Galerie des bibliothèques de la ville de Paris (22, rue Malher, Paris 4e) Jusqu’au 31 mars 2016 Catalogue par Sylvain Pattieu, éditions Paris bibliothèques, 25 euros (en vente à la Brèche).
Pour ce beau livre, Sylvain Pattieu remet sa casquette d’historien et commente une exposition dont il est le commissaire. On nous le répète, Paris est la première destination touristique mondiale avec 47 millions de visiteurs annuels, et si au 18e siècle, elle accueillait les aristocrates anglais qui faisaient leur « grand tour », aujourd’hui ce sont des touristes « de masse » qui se pressent : 9 millions au Louvre et 7 millions à Notre Dame. Le tourisme, c’est aussi 12,3 % de l’emploi du Grand Paris (18,5 % pour Paris).
Le tourisme à Paris est une industrie : on nous l’a bien fait savoir quand il a fallu justifier l’ouverture des magasins le dimanche. Pour le monde entier, Paris c’est la culture, la fête, le luxe, le style... mais aussi les affaires qui remplissent les hôtels 4 étoiles, cela alors que les Parisiens disputent les logements locatifs aux utilisateurs de Airbnb. La ville peut pourtant absorber d’un coup un million de jeunes catholiques pour les JMJ ou bien les supporters des équipes de la Coupe du monde de football.
Le joli catalogue d’exposition, très agréablement illustré, remplit bien son rôle et même au-delà, en balayant au fil de l’histoire ce qui a attiré les touristes du monde entier à Paris, notamment sa richesse culturelle incomparable autour des quatre thèmes de l’exposition : La révolution du tourisme à Paris ; Paris spectacle ; L’esprit de Paris : entre luxe et bohème ; Paris et la mondialisation du tourisme.
Ceux qui vivent à Paris comprendront mieux le poids certain du tourisme dans leur vie, son évolution (plus 49 % de touristes chinois de 2014 à 2015), les enjeux de l’industrie du tourisme, dont le qualificatif lui-même conduit à s’interroger sur les limites du phénomène : gentrification, désertion de toutes les industries vers les banlieues, pression démographique, manque de logements, aéroports tentaculaires, pollution, transports saturés... Ces questions ne sont pas l’objet de l’exposition ni du catalogue, même si elles ne sont pas complètement éludées, mais il est bien légitime de se les poser.
Une jolie balade/lecture de vacances pour les Parisiens et les visiteurs venus des autres régions.
Catherine Segala