Publié le Mercredi 15 juin 2022 à 12h09.

Impact, d’Olivier Norek

Éditions Pocket (première édition chez Michel Lafon), 312 pages, 7,40 euros.

Face au réchauffement climatique, à l’état de la planète et à la responsabilité des humains – enfin du 1 % qui semble décider de son avenir, Olivier Norek est en colère. C’est avec ce sentiment que Virgil Solal, le héros de son dernier roman, Impact, s’adresse à sa prisonnière, responsable financière à la BNP : « Vous cochez toutes les cases les plus sales : charbon, pétrole, bitumineux, gaz de schiste et forage en pleine mer. C’est comme si vous cherchiez à nuire volontairement. Juste après l’accord de Paris, […] les grandes banques ont immédiatement augmenté leurs investissements dans les énergies fossiles et baissé ceux des énergies renouvelables. C’est quoi votre problème ? »

Cris d’alarme

Polar, manifeste, réquisitoire ? Le dernier opus du romancier est tout cela. On y retrouve les interrogations citoyennes qu’il avait mises en avant dans Entre deux mondes, son polar empreint d’humanisme, qui se déroulait dans la « jungle » de Calais (l’Anticapitaliste n° 548).

La réponse à la question posée par le responsable de l’association Greenwar à sa prisonnière est, comme de juste, l’argent, la soif de profits des entreprises capitalistes. Ce qui avait déjà été le constat de Virgil Solal (assassin, soldat perdu, écoterroriste, écologiste radical) devant son précédent « invité » le patron de Total. S’il précise que les propos et actions de son personnage « n’engagent que lui », Olivier Norek s’inquiète qu’à « ne pas entendre les cris d’alarme, certains le façonnent déjà ».

Face à cet ancien militaire et ancien flic, il y a un policier d’expérience, Nathan, par ailleurs père d’une adolescente qui lui a glissé, avant de s’endormir : « Je sais qu’à la fin, tu feras ce qui est juste », et Diane, une profileuse agoraphobe. Et c’est leur engagement, leurs interrogations sur le bien et le mal, sur les limites de la désobéissance civile devant l’égoïsme des dirigeants du monde qui accompagnent les lecteurEs tout au long du livre. Les lecteurEs et, avec eux, peu à peu, via les réseaux sociaux, des milliers, des millions de personnes solidaires de l’engagement de Virgil Solal et qui, de place en place, de manifestation en manifestation arborent, aux quatre coins de la planète, le masque au panda balafré du groupe Greenwar.

« La violence, elle vient d’où ? »

Après une première partie, axée sur l’enquête, la seconde, qui narre le travail des avocats du soldat de l’écologie, nous entraîne vers un roman-procès, comme il y a des films de procès. Et là, dans une langue toujours aussi directe, le réquisitoire est sans concession, et, c’est là aussi la grande force d’Impact : Olivier Norek ne cite que des faits réels, inondations, sécheresses et leurs cortèges de réfugiéEs climatiques, incendies géants ou glissements de terrains. Mais il va plus loin que la liste, éprouvante, des catastrophes et des millions de victimes avérées ou à venir, il les entrecoupe de rappels des décisions et déclarations de responsables de groupes pétroliers, bancaires, voire de responsables politiques, démontrant au passage leur égoïsme et leur nocivité.

Ainsi, les avocats organisent leur défense comme une réponse à la question de la fille de Nathan, partagée par une partie de plus en plus grande de la population : « Je sais que la violence ne résout rien, mais, réellement, la violence, elle vient d’où ? »

Sous le regard des millions d’internautes, les autorités font tout pour éviter un procès public, et empêcher que les peuples ne s’emparent du cri emprunté à Chico Mendes (défenseur de la forêt amazonienne assassiné en 1988 par des grands propriétaires) : « L’écologie sans la révolution, c’est du jardinage ». Mais plus rien ne pourrait être comme avant.

Si l’épilogue nous semble par trop naïf, Olivier Norek, avec ce roman écrit entre la première vague du Covid et la COP26, nous pose frontalement la question : « Vous pensiez qu’on allait faire des sit-in et chanter pour la planète encore combien de temps ? » La parole est aux lecteurEs.