Véronique Decker est très claire dans son constat : année après année, tout empire dans le système scolaire. C’est un véritable crève-cœur pour cette passionnée de l’enseignement.
Comment concilier son empathie pour le genre humain, particulièrement les enfants, avec le sabotage délibéré en cours ? Véronique, directrice d’une école élémentaire dans le 93, est aux premières loges. À l’image de Célestin Freinet, dont elle a repris les principes pédagogiques, elle sait que les petits groupes, et donc un minimum de moyens, sont indispensables pour assurer les apprentissages... a fortiori quand les enfants de gaulois sont scolarisés ailleurs et que les disparités de niveau, d’origine, de langue sont réunies dans la même école avec pour dénominateur commun... la pauvreté.
Sape du service public
La ghettoïsation et l’apartheid sont à l’œuvre. La sape du service public est bien avancée quand les parents, précaires, noyés dans les difficultés de la survie quotidienne ne s’aperçoivent même pas que l’instit malade n’est pas remplacé, que le psychologue a en charge maintenant trois groupes scolaires... alors que certains enfants sortent tout juste de zones de guerre, traumatisés.
Freinet a reçu dans son école des petits républicains espagnols dans les années 1930, puis des enfants qui fuyaient l’Allemagne nazie, puis des enfants juifs, puis des rescapés des camps… Il les faisait travailler en petits groupes, il leur faisait reprendre confiance en eux-mêmes par une pédagogie non coercitive, privilégiant les ateliers de création libre.
« On s’en sortira tous ensemble ou pas du tout »
On comprend que Véronique ait choisi ce modèle de pédagogie. On comprend sa colère face ce vaste gâchis à l’heure du chacun pour soi : « Freinet ne parle pas de réussite. Il parle de réflexion, d’émancipation et de solidarité. Je crois à ça. On s’en sortira tous ensemble ou pas du tout. »
Les Macron et autres Blanquer (actuel ministre de l’Éducation nationale, ancien prof de droit, qui n’a jamais enseigné ailleurs qu’à l’université) ne connaissent pas l’école, ne se doutent pas une seconde des problèmes rencontrés par Véronique et ses collègues. Pire : ils n’aiment pas les gens, les vrais, ils n’aiment pas l’école publique et tant qu’ils le pourront, ils la démantèleront. Peut-être faudrait-il les (ré)éduquer…
Venez rencontrer Véronique à La Brèche le vendredi 13 octobre à 18 heures
Elle nous présentera son livre l’École du peuple, et nous pourrons discuter avec elle de toutes ces questions.
L’équipe de la librairie La Brèche