Publié le Jeudi 29 septembre 2016 à 18h16.

Z la revue itinérante d’enquête et de critique sociale n°10 : Marseille. Bonnes femmes, mauvais genre

Voila un projet éditorial étonnant, celui lancé par l’équipe de la revue Z. Pour chaque numéro, la revue pose ses valises dans une ville différente. Une fois installés, ils mènent l’enquête et racontent à leur façon le territoire dont ils se sont emparés, donnant chaque fois la parole aux alternatives locales, aux expérimentations, mais aussi aux histoires locales. Ils regardent alors le monde depuis leur nouveau port, où ils jettent 'l’encre' le temps d’un numéro. Reportages, chroniques, bédés, interview se côtoient dans un joyeux bazar éditorial.

Après Thessalonique, Vénissieux ou encore Toulouse, la revue pose cette fois-ci ses valises à Marseille. Et cette ville, ils vont la regarder du côté des femmes. Les auteurs rappellent que leur enquête a été menée peu après que la mairie des Marseille eut décidé d’inviter Jean-Marie Bigard, humoriste connu (entre autres) pour son sketch « le lâcher de salopes », à se produire à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Ambiance…

Au fil des pages, cette copieuse revue (220 pages) nous raconte l’histoire des « cagoles », filles de l’immigration italienne qui travaillaient vêtues d’un Cagoulo (une cagoule ou un tablier) et qui devaient parfois se prostituer pour survivre tant les salaires étaient bas. On nous raconte l’organisation d’une marche de nuits des femmes et de personnes trans, suite au viol de l’une d’entre elles. On croisera encore des militantes du Planning familial, des femmes de chambre travaillant dans l’hôtellerie de luxe, une émission de radio animée par un collectif non mixte, des assistantes maternelles, des musiciennes (puisque les gentilles filles vont au paradis, les autres montent sur scène). On lira encore un article sur la GPA, le marché mondial des ventres, qui dissèque les enjeux sociaux et financiers des pratiques de « mères de substitution » et des « parents d’intention ».Un voyage un peu triste et parfois même désespérant... mais on attend déjà avec impatience la prochaine destination de la revue itinérante.

Pierre Baton