Éditions Cherche-Midi, 2014, 16,5 eurosMaurice Rajsfus publie un nouveau livre et, cela n’étonnera personne, il revient sur les relations entre la population et la police. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrage, dont certains furent marquants (Drancy, un camp de concentration très ordinaire, Opération étoile jaune ou la Police hors la loi, pour n’en citer que quelques-uns), Maurice Rajsfus est un inlassable défenseur des libertés publiques et un observateur attentif des agissements policiers, tant comme auteur que comme militant : il fut l’un des animateurs de Ras l’front et de l’Observatoire des libertés publiques.
Dans ce nouvel ouvrage, l’auteur s’intéresse aux individus. Plus précisément à ceux que la police, et certains politiciens, considèrent comme des individus. Il s’interroge sur une société qui verrait d’un côté soixante millions d’individus et de l’autre, 150 000 policiers. Maurice n’aime pas trop la police. D’ailleurs, dès le début de son ouvrage, il prévient : « Très remonté contre un corps policier toujours disponible pour des tâches parfois inhumaines, souvent brutales, généralement proches de la dérive antidémocratique (…) dans le sabir des gardiens de l’ordre public, tous les hommes, loin d’êtres égaux comme le stipule la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, notre France, jadis terre de liberté serait surtout peuplée d’individus »
À travers une série de courts chapitres, dans cet ouvrage au ton moqueur, on découvre les différentes facettes des « individus ». Montrant ce que le pouvoir attend de chacun d’eux : du travail, de la discipline… et pas de contestation. Car les individus sont avant tout la masse de ceux qui sont dominés dans cette société et à qui on demande de rester tranquille. Perfide, l’auteur n’oublie pas de nous rappeler que « dans les dictionnaires classiques, "ordre" précède "ordure" ».
Pierre Baton