Publié le Mercredi 2 mars 2022 à 17h19.

Goscinny : « Scénariste, quel métier ! »

Musée d’Angoulême du 22 février au 20 mars 2022. Tarif 4 euros jusqu’au 17 mars puis accessible avec le pass du festival 2022.

En avant-première du 49e festival BD d’Angoulême (17 au 20 mars 2022), l’exposition « René Goscinny : scénariste, quel métier ! » a ouvert ses portes depuis le 22 février au musée d’Angoulême (vieille ville). Le père d’Astérix et de Lucky Luke se dévoile dans la première rétrospective intégrale de son œuvre !

Un scénariste exceptionnel à l’honneur

Le métier de scénariste sera enfin à l’honneur pour cette 49e édition du festival et qui mieux que René Goscinny pouvait représenter ce travail de scénariste1. Cette rétro­spective exceptionnelle déroule les secrets de la poétique goscinnienne, le caractère polygraphe de son œuvre, et les coulisses de ses collaborations avec les plus grands dessinateurs du 9e art.

Goscinny et Angoulême, c’est déjà une vieille histoire puisqu’une rue porte son nom, un Fauve (prix) porte également son nom, avec également une fresque murale géante. Mais c’est la première fois qu’une rétrospective inédite révèle les secrets de fabrication de celui qui a marqué à jamais l’art de la bande dessinée. De ses péripéties américaines à ses collaborations étroites avec Albert Uderzo, Morris ou encore Gotlib, ce sont plus de deux décennies d’écriture frénétique que retrace cette exposition exceptionnelle. Une période au cours de laquelle René Goscinny a imaginé plus de 450 scénarios de bande dessinée.

L’histoire de René Goscinny ne commence pas à Angoulême, mais à Paris, en 1926, et se poursuit en Argentine où il passe sa jeunesse bien qu’il revienne toujours en Charente ou dans les Deux-Sèvres pour se ressourcer ainsi que le montre le troisième étage du musée. Il dessine beaucoup (des caricatures et de l’humour) mais à la mort de son père, il part tenter sa chance à New York où il fait des rencontres importantes mais ne place pas grand-chose. Retour en Europe où il rencontre le dessinateur Uderzo qui a du mal à raconter des histoires (l’inverse de Goscinny), et c’est parti pour une aventure qui ne cessera qu’en 1977 à la mort du scénariste.

À la découverte du génie goscinnien

Astérix2, Lucky Luke, Iznogoud, Le Petit Nicolas, Les Dingodossiers... Ces bandes dessinées font partie intégrante du patrimoine. Si beaucoup ont déjà fait l’objet d’une exposition, ce n’était jusqu’à présent pas le cas du travail de scénariste de René Goscinny (1926-1977). L’exposition met ainsi en lumière le caractère de l’œuvre de Goscinny, qui en fait l’un des dignes héritiers des feuilletonistes du 19e siècle. Elle révèle également les ressorts de son écriture, l’équilibre entre les personnages et un sens du découpage imparable.

Enfin, ce parcours à la découverte du génie goscinnien se penche sur l’un des aspects les moins connus de sa carrière et peut-être le plus important pour le 9e Art, à savoir son implication dans la lutte pour les droits d’une profession aux contours encore flous. Quand Goscinny débute, le scénariste est payé de la main à la main par l’éditeur et parfois par le dessinateur. Il n’y avait pas de trace, pas de reconnaissance, pas de droits sociaux ni de retraite. Le combat de Goscinny et de ses camarades a débouché sur une charte des droits d’auteur qui a participé de la reconnaissance de la bande dessinée comme un art à part entière.

Il est certain que celles et ceux qui viendront une ou deux journées en avance du festival verront tranquillement l’exposition car après, ça sera la cohue… comme le souhaitent à juste titre les organisateurs.

  • 1. L’auteur de ces lignes a également un petit faible pour le regretté Jean Michel Charlier (Buck Danny, Barbe-Rouge, Blueberry ou la Patrouille des Castors).
  • 2. Sur les murs du musée est exposé le premier scénario de la première planche du synopsis d’Astérix le Gaulois ainsi que la note préparatoire manuscrite.