De Nicolas Burlaud.
Colette Renard chantait « Tais-toi Marseille, tu cries trop fort. » Eh bien les moutons qui longent le vieux port, lors du lancement de Marseille capitale de la culture 2013, sont bien le symbole de ce à quoi on a voulu réduire les Marseillais : un troupeau obéissant et silencieux.
La culture aura été l’alibi ultime, elle a réussi ce que Gaudin, la chambre de commerce et le groupe d’immobilier commercial voulaient : aménager, gentrifier, nettoyer… Les touristes sont les rois, les jeunes des quartiers nord n’osent plus descendre en ville, la santé comme partout préoccupe, l’ancien Hôtel-Dieu devient un hôtel 5 étoiles, la rue de la République est achetée par un fond de pension, les locataires « sociaux » expulsés...
La culture est le cheval de Troie, une métaphore filée tout au long du documentaire où l’on voit les foules se presser pour voir les chars du défilé, représentant tous les symboles du passé maritime et industriel de la ville.... qui sont en train d’être enterrés. On danse et on se réjouit d’un musée de la Méditerranée. Musée ou tombeau ?
La ville est devenue une marchandise et des Marseillais innocents se sont portés bénévoles pour aider à cette mutation. Dans les quartiers aussi, on amène cette culture à paillettes, mais seulement pour des événements précaires. Demain le couvercle retombera et les problèmes permanents continueront à servir les intérêts des politiques de tous bords...
Un excellent documentaire, qui confirme que Marseille ne se tait toujours pas !
Catherine Segala
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