Publié le Mardi 16 septembre 2014 à 18h00.

BD : Les larmes du seigneur afghan

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De Pascale Bourgaux, Vincent Zabus et Thomas Campi. Dupuis – collection Aire libre, 2014, 16,50 euros

En retournant en Afghanistan, la reporter belge Pascale Bourgaux tente de comprendre comment Dasht-e-Galeh, un village du nord, bastion de la résistance aux Talibans, semble prêt à basculer du côté de l’ennemi.

«  Les Afghans en ont assez des bavures de l’Otan, de la corruption, du vide politique entretenu par le gouvernement ! Si ça continue, les Talibans reprendront le contrôle de tout l’Afghanistan » déclare le commandant ouzbek Mamour Hasan. Il a pourtant combattu les Russes et les Talibans mais a de plus en plus de mal à contrôler sa ville, à maintenir et entretenir l’école pour filles. L’argent ne vient pas jusqu’au village, il est intercepté par les fonctionnaires corrompus de Kaboul tandis que l’Arabie saoudite finance la mosquée des prédicateurs salafistes.

D’abord documentaire réalisé pour la télévision belge (RTBF), les Larmes du seigneur afghan révèle un récit passionnant où le danger d’enlèvement guette en permanence la reporter. Celle-ci ne craint pourtant pas de rencontrer tous les acteurs du conflit et surtout de faire parler les femmes afghanes dont le problème principal n’est pas la burqa mais la faim, l’éducation, la santé, la liberté de circuler. Témoin d’une énorme bavure de soldats de l’Otan, son témoignage sera censuré par la télé et la presse.

La complexité du contexte historico-politique afghan, qui confronte envie de démocratie, liberté, religion et extrémisme taliban, n’empêche pas le pinceau de Thomas Campi de nous livrer des images bouleversantes sur la vie intime des Afghans ou de révéler les paysages dont la beauté fut célébré par les Grecs d’Alexandre le Grand. L’avantage de la BD, c’est la liberté, et la collection « Aire Libre » en amène une nouvelle preuve. Une BD qui donne des arguments pour combattre la politique de l’impérialisme tout en remplissant son rôle de support à l’aventure. À ne pas manquer.

Sylvain Chardon