Avec Vincent Lindon, Yves Ory et Karine De Mirbeck. Sortie le mardi 19 maiTrès étonnant cette succession de films qui prend la question sociale comme centre de gravité. Deux films coup sur coup qui traitent quasiment d’un même sujet, celui du syndicaliste qui se retrouve au chômage après avoir mené une lutte pour défendre son emploi. En vain. Olivier Gourmet dans Jamais de la vie de Pierre Jolivet (l’Anticapitaliste n° 285) sorti en avril et cette fois Vincent Lindon dans la Loi du marché de Stéphane Brizé, qui vient d’être primé à Cannes avec le prix d’interprétation masculine.
Laurence Parisot, ancienne patronne du Medef, juge caricaturale la vision de l’entreprise qui ressort du film. Hélas pour elle, c’est la grande qualité de cette œuvre, cette succession de séquences qui mettent en scène l’humiliation subie par les salariéEs au quotidien, à Pôle emploi, dans les stages de mise en valeur personnelle, dans le travail, à la banque, etc.
La discussion entre les anciens syndicalistes, la confrontation avec Xavier Mathieu dans son rôle, sonne juste, comme la lassitude de celui qui en a marre de la lutte et « veut passer à autre chose ». C’est plus le personnage de Lindon qui peut poser question : il dit oui à tout (ou presque), en silence, sans rien partager avec son entourage et surtout pas avec sa femme. Un personnage étrangement mutique, ce syndicaliste dont on attend la révolte tout au long du film.
Elle vient enfin mais en silence, sans un mot, sans éclat, à l’opposé de celle de Jamais de la vie, parce que simplement normale, mais tout aussi individualisée et désespérée. Simplement pour dire non. Un film qui donne à voir sur l’air du temps.
Jean-Marc Bourquin