Publié le Mardi 14 juillet 2020 à 20h53.

Ils ne veulent pas « changer de cap ». Retrouvons le chemin des mobilisations

Rien de nouveau sous le soleil. Avant même le discours de politique générale du Premier ministre, qui ne sera que le décalque de celui du président, l’interview-fleuve de Macron a confirmé ce que nous savions déjà du président et de sa vision du monde : mépris, arrogance, émotions feintes, mais aucun changement de cap, bien au contraire. À l’occasion de ce 14 Juillet, Macron a ainsi rappelé les piliers de sa politique : ne rien exiger des plus riches, faire payer la crise aux plus pauvres, valoriser l’« excellence » individuelle au détriment de toute forme de solidarité collective.

Refusant d’opérer le moindre retour critique sur les trois premières années de son quinquennat, Macron nous a ainsi ressorti le marronnier de la « pédagogie » : si ses contre-réformes ont été contestées, c’est qu’elles ont été « mal comprises » ; s’il suscite détestation, voire haine, dans les classes populaires, c’est en raison de « maladresses » et de « phrases sorties de leur contexte ». Rien à voir, évidemment, avec le caractère structurellement inégalitaire de ses politiques, toujours au service des plus riches et au détriment des plus pauvres.

« Pas de changement de cap »

D’ailleurs, Macron nous l’a promis en ce 14 Juillet : il n’y aura pas de « changement de cap », mais seulement un « changement de chemin pour y parvenir ». Comprendre : davantage de com’, d’enfumage et de pseudo-concertation, mais les objectifs seront exactement les mêmes. Exemple avec la contre-réforme des retraites à propos de laquelle Macron, s’il a été flou quant au calendrier, a eu l’outrance d’affirmer qu’elle était non seulement « nécessaire » et « juste », mais qu’elle était en outre « faite pour les premiers de corvée »…

Le même cap également sur les questions écologiques, sans aucune disposition concrète, mais seulement, une fois de plus, des postures, des manœuvres dilatoires et des annonces très générales, qui ne seront pas plus suivies d’effets que les précédentes dans la mesure où le pouvoir s’oppose toujours à toute immixtion dans les intérêts privés…

À propos de l’épidémie de Covid, après l’hommage hypocrite aux soignantEs tout en ayant refusé les embauches nécessaires et la moindre réouverture de lits dans les hôpitaux, Macron explique que « tout est prêt » pour une éventuelle deuxième vague. Aucun retour critique sur la gestion catastrophique de ces derniers mois, des affirmations contradictoires avec ce qu’expliquent les soignantEs eux-mêmes et elles-mêmes quant aux capacités des établissements hospitaliers, et une seule annonce concrète avec l’obligation du port du masque dans les lieux publics clos, dont on ne comprend pas bien pourquoi elle ne sera effective qu’au 1er août…

Face à leur obstination, nos mobilisations

Concernant la crise économique et sociale, Macron y est allé de sa déclaration solennelle : « La priorité de cet été et de la rentrée prochaine, c’est l’emploi ». En s’opposant aux licenciements et aux suppressions d’emplois ? En faisant payer les profiteurs de la crise ? En réduisant le temps de travail afin que nous puissions travailler touTEs ? Absolument pas ! Il faudra se serrer la ceinture, accepter de la « modération salariale » (euphémisme pour qualifier les baisses de salaires), tandis qu’il n’y aura aucune augmentation d’impôts pour les plus riches et que Macron dégaine un énième « dispositif exceptionnel d’exonérations de charges » pour prétendument favoriser l’emploi des jeunes…

Ultime provocation : interrogé sur la scandaleuse nomination de Gérald Darmanin, mis en cause pour viol, Macron a osé expliquer qu’il avait eu « une discussion d’homme à homme » avec le futur ministre de l’Intérieur avant que ce dernier soit nommé, ajoutant qu’il ne fallait pas « céder à l’émotion constante ». Ou comment cracher une deuxième fois sur les féministes et, plus généralement, sur les femmes victimes de violences…

En bref : Macron, tout à son arrogance et à son mépris, nous promet le pire et, face à son obstination, seules nos mobilisations pourront mettre un coup d’arrêt à ses dangereux projets. Celles et ceux, notamment les personnels soignants, qui se sont fait entendre le 14 Juillet, entre autres à Paris, en descendant dans la rue et en venant perturber la sauterie présidentielle des Champs-Élysées, indiquent la marche à suivre. Le prochain rendez-vous pour montrer notre colère et notre détermination face à un pouvoir brutal et obsédé par les intérêts des plus riches est fixé à Beaumont-sur-Oise ce samedi, pour Adama et contre le racisme et les violences policières. L’occasion de faire entendre la contestation et de maintenir un climat propice à la construction d’une riposte à la hauteur dès la rentrée.