Publié le Vendredi 18 septembre 2009 à 23h55.

Une grève porteuse d’avenir (par Pedro Cine)

Les 11 semaines de grève des postiers des Hauts-de-Seine sont riches en enseignements politiques. Comment poser la question de la grève reconductible au sein d’un secteur ? Quelles sont les revendications qui préoccupent les postiers et postières ? Mais il s’agit aussi, à une petite échelle, d’un bon test sur la capacité du NPA à soutenir une lutte au sein du monde du travail. Ainsi que sa capacité à soutenir ses militants d’entreprise.

L’étincelle qui met le feu aux poudres
Dans un contexte de grève d’une heure sur huit centres, la grève illimitée a débuté sur Boulogne le 12 janvier et a pris une dimension départementale à partir du 26 janvier. « Les Boulonnais » forts de la compréhension que seuls face à la direction, ils ne pourraient pas s’opposer à Facteur d’Avenir1, sont donc allés pendant 15 jours voir les collègues des autres bureaux. C’est dans la semaine du 29 janvier (journée interprofessionnelle) que les premiers bureaux ont rejoint le mouvement. Cette grève minoritaire au niveau départemental (15 % de grévistes en moyenne) n’en était pas moins significative avec un nombre de grévistes dépassant, certains jours, le 29 janvier.

La grève reconductible ne se décrète pas, mais elle se prépare
Face à la manœuvre des directions syndicales, qui vont de journées d’actions en journées d’actions, comment construire un mouvement d’ensemble et pour commencer à l’échelle de son secteur ? Pour cela, il faut donner la possibilité aux travailleurs concernés de pouvoir se mettre en grève reconductible. Le dépôt d’un préavis de grève illimité est donc indispensable. Nous avons estimé que le meilleur moment était autour du 29 janvier. Or à La Poste aucune fédération syndicale n’avait fait le choix de le déposer. Difficile de poser et tester la question de la grève reconductible sans préavis. Très tôt, dès le 29 janvier, nous avons défendu l’extension du conflit sur d’autres départements… avec de fortes résistances des appareils syndicaux. Nous avons également travaillé sur l’adoption d’une plateforme revendicative unifiante. Les deux axes fondamentaux étant l’opposition à Facteur d’Avenir et la lutte pour l’octroi d’une prime de vie chère de 300 euros net et le treizième mois.

Notre force c’est notre nombre
La Poste est une entreprise où la concentration de travailleurs est de plus en plus réduite, cette atomisation étant un véritable obstacle. Pour combattre cette situation nous avons dès le départ fonctionné en assemblées générales quotidiennes. Pourquoi ? Pas simplement parce qu’il s’agit de la forme d’organisation la plus démocratique mais surtout parce que c’est la plus efficace pour la lutte, celle qui met le plus en difficulté les directions bureaucratiques, ces dernières étant sous le contrôle immédiat des grévistes. Elle permet aussi d’avoir une vision d’ensemble des problèmes. Nous avons également proposé la mise en place d’un comité de grève qui mettrait en adéquation les décisions prises en AG et leur application. C’est cette politique qui a permis de faire émerger des dirigeants de la grève et de donner une première expérience organisationnelle.

Le NPA et ses militants à l’épreuve d’une grève
Des camarades membres du NPA figuraient parmi les animateurs de cette grève. Quel premier bilan pouvons-nous en tirer ? Tout d’abord, l’importance de l’intervention politique au sein de l’entreprise, en d’autres termes « des comités de boîte ». C’est le meilleur moyen de résister à la pression des appareils syndicaux sur les militants anticapitalistes et révolutionnaires. De la même manière que les militants politiques construisent les syndicats, ils y défendent également une politique. Dans le cadre de ce conflit, le NPA a montré ses capacités à soutenir concrètement les travailleurs en lutte en participant à la caisse de grève, en étant présent lors des occupations ou des affrontements avec la police. Pour autant, alors que La Poste a fait de ce conflit un enjeu national, nous devons améliorer notre capacité à prendre en charge centralement des bagarres de ce type pour relayer l’information, décharger les camarades qui assument déjà l’animation de la grève et amplifier le rapport de force. C’est cette capacité à être utile dans les luttes que jugeront avant tout les travailleurs qui nous côtoient.