Musicien progressiste et avant-gardiste, l’Américain avait révolutionné l’art de la guitare dans le jazz, en mariant des éléments de rock, de blues et de free jazz. Larry Coryell était l’un des deux guitaristes essentiels du jazz fusion avec John McLaughlin. Il est mort le 19 février dernier à l’âge de 73 ans à New York.
Le musicien américain venait de donner deux concerts à l’Iridium, un club de jazz new-yorkais. Parmi les nombreux albums de ce musicien qui a renouvelé l’art de la guitare jazz, citons Spaces (1969), sur lequel jouent avec lui le pianiste Chick Corea et John McLaughlin ou Barefoot Boy (1971), autre référence majeure dans son œuvre.
En 1973, il avait fondé The Eleventh House en compagnie, notamment, du batteur Alphonse Mouzon. Ce groupe restera comme l’un des groupes phares du genre avec Weather Report de Wayne Shorter et Joe Zawinul, Chick Corea et Herbie Hancock.
En 1979, le trio de guitare d’anthologie qu’il forma avec Paco de Lucia, maître du flamenco, et John McLaughlin connut un grand succès dont il reste des enregistrements historiques. En proie à des problèmes avec la drogue, Larry avait dû être remplacé au début des années 1980 par Al Di Meola.
En 2007, il écrivit une émouvante biographie, Improvising : my life in music (non traduite en français) où il expliquait comment, avec McLaughlin, ils voulaient être « les leaders d’un mouvement combinant le jazz dans toute son intégrité avec l’excitation du rock ».
Au fil des ans, la musique de Larry avait gagné en abstraction et accompagnait ses croyances boudhistes. Il était néanmoins resté un militant discret des droits civiques aux États-Unis. Il aborda directement cette question dans son album Montgomery (2011).
Coryell était reconnaissable à ses lunettes à montures noires épaisses qu’il garda tout au long de sa carrière. Un peu oublié en Europe, il gardait une grande notoriété au Japon et toutes ses apparitions à New York étaient attendues avec ferveur par ses fans. Adieu Larry.
Sylvain Chardon