Publié le Samedi 19 décembre 2015 à 11h24.

Meeting « Pour une politique de paix, de justice, et de dignité »

Par Mathieu Bonzom. Après le meeting du 11 décembre à Saint-Denis, il est urgent de prendre de nouvelles initiatives larges et ambitieuses.

Un meeting à guichet fermé à la Bourse du Travail de Saint-Denis, ce n'est pas tous les jours – et en plein état d'urgence, qui plus est !

Ce meeting, qui a rassemblé 700 personnes dans une ville durement touchée par les attentats et leurs conséquences, est la première initiative politique qui ait tenté d'aborder de front toutes les questions soulevées par les événements des dernières semaines : les ravages des guerres et de l'impérialisme, les origines et les soutiens de Daech, toutes les injustices internationales mais aussi intérieures, avec l'aggravation de la répression, des politiques sécuritaires et des restrictions des libertés, l'intensification du racisme, dont la répression contre les migrant.e.s et les actes de violence islamophobe sont la face la plus visible... et le manque cruel de perspectives politiques qui puissent trouver un écho, hormis celles des partis de gouvernement et du FN. 

Les organisateurs (un collectif d'associations et de personnalités, voir par exemple ici) sont en partie les mêmes qui avaient contribué à lancer un autre meeting au même endroit plus tôt cette année, le 6 mars dernier, « Contre l'islamophobie et la guerre sécuritaire » ; une certaine continuité apparaît aussi avec les organisatrices de la Marche de la dignité et contre le racisme, le 31 octobre dernier à Paris. Autant de mobilisations d'une importance cruciale, dans une année cruellement marquée, en France notamment, par les attentats et les réponses réactionnaires qui y ont largement été apportées. Mais le meeting du 11 décembre a été plus large et plus ambitieux encore, pour tenter de répondre au plus vite aux enjeux de l'après-13 novembre. 

Devant une foule jeune et diverse, le meeting s'est organisé autour de deux tables rondes, l'une axée sur les questions internationales (guerre, organisations terroristes fondamentalistes, impérialisme), l'autre sur les enjeux en France notamment (États d'urgence, répression, racisme). Se sont exprimé.e.s des personnalités comme Salma Yaqoob, Tariq Ramadan, Alain Gresh, Marwan Mohammed ou encore Omar Slaouti, et des représentant.e.s du Collectif Contre l'Islamophobie en France (CCIF), de la LDH, du Collectif des Féministes Pour l’Égalité (CFPE), du Syndicat de la Magistrature, et d'une association partie prenante de la majorité municipale d'Ivry, et officiellement attaquée par la minorité PS pour apologie du terrorisme.

La tonalité des interventions était très cohérente et combative. Toutes les prises de parole ont insisté sur la nécessité de lier différents phénomènes et donc différents fronts de lutte : contre la répression, contre la guerre, contre le racisme ; pas de paix sans justice sociale et sans dignité, pas de paix non plus sans liberté de contestation politique, pas de paix enfin tant que durent les politiques de guerre. Mais chacun.e demeurait conscient.e de la difficulté de la situation, et tout reste à faire, en France, pour que des mobilisations à la hauteur des enjeux et des perspectives politiques crédibles puissent être construites.

Depuis la France, la lutte spécifique contre Daech ne peut être menée avec succès séparément d'une série d'autres combats. Pour résister aux injustices qui sont à l'origine des crimes atroces commis à Paris il y a un mois, comme à celles qui lui ont succédé, il est urgent de nous rassembler malgré les nouvelles entraves à toute mobilisation sérieuse. Compte tenu de ces difficultés et de cette urgence, il faut saluer les organisations et individus qui avaient lancé cet appel.

En bref, ce meeting fut une initiative qui a de quoi faire réfléchir, dans une gauche radicale à la traîne sur ces questions, à la possibilité d'un front large, un front de solidarité contre l'état d'urgence, la guerre, et le racisme, front qui serait aussi le vecteur d'une solidarité avec la lutte démocratique contre Daech, mais qui reste à construire.

La conclusion du meeting par Omar Slaouti  http://contre-attaques.org/