Publié le Mercredi 29 septembre 2021 à 14h13.

Bob Morane - Les 100 démons de l’Ombre jaune

Scénario Bec-Corbeyran, dessin Paolo Grella, éditions Soleil, 56 pages 14,95 euros. « Égaré dans la vallée infernale Le héros s’appelle Bob Morane »1

L’aventurier total est de retour ! Dans la jungle vietnamienne cette fois, en pleine guerre coloniale, période française où les militaires (général en tête) « à la vue basse et au béret un peu trop enfoncé » laisseront leur peau. Henri Vernes2, le créateur du personnage, décédé fin juillet 2021, n’aura pas eu le temps de « voir » (à 102 ans, il était malheureusement devenu aveugle) la reprise des aventures de son héros.

L’aventure « cartoon » encore et toujours !

Après un reboot vraiment raté il y a quelques années, les éditions Soleil ont cette fois mis le paquet en s’adjoignant les services de deux scénaristes expérimentés Bernard Bec et Richard Corbeyran et du talentueux jeune dessinateur d’origine italienne Paolo Grella. L’intention est claire : réinventer l’aventure, réinterpréter les personnages par une relecture de l’univers d’Henri Vernes autrefois mis en image par le regretter William Vance3. Répondant sans doute à un besoin réel des amateurs de BD pour les récits d’aventures, ce premier tome, un récit complet, ­cartonne dans les ventes en librairie.

Quand l’oncle Hô se laisse séduire par la redoutable Ombre jaune

1954. L’Ombre jaune a créé une armée de guerrières clonées (clin d’œil aux fameux « Guerriers » d’Henri Vernes) qui massacrent les soldats français en Indochine et laisse planer la menace du réveil des cents démons du Lac-Long-Quan. Une vieille légende qui terrifie la communauté locale Hmong et les soldats français. « Désarmé », l’état-major français confie à Bob Morane et Bill Ballantine, sous couvert d’une mission d’aide aux troupes françaises, de percer le secret et si possible de l’anéantir. Nos deux héros sont donc parachutés, en compagnie d’un scientifique et de soldats d’élite, au nord de l’Indochine, en zone contrôlée par la guérilla d’Hô-Chi-Minh. Ils ne seront pas accueillis par les guérilleros mais par les redoutables guerrières clonées. Après maintes péripéties, ils découvriront que leur redoutable ennemi, Ming ou l’Ombre jaune, tient sous son emprise le dirigeant révolutionnaire et s’apprête bien à donner vie à la redoutable légende.

Jungle et science-fiction

Les vieux amateurEs de la série seront déçus d’apprendre que le compère écossais Bill Ballantine n’avait pas encore sauté en parachute et qu’il pouvait avoir la frousse mais le scénario nerveux dès la première page et ses rebondissements multiples font oublier ce petit détail. Le récit parfaitement rythmé glisse peu à peu vers une SF contemporaine, relativement violente et au suspense entretenu. Le dessin à la fois réaliste ou fantastique selon les nécessités redonne vraiment chair aux personnages et à l’univers de la série. Un petit reproche quand même sur la couleur verte employée outre-mesure. La jungle, en effet, même en 1954, n’a jamais été aussi continue et profonde.

Henri Vernes, dans la préface qu’il écrivit un peu avant sa mort, souhaitait que ce premier volume soit un succès et le prélude à d’autres. C’est le cas et l’aventure peut ­continuer. À suivre…

  • 1. Premier couplet de la chanson d’Indochine « l’Aventurier ».
  • 2. Voir l’Anticapitaliste n° 580 du 2 septembre 2021.
  • 3. Décédé en 2018. Dessinateur, entre autres, de Bruno Brazil, Bob Morane et XIII.