Éditions Grasset, 304 pages, 21,50 euros, à paraître le 16 août.
Ce roman se déroule en Italie, à Florence pour l’essentiel, en 1557. Une année qui commence mal, avec la mort d’un peintre renommé, Pontormo, qui avait été choisi pour peindre une fresque dans une église. Visiblement il vient d’être assassiné alors qu’il n’était pas loin d’achever son œuvre. Suspens car on ne sait pas qui est l’assassin, ni pourquoi cet assassinat. Alors une enquête est menée. Mais à cette époque, il n’y a visiblement pas vraiment de commissaire de police. Le pouvoir en place, en la personne de Cosimo de’Medici, le duc du coin, confie cette mission à son conseiller Vasari, artiste peintre lui aussi par ailleurs.
Au fil des pages, plusieurs personnages vont entrer en scène, des personnages historiques pour la plupart. Il y a la sœur du duc, Catherine de Médicis, qui est quand même la reine du royaume de France, Maria la fille de la duchesse et du duc, Strozzi le cousin maréchal, tous ou toutes de la même famille mais pas tout à fait du même clan. Il y a le pape de l’époque Paul V, une autre duchesse d’une famille noble espagnole. Et puis il y a d’autres artistes peintres, sculpteurs, orfèvres, dont Michel-Ange qui vit à Rome, très âgé mais qui travaille encore à la Basilique Saint-Pierre. Enfin d’autres personnages, moins titrés, moins renommés, comme Plautilla et Catherine, deux sœurs d’un couvent, Malatesta le page du duc ou Marco un ouvrier dont la spécialité est de broyer les couleurs pour les artistes peintres. Voilà pour le décor et les personnages.
Échange de lettres
L’intrigue se construit d’une manière originale. Nous avançons dans l’histoire, petit à petit, jour après jour, semaines après semaines, grâce à la lecture de lettres échangées entre les différents personnages. Il y a évidemment plusieurs suspects, des doutes et des mystères. Cette recherche du coupable est importante, c’est le fond de l’histoire, c’est une chose. Mais ce qui est plaisant en plus dans les polars qui se déroulent dans des époques lointaines, c’est d’entrer dans l’histoire avec un grand H. Certes il s’agit d’un roman, donc d’une histoire inventée mais dans un cadre historique déterminé, dans une ville et avec des personnages réels. C’est l’époque des intrigues et des guerres entre royaumes mais aussi l’époque de quelques grands peintres de la Renaissance comme Michel-Ange, d’autres moins illustres, avec l’apparition de nouvelles techniques et la réflexion sur de nouvelles expressions artistiques.
Des ouvriers de la couleur, des oppriméEs suspects
Il faut savoir que derrière ces artistes célèbres, reconnus par le pouvoir de l’époque il y avait des ouvriers anonymes qui par exemple leur préparaient les couleurs, entre autres exploités qui luttaient pour faire respecter leur travail, leur savoir-faire, avec des revendications multiples. On y apprend notamment qu’au 15e siècle, il y avait des moments de luttes de classes, ces spectres qui hantaient les possédants l’époque, des révoltes insurrectionnelles qui avaient permis à ce prolétariat d’obtenir des droits, au moins temporairement.
Finalement, même à 400 ans d’écart, les époques se ressemblent, l’oppriméE, révoltéE ou pas, la femme religieuse ou pas, deviennent vite des suspectEs, menacéEs, pourchasséEs ou enfernéEs par le pouvoir. Mais bon, pas question non plus de tout dévoiler ici. Pour les détails de l’affaire et pour connaitre le nom de l’assassin, il sera incontournable de lire ce roman à sa sortie dès la mi-août. Cette découverte de la Florence de la Renaissance, avec ses peintres et ses intrigues, sans y séjourner, c’est franchement un peu comme un air de vacances.