Publié le Mardi 20 mai 2025 à 11h00.

Manu Chao, icône musicale de l’altermondialisme, à l’Aéronef de Lille

Le samedi 17 mai, Manu Chao a fait vibrer la salle de concert lilloise de l’Aéronef avec sa cuisine musicale unique qui mêle rock, flamenco et rythmes latino.

Dans une ambiance festive incroyable, Manu Chao a fait danser toute une génération ayant grandi avec les tubes de l’album « Clandestino » et le slogan altermondialiste « un autre monde est possible ».

En 2001, il avait ouvert le Forum social au G8 de Gênes avec un concert inoubliable qui avait ressemblé 23 000 personnes dans la place Kennedy. Il s’agissait d’un mouvement contestataire mondial venu revendiquer une autre globalisation, une société multiculturelle, sans frontières, sans exploitation capitaliste et sans oppression. Manu Chao constitue la traduction musicale la plus fidèle de ce grand moment politique.

De la Mano Negra au succès mondial

Artiste engagé d’origine franco-espagnole, il a grandi à Boulogne-Billancourt près de l'usine Renault, où il jouait au foot avec les enfants d’ouvriers d’origine portugaise, arménienne et d’Amérique latine. Son père, écrivain espagnol de gauche qui avait fui le franquisme et qui était passé par Cuba, et les groupes punk et rock comme The Clash et The Stray Cats, ont marqué sa jeunesse. En 1985, il participe à l’expérience de Los Carayos où le rock se marie avec des instruments traditionnels comme le banjo et l’accordéon. Mais le groupe se sépare dans les années 1990 à cause d’une divergence dans la vision de la musique engagée.

On reprochera notamment à Manu Chao d’être devenu mainstream en raison de son entrée dans les majors. Son talent consiste en sa capacité à se nourrir des influences des musiques du monde et à les tisser ensemble pour en faire une création nouvelle. Suite à l’expérience de Los Carayos, Manu, son frère Antoine et le cousin Santiago Casariego, fondent La Mano Negra qui, avec la nouvelle version de « Mala vida » connaît un grand succès en France.

« Clandestino » : les tubes immortels de Manu Chao 

Ce morceau a été le fil conducteur de la nuit lilloise où Manu Chao a revisité l’ensemble de ses grands succès. Le nouvel album « Viva Tu » préserve la magie de l’artiste mais le concert démarre officiellement avec « Me Llaman Calle/Si yo fuera Maradona », « Me Quedo Contigo », « Malegria » et « Vida Tómbola ». Puis les vieux succès s’enchaînent avec des arrangements et des mélanges nouveaux. Les deux guitares et les percussions sont les vraies protagonistes d’une scène dépouillée d’artifices. Les morceaux les plus attendus, ceux de « Clandestino », son premier album solo sorti en 1998, font exploser l’Aéronef. Manu Chao n’oublie pas d’évoquer la cause de la Palestine et entoure son cou d’une écharpe palestinienne qu’il réclame à son public. Un public qu’il ne veut plus quitter car, après deux heures de concert, l’artiste se relance sur scène aux rythmes de « Desaparecido », « Lágrimas de Oro » et « Welcome to Tijuana ». Ces tubes incroyables ont encore le pouvoir d’émouvoir et de faire bouger les consciences des nouvelles générations.

Hélène Marra