Publié le Jeudi 4 janvier 2018 à 10h58.

Cinéma : Mariana

Film chilien de Marcela Said. 

Mariana est issue de la bourgeoisie chilienne. Elle a 42 ans (l’âge n’est pas secondaire car il implique qu’elle a passé son enfance et le début de son adolescence sous Pinochet) et se débat pour affirmer son individualité dans un environnement hypocrite et machiste où son père et son mari décident de ce qu’elle doit faire. Mais elle n’est prête à rompre ni avec sa famille, ni avec sa classe. Elle n’aime pas les « revanchards sociaux ».

Marcela Said explique qu’elle a voulu évoquer une grande bourgeoisie qui a soutenu Pinochet et tient toujours le haut du pavé. Certes, des militaires ont été condamnés pour des actes commis sous la dictature, mais les grands bourgeois sont épargnés et ont les moyens de faire taire les journalistes qui s’aventureraient à rappeler le passé.

Le film est efficace dans sa dénonciation d’un milieu policé où un chien est enterré avec beaucoup d’émotion et même une prière, alors que les « disparus » assassinés sous la dictature demeurent sans sépulture connue. Il constitue également une dénonciation du machisme généralisé. Paradoxalement, au point de susciter une certaine gêne, le colonel, ancien tortionnaire, semble avoir le semblant de dignité dont manquent les autres personnages masculins du film. Quant à Mariana, après avoir renoncé à utiliser une possibilité de dénoncer le comportement passé de son entourage, on peut penser qu’elle persévéra dans une insubordination chronique, certes source d’affrontements mais sans grande conséquence.

HW