Le festival Ciné banlieue a été créé un an après les révoltes de 2005 et tient, du 8 au 17 novembre, sa 12e édition, intitulée « Lumières noires ».
Cette édition est consacrée à des films réalisés par des réalisatrices ou réalisateurs noirs ou interprétés par des actrices ou acteurs noirs. Il se tient essentiellement à Saint-Denis, à l’Écran, et dans deux autres salles parisiennes (le Comedy Club et l’UGC 19e).
Un long chemin parcouru
La présidente Aurélie Cardin a fait référence, pour introduire la session 2017, au premier film parlant de l’histoire du cinéma, le Chanteur de jazz, sorti en 1927, où un acteur blanc s’est grimé en noir pour interpréter son rôle. On mesure le chemin parcouru, fait d’avancées et de reculs, l’esclavage aux États-Unis comme la colonisation en France ayant construit le racisme et les discriminations dont sont victimes aujourd’hui les populations noires. La création artistique, cinématographique, noire, a toujours existé. Elle a ses héros, ses primés, mais elle a besoin de scènes pour se faire connaître. Le festival Ciné banlieue est une belle occasion.
La semaine a débuté avec, en avant-première, Une saison en France, de Mahamat-Saleh Haroun, cinéaste tchadien, déjà connu pour Bye-bye Africa, Un homme qui crie, Grisgris, Hissein Habré : une tragédie tchadienne. Hélas ce film est une déception. Le scénario ne tient pas, les personnages ne sont pas crédibles. La situation réelle des sans-papiers est si éloignée de celle, imaginaire, qui est mise en scène : Mahamat-Saleh Haroun rate sa cible.
Les Mariannes noires
Plusieurs films ont été rediffusés, Wallay sorti en juin 2017, Soleil Ô de Med Hondo sorti en 1973 et remasterisé cette année, qu’il faut revoir dès que l’occasion se présente, la Vie de château (août 2017) et l’Ascension (janvier 2017).
Une mention particulière au documentaire les Mariannes noires de Mame Fatou Niang, présenté au festival international de la diaspora africaine mais pas encore diffusé en salle ni à la télévision. Sept femmes noires, françaises, artistes, intellectuelles, qui racontent leur parcours, les blocages, les stéréotypes auxquels elle se sont confrontées, et font partager leur point de vue salutaire et décapant, provoquant ainsi le débat. On espère une large diffusion pour ce travail indispensable.
Enfin une des qualités de ce festival c’est son ouverture aux jeunes cinéastes qui se font les dents sur les courts métrages. Chaque année un appel à concourir est lancé pour la session suivante. Citons notamment 12 vues de Cannes de Sacha Wolff, qui confronte la parole de Cannois à l’image de la Croisette, les Princes de la ville de Souleymane Sylla ou Pablo de Julien Carpentier.
Jean-Marc Bourquin