De Rodrigo Pla, avec Jana Raluy, Sebastian Aguirre Boëda et Hugo Albores. Sortie le mercredi 30 mars.
Le film se passe au Mexique, mais on n’y voit ni trafiquant de drogue ni paysan indien. Sonia Bonet est blanche et correctement habillée : pas le genre de gens qui crée des problèmes comme le fait remarquer à un moment un autre personnage. Elle vit avec son mari et son fils dans un appartement confortable. La famille a assez de moyens pour être affilée à une assurance maladie privée (nécessaire pour compenser l’insuffisance du système public) dont elle tient le dossier avec soin. Le cancer du mari s’aggrave, il a besoin d’un médicament onéreux. Le médecin référent de l’assurance maladie refuse de le prescrire et même de la rencontrer. Elle se lance à sa recherche, et finit par brandir un revolver. Pour se justifier, il lâche que sa hiérarchie lui demande de rejeter une certaine proportion de dossiers… et le thriller, parfois filmé comme un documentaire, nous conduit à toute vitesse à travers la ville à la recherche du responsable dont la signature pourra débloquer le médicament.
Rodrigo Pla, dont un précédent film, la Zona, montrait la violence que pouvaient déployer les habitants aisés d’une zone résidentielle fermée, se distancie dans une interview au Monde du « thriller à l’américaine, où il y a toujours cette idée qu’il suffit d’extirper l’élément corrompu pour que les choses reprennent leur cours normal. Nous estimons au contraire que c’est la société dans son ensemble qui est corrompue, en tant que système. Il n’y a rien à sauver »...
Henri Wilno