Revue Agone n° 59, 2016, 20 euros.
«Aujourd’hui, la démocratie est peut-être inutile, ou même gênante pour la bourgeoisie ; pour la classe ouvrière, elle est nécessaire, voire indispensable. Elle est nécessaire, parce qu’elle crée les formes politiques (auto-administration, droit de vote, etc.) qui serviront au prolétariat de tremplin et de soutien dans sa lutte pour la transformation révolutionnaire de la société bourgeoise. mais elle est aussi indispensable, parce que c’est seulement en luttant pour la démocratie et en exerçant ses droits que le prolétariat prendra conscience de ses intérêts de classe et de ses tâches historiques. » Une citation de Rosa Luxemburg mise en exergue de ce numéro de la revue Agone.
Celui-ci reprend des interventions de contributeurs de différents pays et de plusieurs continents à l’occasion d’une conférence organisée à Paris en octobre 2013 par la Société internationale Rosa Luxemburg proche du Parti de gauche européen. L’apport et l’intérêt de chacune est très inégale. Parmi elles, on apprécie notamment la contribution de Michael Löwy qui souligne que « la démocratie a besoin du mouvement socialiste et, vice versa, la lutte du prolétariat a besoin de la démocratie pour se développer » et conquérir le pouvoir. Un éclairage est aussi donné par Sobhanlal Datta Gupta sur sa correspondance, insistant sur le fait que « pour elle, la démocratie révolutionnaire et l’internationalisme de la classe ouvrière sont inséparables », ainsi que sur sa lutte contre les conservatismes et routines d’appareil.
Les auteurs, souvent universitaires, sont parfois réformistes ou se revendiquent d’un « luxemburgisme » confus qui utilise sa critique solidaire des bolcheviques, en particulier sa brochure La révolution russe, contre Lénine. Ce numéro de la revue Agone reste une invitation à lire ou relire Rosa et une introduction aux débats que son œuvre a ouverts. Un rappel toujours utile que révolution sociale, conscience des travailleurs et démocratie sont indissociables...
Yvan Lemaitre