Lux Éditeur, 2024, 136 pages, 14 euros.
En quelques pages, Enzo Traverso remet les pendules à l’heure. Il restitue la cohérence du discours politique de celles et ceux qui soutiennent la Palestine depuis toujours ; il restaure la légitimité du peuple palestinien à se défendre contre des décennies d’occupation, d’oppression, le droit de ce peuple à exiger de pouvoir vivre sur un territoire que l’État d’Israël n’a de cesse de lui contester, de lui confisquer.
Le fait que l’auteur enseigne aux États-Unis donne un éclairage singulier à son appréciation des questions d’antisémitisme : dans un pays où l’engagement des étudiantEs et intellectuelLEs juives et juifs aux côtés de la Palestine est massif, invoquer l’antisémitisme pour dénoncer le soutien à la Palestine est plus difficile !
Dans son livre, il pointe l’essentiel des affirmations des classes dominantes, des puissances occidentales, depuis le recours aux fausses nouvelles à l’usage fallacieux du concept d’antisémitisme associé à toutes les manifestations de soutien du peuple palestinien. Il retourne le stigmate et restitue la vraie victime, le peuple palestinien, et le bourreau effectif, l’État d’Israël, qui poursuit sa guerre d’annexion, de destruction massive.
L’auteur fait le point sur l’antisémitisme, rapporté à l’antisionisme, évoque de manière salutaire l’articulation entre « Violence, terrorisme, résistance », puis il revient sur le slogan « From the river to the sea » et lui restitue son sens premier et sa portée historique, comme étant l’expression de la volonté de vivre libre et à égalité, sur un territoire partagé via un État binational, dans la droite ligne de la charte de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). À lire pour avoir les idées claires, pour argumenter, pour convaincre !
Claude Moro