Avec Karidja Touré, Assa Sylla et Lindsay KaramohSortie le mercredi 22 octobre
Marieme, 16 ans, jeune fille noire vivant en banlieue dans une cité, devient la quatrième d’un groupe de filles, Lady, Adiatou et Fily, noires, jeunes, qui font bande pour vivre, résister, s’amuser, grandir. Parce que pour elles, les choses ne vont pas être simples.
Le film commence par une première séquence qui vous saute aux yeux. Un match de nuit de football américain. Les masques, les casques, les tenues... d’entrée de jeu le spectateur est pris à contre-pied. Les joueurs sont des joueuses, jeunes, noires. Ravies, elles rentrent ensemble, parlant fort jusqu’au moment où elles rentrent dans la cité où d’autres lois s’appliquent. Tout est dit dans cette séquence.
Mais ici la cité est un univers délibérément recréé, avec les stéréotypes qui l’accompagnent, une fraction d’humanité universelle qui permet à la réalisatrice de traiter de l’adolescence des filles, thème qui lui est cher et que l’on retrouve dans ses films précédents, Tomboy ou la Naissance des pieuvres. Elle a délibérément supprimé du paysage la police, la religion, les blancs, les adultes, la misère, pour se concentrer sur le destin de ces filles, sur les obstacles qu’elles rencontrent en tant que femmes en construction : la famille avec les tâches ménagères, l’éducation des frères et sœurs plus jeunes, le travail de la mère qu’il faut aider, les grands frères qui les surveillent, le regard et la loi des garçons de la cité. Marieme va se coltiner tout cela en commençant par s’appuyer sur la bande qu’elle intègre. Entre elles se crée une connivence de mots, de regards, de chants, de « tchip ». Elles ouvrent l’espace devant elles, se créent un univers où elles peuvent se transformer, se construire.C’est le meilleur du film, renforcé par la beauté des images, le traitement des corps et des couleurs. Elle ira seule, bien seule, jusqu’au bout de sa quête (sa bande de copines disparaît sans vraiment de raisons), s’essayant un temps au pouvoir des garçons, pour finalement refuser toutes les issues qui la soumettent. Un film important, qui ouvre de multiples débats.
Jean-Marc Bourquin