Album de Pixvae, Buda Musique | Bongo Joe Record | Compagnie 4000, 12 euros.
Pixvae, groupe franco-colombien, a été l’une des grosses claques musicales de 2016, et les titres de son deuxième album s’inscrivent dans la continuité d’une formule qui, la surprise passée, continue à faire mouche.
Thèmes traditionnels afro-colombiens
Ce projet est né au sein du Grolektif, regroupant des musicienEs de jazz lyonnais n’aimant rien tant que pervertir leur musique de prédilection en l’exposant à l’électricité du rock, à la richesse des musiques du monde et aux singularités des écritures contemporaines 1. Membre fondateur de ce collectif (récemment réincarné en La Compagnie 4 000), le saxophoniste Romain Dugelay s’est fait spécialiste des alchimies aventureuses et fructueuses, régulièrement aidé en cela par Damien Cluzel et Léo Dumont, respectivement guitariste de uKanDanZ et batteur de Chromb. En prolongement de leur groupe Polymorphie – à qui on doit notamment l’émouvant album-concept Cellule, basé sur des textes de prisonniers – ces camarades de jeu réguliers ont agrandi leur cercle en invitant des musicienEs d’autres horizons. Ici, le répertoire se base principalement sur des thèmes traditionnels afrocolombiens, dont la découverte enchantera un grand nombre d’oreilles peu habituées et dont le traitement tout en ruptures en bousculera pas mal d’autres. Il résulte de cette rencontre, à première vue hasardeuse, une musique qui aimante instantanément, tellurique, solaire, radicale et généreuse.
La rythmique (guitare/ batterie/ sax basse), sujette à tous types de traitements sonores, soutient nerveusement des chants et des percussions envoûtants, dans une polyrythmie répétitive, complexe mais accessible, les rythmes binaires-ternaires propres à ce répertoire étant propices à toutes sortes de combinaisons.
La formation multiplie les participations à tous types de festivals, des plus festifs aux plus pointus, sa présence se révélant pertinente aussi bien entre des groupes de disco que de rock expérimental. Face à un public qui, après s’être plu à tenter de décortiquer les rythmes et les sons (ce saxophone-là joue les parties de basse d’une manière toute personnelle) et à se pâmer sur l’enchevêtrement des voix, ne reste pas assis très longtemps, et se retrouve à danser fiévreusement. Et peu importe si c’est de manière désordonnée, chacunE sur une pulsation différente de celle des autres !
Benjamin Croizy