Documentaire français, durée 1 h 23 min, sortie le 21 février 2024.
Dans Leur Algérie, son film documentaire précédent, Lina Soualem avait fait le portrait de la famille de son père, l’acteur Zinédine Soualem. Elle y racontait la séparation de ses grands-parents après une vie entière passée ensemble et leur parcours d’immigréEs venuEs travailler à Thiers, dans les mines d’Auvergne, après la guerre d’Algérie. Dans Bye bye Tibériade, comme une suite, la réalisatrice se penche cette fois-ci sur sa famille maternelle. À travers la figure de sa mère Hiam Abbas, qui a quitté jeune son village palestinien Deir Hanna pour devenir comédienne en Europe — et ainsi échapper à une société traditionaliste et patriarcale dans laquelle elle étouffait — elle peint plusieurs générations de femmes. Celles de Neemat, sa grand-mère qui tout en élevant ses neufs enfants (sept filles et deux garçons) a continué de travailler comme institutrice, de son arrière-grand-mère Um Ali, couturière, qui a fui avec son arrière-grand-père leur village natal lors de la Nakba en 1948 (exode des PalestinienNes), obligéEs d’abandonner leur troupeau de vaches et leur âne.
Archives familiales et histoire collective
Dans les deux films, Lina Soualem part de souvenirs intimes, de ses archives familiales : des photos et des scènes de la vie courante filmées par son père lors des vacances passées à Deir Hanna, aujourd’hui en Israël, près du lac de Tibériade, pour raconter une histoire qui va au-delà de celle de ses aïeux. En partant de son histoire personnelle, la réalisatrice raconte une histoire collective, celle de milliers de personnes qui ont dû fuir leur village, leur maison, leurs terres, de femmes veuves qui ont résisté au quotidien. Ce sont des histoires d’exil, de familles séparées et brisées, de drames, de souffrances.
Lina Soualem signe une fois encore un film très émouvant plein de tendresse et d’amour. Elle nous fait entrer dans l’intimité de sa famille avec une grande pudeur, elle nous montre la difficulté des relations intergénérationnelles, mais aussi toute l’importance de l’héritage et de la transmission.
Béatrice Walylo et Philippe Poutou