Mini-série en 6 épisodes. Disponible sur arte.tv jusqu’au 21 août 2024.
Le vol d’enfants est souvent présenté comme une composante structurante des dictatures militaires du 20e siècle. Malgré la mise à jour difficile et récente de ces pratiques en Espagne franquiste, en Argentine ou au Chili, elles sont maintenant largement documentées, apparaissent dans des films, tel le très percutant Madres paralelas de Pedro Almodovar.
Vols d’enfants
Little Bird nous montre que, selon des modalités formellement réglementaires — légales ! — la même ignominie fait partie de l’arsenal raciste des « grandes démocraties » d’Amérique du Nord. « Au Canada, une jeune femme issue des Premières Nations cherche sa famille d’origine. La série canadienne “Little Bird” raconte sur fond de quête identitaire la “rafle des années 1960” au Canada : plus de vingt mille enfants des communautés autochtones furent arrachés à leur famille pour les assimiler à la culture dominante. »1
Le Canada et les États-Unis ont ainsi usé de procédés du même type, arrachant à leurs familles des milliers d’enfants autochtones, pour ensuite les proposer à l’adoption, au motif fallacieux que leurs parents seraient coupables de « négligence éducative ».
Une création autochtone
Little Bird, prix du Public à Séries Mania 2023, est une œuvre sobre et puissante, témoin d’une Amérique qui n’a pas réussi à éliminer toute trace culturelle des peuples autochtones. Portée par une actrice solaire, Darla Contois, appuyée sur la musique de Jason et Nadia Burnstick2, réalisé par Zoe Leigh Hopkins3, connue pour promouvoir une création autochtone, la série en est une preuve vibrante, qui vous fera pleurer, c’est sûr, et aussi, sans doute, renforcera votre détermination à lutter contre l’impérialisme nord-américain et ceux qui s’en inspirent !
Claude Moro