Publié le Dimanche 3 décembre 2023 à 09h00.

Solidarité animale, défaire la société spéciste, d’Axelle Playoust-Braure et Yves Bonnardel

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Éditions La Découverte, 2020, 192 pages, 19 euros.

Asservir, tuer, torturer. En théorie, chacunE considère ces pratiques inhumaines. Pourtant, chaque année, ce sont plus de 1 000 milliards d’êtres vivants qui sont tués dans des conditions révoltantes. Inhumaines donc, mais au sens « pas sur des humainEs », ou parce qu’en tant qu’humainEs nous en comprenons l’immoralité et devrions les interdire sur tout être capable de ressentis ? Solidarité animale nous amène à découvrir en quoi le spécisme est une question sociale fondamentale.

Enfermer ou exploiter le corps d’unE autre parce qu’iel nous semble inférieurE. Sur le papier, nous sommes toutEs d’accord pour dire que ces comportements doivent être combattus, et c’est d’ailleurs cette ferme conviction qui guide bon nombre de nos luttes. Le racisme ou le sexisme sont des fléaux. Mais quid des animaux ? Des animaux « non humains », préciseraient les auteurEs. Pourquoi choisir de les extraire de cette évidence morale ? Alors que la science a, depuis longtemps, prouvé qu’ils étaient capables de souffrir, de ressentir, de comprendre le bien-être ou l’ennui, pourquoi continuer à fermer les yeux ? Décider que l’être humain est supérieur parce que plus « capable », c’est accepter un ensemble de dérives d’un autre âge. Pas étonnant d’ailleurs de lire que les plus fervents défenseurs de la chasse, de la corrida ou du sacro-saint barbecue sont majoritairement des hommes, de « droite extrême » au minimum.

Intégrer que chaque être doit avoir des droits et que notre capacité à penser doit nous pousser non à objectiver les animaux mais, au contraire, à penser un monde juste pour toutEs, c’est un premier pas vers l’antispécisme. Loin d’être moralisateur, ce livre nous oblige à une vraie remise en question de nos habitudes individuelles, tout en développant les raisons pour lesquelles un changement radical de nos sociétés ne passera que par une prise de conscience collective. La viande étant encore associée à une idée de richesse, de puissance, voire de bonne santé, c’est toute notre culture qui est à revoir, afin de la rendre plus égalitaire.

Alors que végétarienNEs et véganEs sont encore souvent marginaliséEs, il est important d’inverser la tendance, non par souci écologique, mais bien par solidarité pour les animaux qui ne peuvent se défendre et faire évoluer eux-mêmes les mentalités. Parce que, ce livre nous le prouve, la convergence des luttes passera par l’antispécisme, aussi.