Publié le Vendredi 12 juillet 2024 à 09h00.

Expositions : Un été dans les paysages de l’art/2

Sélection proposée par Philippe Cyroulnik ni exhaustive ni réduite à ses préférences : allez voir les expositions quand bien même certaines peuvent susciter non seulement surprises, découvertes et enthousiasmes mais aussi interrogations ou critiques. En route pour les vents d’ouest !

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OUEST

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L’Art dans les chapelles

Départ des trois circuits : 11 quai Presbourg, 56300 Pontivy, Galerie Les Bains-Douches Accueil : 13 h 30-18 h. artchapelles.com, du 5 juillet au 31 août

À l’invitation du critique d’art Éric Suchère – qui fait preuve de choix d’artistes originaux, indépendamment de leur notoriété – 12 artistes s’installent dans les chapelles autour de Pontivy. De la vidéo à la sculpture, de la peinture à l’installation se déclinent un art de penser le monde, d’éprouver les formes ou la couleur et réinventer perception, rythmes et poétique des choses. Prévoir une ou deux après-midi (voiture ou deux roues nécessaire).

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Aéorosol, une histoire du graffiti

Musée des Beaux-Arts de Rennes, quai Zola-Maurepas, 35000 Rennes, 02 23 62 17 45, jusqu’au 22 septembre

Cette exposition présente le graffiti comme à la fois « très populaire et très méconnu » bien qu’il ait fait l’attention de nombreuses institutions depuis bien longtemps jusqu’à faire partie de « l’air du temps ». On peut regretter que les quelques artistes contemporains, qui ont utilisé la bombe aérosol ou le graffiti dans leur œuvre comme Martin Barré, Jean-Louis Delbès et Maëlle Labussiere, Renée Levi ne soient pas présents dans cette exposition. Ce n’est pas fait pour nous rassurer…

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Raymond Depardon, les Jeux Olympiques 1964-1980

Frac Bretagne, 19 avenue André-Mussat, 35011 Rennes, 02 99 37 37 93, jusqu’au 5 janvier 2025

Le tsunami olympique se déverse aussi à Rennes, même si c’est avec un grand photographe dont on met en exergue un de ses propos : « Pour saisir la beauté du moment, il faut le devancer». Cela suggère qu’on pourrait aussi se rappeler que ce qui a servi de préambule aux JO de Mexico : un massacre de plus de 400 étudiants, mais je crois plutôt qu’on nous fabrique une esthétisation par l’image de l’idéologie olympique !

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Pınar Öğrenci, Aşît (film)

Frac Bretagne, 19 avenue André-Mussat, 35011 Rennes, 02 99 37 37 93

Aşît, qui signifie avalanche et désastre en kurde, fait référence à la fois à la menace d’avalanche qui déconnecte le village de Müküs du reste du monde et au Meds Yeghern (le grand désastre) de 1915, lorsque 1,5 million d’ArménienEs ont été déportés, tués ou forcés de quitter l’Anatolie. Le déplacement, la migration, la survie et la résistance sont les pierres angulaires des films et installations de l’artiste turque Pinar Ögrenci. (communiqué de presse)

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Henri Cartier-Bresson

Fonds Hélène et Edouard Leclerc, Aux Capucins, 29800 Landerneau, 02 29 62 47 78, jusqu’au 5 janvier 2025

Un des plus importants photographes français dont les tirages en noir et blanc saisissent avec une acuité et un art exceptionnel du cadrage la vie des gens, leur inscription sociale tout en leur donnant de la puissance par l’empathie qui porte le regard de l’artiste. Entre scènes de genre, paysages et portraits.

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Pierrick Sorin

Musée d’Arts de Nantes, 10, rue Georges-Clemenceau, 44000 Nantes, 02 51 17 45 00, jusqu’au 1er septembre

Un virtuose de la vidéo entre Keaton et Méliès, l’ironie et la magie. Parfois la virtuosité tourne un peu à vide et désamorce la poésie et l’humour. Mais il y a beaucoup de plaisir à passer de vidéo en vidéo. Profitez-en pour aller voir la très belle collection du musée.

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Power Pop - Imaginaires techniques & utopies sociales

Le Grand Café, 2 Place des Quatre Z‘Horloges 44600 Saint-Nazaire, www.grandcafe-saintnazaire.fr, jusqu’au 1er septembre

« Dévoiler de nouvelles perspectives en entremêlant imaginaires plastiques, récits spéculatifs et architectures idéales. Proposer une autre histoire des techniques, plus contextualisée et intimiste, proche de nos corps, de nos affects et soucieuse de l’environnement. En chassant les vents contraires aux utopies, Power Up invite à prendre soin de nos désirs d’un futur différent ». Ambitieux mais pas facile à tenir. Avec des artistes comme Laura Lamiel, Véronique Joumard, Tatiana Trouvé, Gina Pane ou Mierle Laderman Ukeles, et des architectes comme Le Corbusier, Yona Fridman ou Claude Parent. Cela donne envie d’aller voir ça de plus près !

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Musée Hèbre

63 avenue Charles De Gaulle, 17300 Rochefort, 05 46 82 91 60

Là aussi le syndrome olympique a frappé ! Voyez plutôt les très belles collections extra-européennes (Afrique, Océanie et Asie) en ces temps où les Kanak connaissent de nouveau la violence coloniale et les déportations en Nouvelle-Calédonie.

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Fabrice Hyber, Climat

Musée d’Art Moderne et Contemporain, rue de Verdun (sous la croisée de l'abbaye Sainte-Croix), 85100 Les Sables d’Olonne, 02 51 32 01 16, jusqu’au 29 septembre

Hyber fait partie de ces artistes qui, après une jeunesse « agitée », sont rentrés dans l’ordre institutionnel et devenus avec délice membres de l’Académie, cette assemblée de cadavres précoces ou séniles, qui semble tenter tant de nos « jeunes » rastignac. Le voilà artiste du « territoire » et vendéen gambadant entre le local et l’international, entre technologie et écologisme néo-libéral avec des expositions impliquant toujours un « retour sur investissement », sollicitant techniques de communication et de management. Il a incontestablement un savoir-faire en dessin et installation, le tout avec un mélange d’enthousiasme entrepreneurial et de cynisme gestionnaire. L’utopie est ici plus du côté de la Silicon-Valley que des ZAD. J’espère qu’il nous ne fera pas ici le coup de l’art « écolo-chouan ».

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SUD-OUEST ET PAYS BASQUE

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Fondation musée Jorge Oteiza-Aluzza

Pampelune, www.museooteiza.org

Un des grands sculpteurs basques, une des figures de la modernité européenne. Moins connu du grand public que Chillida mais d’une puissance et d’une subtilité extrême. À découvrir absolument.

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Musée Chillida Leku

San Sebastian, www.museochillidaleku.com

Eduardo Chillida est l’autre grande figure de la sculpture basque moderne et contemporaine. Un très bel ensemble de sculptures et de dessins à voir absolument.

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Nina Beier, Auto

CAPC, Musée d’art contemporain, 7, rue Ferrère, Bordeaux 05 56 00 81 50, jusqu’au 8 octobre

Lions en marbre, voitures de luxe télécommandées, toboggans-éléphants, fausse porcelaine chinoise : à partir d’objets glanés sur des plateformes en ligne, Nina Beier procède par juxtapositions et détournements pour révéler les mutations et paradoxes de nos archétypes culturels. Depuis plus de 15 ans, l’artiste explore les récits sous-jacents contenus dans les objets de consommation courante que nous produisons, acquérons, utilisons puis jetons. Nous n’avons pas vu l’exposition.

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Benoit Maire, Cronos

CAPC, Musée d’art contemporain, 7, rue Ferrère, Bordeaux 05 56 00 81 50, jusqu’en 2025

Benoît Maire « a sélectionné une centaine d’objets aux statuts et usages divers dans la collection du musée du Design de Bordeaux, la période temporelle de la collection, à savoir les 800 ans qui séparent le 13e siècle du 21e siècle. Partant du postulat que les objets du quotidien sont les témoins de notre rapport au monde, à la nature et à la technologie, Benoît Maire propose une traversée temporelle de notre relation obsessionnelle aux objets, faite d’entre-dévoration. À l’image du dieu grec Cronos qui avale sa progéniture.

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Sung Tieu & artistes de la collection, Amours systémiques

CAPC, Musée d’art contemporain, 7, rue Ferrère, Bordeaux 05 56 00 81 50, jusqu’en 2025

La logique de la grille est celle de la séparation et de l’ordre. Aussi peut-elle être vécue comme source d’apaisement, mais également outil oppressif. C’est cette ambivalence que l’artiste Sung Tieu souhaite questionner à l’aide de plusieurs œuvres de la collection du CAPC.