Publié le Dimanche 19 mars 2017 à 12h42.

Un président ne devrait pas faire ça !

Fondation Copernic, Éditions Syllepse, 2017, 8 euros. 

Le sous-titre de la dernière note de la Fondation Copernic est précieux : « inventaire d’un quinquennat de droite ». La lecture de ce petit ouvrage met donc en évidence l’ampleur de l’offensive néolibérale et du tournant néo­conservateur du président Hollande et de ses gouvernements, particulièrement utile en cette époque des promesses électorales... Car sous le déluge d’attaques de toutes sortes, véritable stratégie du choc néolibéral, on aurait pu finir par ne plus prendre la mesure de ce qui s’est passé en cinq ans.

Après avoir dénoncé « les 23 renoncements, voire trahisons », cette note énumère, au regard de la politique conduite par la droite au pouvoir, ce que les équipes Hollande-Ayrault et Hollande-Valls ont fait de pire, de mieux (très peu de choses...), ou d’identique. Et le bilan est un désastre pour celles et ceux d’en bas : 2 % du PIB donné aux patrons avec le Pacte de responsabilité et le CICE, la hausse de la TVA, la casse du code du travail, la criminalisation du mouvement social, l’ouverture à la privatisation de la Sécurité sociale.

Sans prétendre à l’exhaustivité, l’ouvrage détaille, au-delà de telle ou telle mesure, à quel point ces gouvernements se réclamant de la « gauche » ont repris le discours idéologique de la droite, voire de l’extrême droite, ce qui a pour effet de pousser cette dernière encore plus à droite.

Il permet de revenir sur les enchaînements au gré desquels se fit la politique Hollande, de comprendre pourquoi cette permanence dans la construction d’une Europe libérale, pourquoi tant de cadeaux sans contrepartie pour les entreprises, pourquoi cet abandon des sans-logis, des précaires, des syndicalistes, et ce creusement constant des inégalités, pourquoi la reprise de la mesure d’extrême droite, la proposition de « déchéance de nationalité », qui est par bien des aspects le moment ­symbolique du quinquennat.

Patrick Le Moal