Des régions entières du monde sont dévastées par la mort, d’autres se protègent en s’isolant – le Japon a fait sécession, interrompant tous ses échanges avec le monde – ou en interdisant toute relation sexuelle. Seules sont autorisées les relations entre les individus privilégiés et une « caste de courtisans officiels ».
On envoie en camps d’extermination les personnes suspectées d’avoir contracté la maladie, soit qu’elles aient eu des relations sexuelles interdites, soit qu’elles aient été blessées. Une égratignure entraîne la mort.
Une dictature appuyée sur l’Église a été mise en place, empêchant toute parole démocratique, seul le travail et les plaisirs avec des corps en plastique sont permis. Une minorité de privilégiés vit dans Paris, sous le soleil, le climat étant sous contrôle dans cette zone, tandis que les autres parties du monde doivent subir le mauvais temps, la neige, les tempêtes.
Le Grand Dé estime, lui, qu’il est possible d’atteindre une immunité collective, en répandant le virus le plus vite possible dans une communauté afin de le faire muter vers une déclinaison qui protège les personnes infectées. L’État traque ses soutiens et touTEs celles et ceux qui contestent son autorité, ses chaines télévisées sous contrôle, sa police et son armée.
Tanatha est régulatrice, elle est chargée de « désactiver » les personnes dont la vie est arrivée à expiration.
Patrick Cothias, le maître de la bande dessinée historique, avec la série Les 7 vies de l’épervier, a créé avec Dominique Hé un monde sordide, centré autour de la maladie et où la mort est omniprésente. Les réactions nécessaires face au « fléau » ont conduit à un pouvoir dictatorial pour lequel la lutte contre le virus n’est plus que le prétexte pour garder son contrôle sur la population. Il fustige les homosexuels, les relations charnelles et tous les « déviants ». Il n’a plus comme objectif que de maintenir au pouvoir une dizaine de dirigeants au service des privilégiés de la petite ceinture. Notre-Dame a été relookée – après un incendie ? – et les vêtements de l’Ancien régime sont remis au goût du jour.
La série, sortie en 1992, est d’une étonnante actualité. Dans Tanatha, il n’y a pas de confinement, mais une surveillance permanente, avec une carte de vie, une omniprésence policière et militaire, la fermeture des frontières, un espace où une minorité connait une vie privilégiée tandis que les pauvres survivent dans des banlieues où les murs sont décrépis et la saleté et la violence omniprésentes.
Cela conduit à réfléchir à quelles extrémités un pouvoir peut être amené par les événements, en quoi l’enchainement des mesures pour protéger les citoyens peut mener à la fuite en avant, de l’enfermement, la surveillance et la répression généralisée.
Hélas cette série est épuisée et non disponible en PDF, mais les tomes peuvent encore être trouvés d’occasion.