Publié le Mercredi 23 mai 2018 à 16h55.

Les nôtres : Momo/François Bouée (1951-2018)

L’ami, le camarade, le militant internationaliste et compagnon du mouvement marxiste révolutionnaire de Turquie depuis ses tous premiers jours nous a quittés. Ce fut un véritable bonheur de t’avoir connu Momo. Dans tous nos combats ta mémoire nous accompagnera. 

Le message de ses camarades turcs

Après avoir suivi des cours de turc à l’Inalco, François est parti en Turquie pour faire de la pratique et développer son turc. C’est dans sa Renault 4L qu’il est arrivé pendant l’été 1975 au foyer étudiant de Kadirga à Istanbul, un réel bastion de l’extrême gauche. C’est ici qu’il a fait la connaissance du noyau de jeunes trotskistes qui allaient former le groupe lié à la Quatrième Internationale en 1978, sous le nom de Révolution permanente. C’est justement Momo qui, travaillant à l’époque avec Livio Maitan dans l’implantation au Moyen-Orient, allait nouer les rapports du groupe avec la QI.

Les principales publications, matériels de formation et brochures de l’époque qu’il transportait lors de ses nombreux allers-retours en tant que guide de voyages entre 1977 et 1980 allaient être d’une grande importance dans l’orientation politique du groupe, à une période où les moyens de communication étaient fort réduits. Sa connaissance du turc (de même que certaines notions de dialectes locaux) lui permettait de comprendre de fond en comble les divergences entre les (nombreux) courants de la gauche turque et kurde. Il rédigea d’ailleurs directement en turc, dans la revue Que Faire du groupe, un article sur l’intervention soviétique en Afghanistan.

Après le coup d’État militaire de 1980, Momo fut d’une grande aide aux réfugiéEs politiques venant de Turquie, surtout lors de leurs premiers temps qui furent pour le moins difficiles. Après l’amnistie et le retour de l’exil, ses voyages en Turquie, dus à son métier, lui ont permis de garder un contact assez proche avec la section turque à laquelle il cotisait assez régulièrement.

L’été dernier, Momo s’était chargé de faire visiter Paris à la délégation d’ouvriers de Renault, porte-paroles des récentes grèves de l’automobile. Ses allures de turc, sa connaissance de la langue et bien entendu sa moustache lui valurent l’appellation de « Mamo dayi » (Oncle Mamo) de la part de ces derniers. 

Un salut de ses camarades des années 1970 des cellules Renault Billancourt de la LCR

Les années ont passé et la dispersion de nos parcours nous a éloignés. Pourtant nous ne pouvons oublier la présence dynamique et solide de notre camarade et ami « Momo » dans notre équipe de militantEs de la Ligue communiste révolutionnaire à Renault-Billancourt dans les années 1970. Il ne fut pas seulement un diffuseur assidu, durant des années, à 6 heures du matin aux portes de l’usine, des tracts qu’il contribuait à rédiger... mais c’était aussi, et surtout, son sourire tendre et moqueur... Enfin, plus qu’un vrai camarade, un ami.

Il avait d’ailleurs répondu présent lorsque les militants NPA de Renault ont une nouvelle fois fait appel à lui lors de la grève des ouvriers de Renault Bursa en Turquie, en accompagnant en tant que militant-traducteur leur délégation venue à Paris chercher du soutien à leur lutte.

AucunE d’entre nous ne pourra l’oublier. Nous partageons la tristesse de ses proches mais aussi le bonheur de l’avoir connu.

Emmanuelle, Jeannette, Jean-Claude, Patrick et Jean