M éditeur, 2014, 24 euros. Acheter sur le site de la librairie La Brèche. L’instabilité mondiale a de quoi inquiéter, tant la situation semble hors de contrôle, exprimant un chaos géopolitique dont il n’est pas simple de saisir ni les enjeux ni les implications futures à plus ou moins court terme. D’où l’utilité de débattre, confronter différentes appréciations. C’est justement l’objectif de Claudio Katz, économiste argentin, dans cet ouvrage qui tente de comprendre les différences entre l’impérialisme « classique » et celui du 21e siècle.
Le terme d’impérialisme est associé depuis un siècle à la brochure de Lénine écrite dans le contexte de la Première Guerre mondiale, lorsque le partage territorial du globe entre puissances capitalistes venait de s’achever. Une étude qui mérite d’être poursuivie et actualisée. Car le contexte a beaucoup changé : au lieu des guerres inter-impériales et conflagrations qui ont secoué la première moitié du 20e siècle, on observe plutôt une action géopolitique relativement coordonnée des grandes puissances capitalistes de la Triade (États-Unis, Union européenne, Japon), sous domination étatsunienne, qui doivent désormais faire face à un groupe de pays émergents, dont l’influence géopolitique s’accroît et est en passe de constituer un « nouveau camp ».
L’auteur insiste sur la place de l’appareil d’État étatsunien dans la mondialisation néolibérale. Un État qui défend et protège sa bourgeoisie nationale bien entendu mais qui doit aussi assurer les conditions de reproduction de l’ordre capitaliste mondial. Car si, dans la compétition internationale, les grandes firmes capitalistes se concurrencent entre elles, elles ont aussi, à l’heure où la concentration du capital atteint un degré très élevé, « besoin de conserver un cadre de cohabitation mondiale pour mener cette bataille », sorte d’association internationale des puissants, qui n’est bien sûr pas exempte de contradictions ni de tensions, mais où le rôle militaire des États-Unis est toujours prépondérant et dont le rayon d’action impérial est étendu à toute la planète.Un angle d’attaque utile, soumis à discussion, pour mieux comprendre le monde actuel.
Patrick Chaudon