Réalisé par Olivier Cossu d’après la BD de Kriss et Davodeau – 25 euros.
Après avoir été l’un des plus jeunes résistants contre l’occupant nazi, René Vautier, décédé en janvier 2015, aura été la caméra au poing de tous les combats essentiels. Contre l’État et ses institutions répressives, dans les luttes anticoloniales en Afrique et surtout en Algérie mais aussi dans les grèves, les luttes de femmes, l’écologie et les luttes contre le FN. Sans oublier sa Bretagne ouvrière, et c’est bien d’elle qu’il s’agit ici.
Cinéma ambulant improvisé
En 1950, Brest est toujours en reconstruction suite aux destructions de la Seconde Guerre mondiale. Les conditions de travail sont particulièrement difficiles, et les salaires misérables pour les ouvrierEs. Patronat et État, les donneurs d’ordres, n’ont que mépris pour les revendications portées par la CGT. La colère gronde, les manifestations se succèdent, la police tire, un homme meurt : c’est Édouard Mazé. René Vautier est appelé par la CGT pour tourner un film sur le mouvement, la situation des ouvrierEs. Avec la collaboration, pas toujours aisée, de P’tit Zef et Désiré, les amis d’enfance d’Édouard, René réalise un film et lui donne le nom du poème de Paul Éluard, Un Homme est mort. René et ses camarades improvisent un cinéma ambulant et projettent les images sur les chantiers et les piquets de grève dans toute la Bretagne. Au moment de la consécration parisienne, l’unique pellicule flambe tandis que la bande son sera détruite par accident chez Paul Eluard.
Les auteurs de BD, Kriss au récit et Davodeau au dessin, décidèrent en 2006 de redonner vie au film en images et bulles chez Futuropolis (80 pages, 17 euros). En 2018, c’est Olivier Cossu, soutenu par Arte, qui en a tiré un film d’animation de 104 minutes. Édouard Mazé, le P’tit Zef et René Vautier reprennent vie et l’émotion est au rendez-vous. Le coffret DVD comporte un livret de 32 pages avec des planches de la BD et les références historiques.
Allez, un dernier petit cadeau pour les étrennes !
Sylvain Chardon