Publié le Dimanche 12 mars 2017 à 21h33.

Cinéma : Chez nous

De Lucas Belvaux, Avec Émilie Dequenne, André Dussollier et Guillaume Gouix. Sortie le mercredi 22 février 2017. 

Dans une commune du Pas-de-Calais, Pauline Duez, infirmière libérale appréciée de tous, « dégoûtée des politiciens », se voit proposer par Philippe Berthier, un médecin, de se porter candidate aux élections municipales, pour « changer les choses ». Elle hésite. À l’issue d’un meeting d’Agnès Dorgelle, la présidente blonde du Bloc national, au discours social, elle finit par accepter. Pauline est immédiatement encadrée par des envoyés de l’appareil du parti et n’a aucune maîtrise sur les documents de campagne et la composition de sa liste sur laquelle figure Agnès Dorgelle. Aux séances de formation des candidats sont données des consignes sur leur comportement et leur vocabulaire : ainsi ne jamais dire « bougnoule » mais « racaille ». Avec le début de la campagne électorale, la tension monte dans la commune.

Le Bloc ne veut pas prendre de risque avec ses candidats. Berthier s’est porté garant de Pauline, mais elle est cependant suivie discrètement par le service de sécurité qui découvre un problème : sa liaison avec Stéphane, un ami d’adolescence récemment retrouvé. Elle ne soupçonne pas le parcours de celui­-ci, mais Berthier le connaît bien : dans le passé, Stéphane a été utilisé aux basses besognes (comme incendier des voitures dans des cités pour permettre au Bloc de dénoncer la « racaille »...). Il a refusé de se mettre à « porter une veste » comme ses compagnons désormais membres de l’appareil de sécurité du Bloc, et s’est rallié à un groupe ultra violent d’identitaires : désormais le Bloc ne veut plus en entendre parler.

Le film a ses faiblesses : on peut ainsi trouver étonnant que Pauline accepte si vite la proposition de candidature, mais Belvaux estime que cela se passe souvent ainsi et qu’il en résulte un très fort taux de démission des élus municipaux du FN (28 % des élus aux élections de 2014). Chez nous démonte avec efficacité les méthodes d’un parti en quête de respectabilité mais qui n’a pas rompu avec ses origines, même si ses dirigeants sont désormais habillés comme les autres politiciens et tiennent à distance une partie de leurs anciens affidés.

Henri Wilno