Publié le Mercredi 18 janvier 2023 à 15h33.

Les survivants, de Guillaume Renusson

Film français. 1 h 34 min, sorti le 4 janvier 2023.

«Pourquoi tu fais ça, avec moi ? Parce que t’as besoin d’aide... »

Lui, Samuel (Denis Ménochet), un homme simple, bourru, dont on comprend tout de suite qu’il navigue en plein drame familial. Il part s’isoler dans son chalet, au cœur des Alpes enneigées. Elle, Chehreh (Zar Amir-Ebrahimi), une femme aux abois, traquée par la police qui veille à ce qu’elle ne passe pas la frontière pour trouver asile en France. Un matin, alors qu’elle quitte le chalet où elle s’est réfugiée pour la nuit, il la retrouve dans le sous-bois, transie de froid.

Que la montagne est belle

Leur périple commence là. Elle d’abord méfiante. Lui, que cette présence vient contrarier dans sa retraite solitaire. En peu de mots, en un instant, il décide de l’aider, elle qui lui demande simplement son chemin. Il sait que, seule, elle n’y parviendra pas, face à la violence des humains, au travers d’une nature hostile.

De ces deux dangers, le réalisateur nous donne à voir des visages opposés. Les nervis, petits et laids, incarnent la haine qui passe à l’action — parce qu’on est chez nous quand même. La montagne, splendide et grandiose, sert d’écrin magnifique au drame qui se joue. La puissance des paysages éclate à l’écran, servie par une lumière somptueuse et une musique très juste (Rob). Nature hostile qui peut broyer les frêles fuyards, mais n’est-ce pas elle qui va les ­transcender, les armer de force et de courage ?

Une solidarité organique

Ici, la solidarité ne se discute pas. En montagne, c’est comme en mer, on ne marchande pas son engagement pour sauver qui est en danger. C’est ainsi, dès l’instant où Samuel décide d’aider Chehreh, que l’on comprend qu’il fera tout pour la sortir de ce mauvais pas. Plus encore, lorsque la dure montée au travers de la forêt s’impose, pour éviter les chemins trop peu sûrs, Samuel donne ses gants à Chehreh, lui signifiant que sa vie, à elle, vaut autant, sinon plus, que la sienne, à lui.

Là commence la construction d’une relation de confiance qui va prendre forme peu à peu, simple et sincère, d’une puissance infinie, d’une pureté cristalline. Incarnation du bien et de la vertu ? Ils ne peuvent donc que triompher, comme l’illustre la plus belle image du film, l’équipage incertain des deux héros, soudés l’une à l’autre, tel un unique être informe, avançant d’un seul pas, lent et difficile, au travers d’une époustouflante étendue de neige profonde.