De Bill Polhad, avec John Cusack, Paul Dano et Elizabeth Banks. Sortie le mercredi 1er juillet.
Les premiers succès des Beach Boys – Surfin’, Surfin’ Safari, Surfer Girl, I Get Around... – sont assimilés à une tendance rock « légère » californienne représentant l’idéal du rêve américain (surf, soleil et plage). Mais très vite, on s’aperçoit que les textes des chansons sont à double sens, les harmonies très travaillées, et les arrangements complexes et ambitieux.
De l’autre côté du monde occidental, les Beatles élaborent également un nouveau genre. Après les succès de Rubber Soul et de Revolver des Beatles, Brian Wilson, fondateur des Beach Boys, veut faire mieux. Il délaisse frères et cousins qui composent leur groupe pour s’enfermer en studio et tenter de créer le « son parfait ». Pour cela, Brian plonge dans le monde de la drogue qui le désinhibe et le libère de l’influence d’un père tyrannique.
Un concept-album en sortira, Pets Sounds, unanimement salué par la critique et par les Beatles eux-mêmes qui répliqueront avec le fameux Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Dès lors, Brian n’a de cesse de produire l’album absolu, Smile, de mettre sur disque toute cette beauté étrange qui ronge sa tête. Ce Brian là a les traits de l’acteur Paul Dano qui incarne un jeune adulte assez poupin et immature, mais qui dirige néanmoins de main de maître des enregistrements d’orchestre à vents, cela avant de plonger dans une profonde dépression.
Les deux faces du miroir
De 1967 jusqu’au milieu des années 1980, sous l’influence de docteurs qui en veulent surtout à son argent, Brian alterne crise et maison psychiatrique avant d’amorcer une lente rédemption. John Cusack interprète le Brian vieilli de 1985 (son frère Denis s’est suicidé en 1983...), toujours sous l’emprise d’un docteur gourou maléfique. Aidé par l’amour d’une jeune femme, il parvient à se débarrasser du docteur et de son entourage qui le maintiennent dans l’asservissement à coup de cachets et revient à la vie et à la musique.
Ce n’est pas la partie la plus intéressante du film mais ce dernier n’étant pas construit linéairement, cela n’en altère pas le souffle. Le scénario repose en effet sur l’alternance entre les deux faces du miroir : les pics psyché et créatifs de 1965 et la lente renaissance des années 90. Le tout sur une partition musicale d’une exceptionnelle qualité qui mérite au moins une salle équipée du son « dolby ».
Sylvain Chardon