Publié le Lundi 9 décembre 2013 à 11h03.

Essai : Résignation est complicité

Parce qu’il a tenté d’arrêter la folie nucléaire, Marco Camenisch est en prison. Écologiste de la première heure, il dynamite un pylône de ligne à haute tension et une centrale électrique. Arrêté, Marco Camenisch, fils de douanier, pratique l’humour en traversant les frontières et s’évade de sa prison grâce des camarades italiens. Mais la nationalité est comme le nuage de Tchernobyl, elle se fout des murailles et des montagnes. Camenisch vit et écrit dans la clandestinité. Comme de bien entendu, on a fait de cet homme un terroriste, on a noirci sa vie, et comme pour Blanqui, Rouillan, et bien d’autres, on a répété inlassablement que sa vie était une tragédie. Tchernobyl est arrivé sans qu’on songe à le libérer, Fukushima est passé et on a continué à allumer nos lumières sans penser. Ne croyez pas qu’il soit seul, ne croyez pas qu’il soit un écoterroriste, il appartient à la valeureuse confédération iroquoise, une très vieille famille dont les membres sont disséminés partout où la vie les anime, où l’eau peut couler et la terre sentir le fumier des chevaux. Marco Camenisch est enfermé en Suisse parce qu’il est libre, dans un pays où les voleurs sont à la tête des banques, les promoteurs du nucléaire dans des abris anti-atomiques et où les tueurs ont notre argent dans leurs coffres.« Paix aux chaumières, guerre aux palais ! »

Christophe Goby

Essai : Résignation est complicité, Marco Camenisch, Entremonde, 2013, 12 euros.