne.

Face à une PfU qui se voit déjà direction et dont on lit, à la lumière de la situation européenne, l’orientation réellement défendue par-delà les textes de congrès, la situation de fragmentation de la gauche du parti est intenable. On ne saurait s’en satisfaire au nom de la « richesse des débats », pour se compter les unEs et les autres voire, pire, pérenniser cet état de fait.

Certes, nous avons des divergences : des lectures distinctes, parfois, de certains éléments de la conjoncture, ou encore des différences d’appréciation sur telle ou telle situation. Mais ce qui nous unit est bien plus fort, à commencer par la perspective de construire un parti anticapitaliste et révolutionnaire, implanté dans notre classe, tourné vers l’action et dont le centre de gravité soit la préparation des affrontements, en toute indépendance politique de la gauche réformiste, ce qui ne nous empêche pas de défendre, chaque fois que cela est possible, des fronts uniques, politiques et pour l’action, avec d’autres organisations politiques et/ou syndicales.   

Face aux ambiguïtés de la PfU, fonctionnelles à son projet de majorité composite, nous espérons que l’ancienne PfA (qui avait regroupé en 2016 la gauche du NPA) puisse se rassembler, non seulement dans le cadre du congrès et d’une déclaration finale, mais également en amont : discuter de notre socle commun et de la façon dont il pourrait servir de base pour une intervention, débattre d’un calendrier de discussions, avant et après le congrès, échanger pour construire la force de proposition et d’action intransigeante dont le parti a besoin. La PfZ souhaite œuvrer à rendre possible ce cadre politique avec l’ensemble de l’ex PfA et touTEs les camarades qui se retrouvent sur les plateformes de gauche.

L’équipe d’animation de la PZ