Publié le Jeudi 6 avril 2017 à 10h53.

Exposition : Ciao Italia !

Un siècle d’immigration et de culture italiennes en France. 

Au Musée national de l’histoire et de l’immigration (Porte Dorée) jusqu’au 10 septembre 2017. 

Ces immigrés italiens qui ont fait la France (1860-1960), du Risorgimento à la Dolce Vita de Fellini. Une période pendant laquelle l’Italie s’est vidée pour des raisons économiques et politiques de 14 millions de migrants, principalement vers l’ Amérique latine, les États-Unis et l’Europe, où la société française, voisine et latine, a su absorber l’immigration la plus massive de son histoire (2 millions en tout , dont 800 000 en 1930).

Pourtant, cela n’a pas été un long fleuve tranquille : de la xénophobie ordinaire du début à la chasse sanglante à Marseille et Aigues-Mortes des années 1880-1890, à la condescendance-bienveillance envers les « Ritals » lors de la forte intégration des années 1930 des Italiens fuyant le fascisme, à la reconnaissance enfin du travail et de la créativité des Italiens des années 1960, le regard des « Français », passionnel et paradoxal, change, allant du rejet à l’admiration à mesure que l’intégration s’opère.

Au début simple travailleur manuel ou agricole, marchand ambulant, limonadier, musicien, puis mineur dans le nord, manœuvre dans l’industrie, domestique, artisan dans les métiers du bâtiment, l’immigré italien arrive avec sa cafetière et sa machine à pâtes (j’ai toujours l’Impéria de mes parents...), mais aussi avec sa culture : la communauté se retrouve dans des quartiers spécifiques, des lieux de divertissement et de culte, mais reste ouverte et diffuse peu à peu dans tous les secteurs d’activité, contribuant à freiner le déclin de l’agriculture et participant de l’essor industriel de l’après-guerre : Simca, Ponticelli, Bugatti, etc.

Commerces et restauration italiens font désormais partie du paysage. Le design italien s’ancre dans notre culture, de l’iconique Vespa à l’ameublement et l’habillement. Des sportifs atteignent la renommée, boxeur ou cycliste tel Maurice Garin, premier vainqueur du Tour de France. Les artistes fils d’immigrés, Lino Ventura, Rina Ketty, Serge Reggiani, Yves Montand, contribuent au rayonnement culturel de la France. Des peintres et architectes, des cinéastes s’installent en France tels Modigliani, de Nittis, Cremonini, Severini, Magnelli, Cappielo, Cino del Duca...

Une exposition séduisante qui montre la richesse possible des migrations à travers des documents d’archives, des objets cultes, des œuvres d’artistes modernes et contemporains. Autant d’empreintes de l’italianité dans la société et la culture française.

Ugo Clerico