Publié le Mercredi 8 février 2017 à 14h01.

Touche pas à ma ZEP ! Bilan d’étape et perspectives

Lancé il y a neuf mois, le mouvement auto-organisé « Touche pas à ma ZEP » n’a cessé de se développer. A travers plusieurs journées de grève et différentes actions, il a commencé à se faire entendre à l’échelle du pays, obligeant même la ministre de l’Education nationale à lui répondre.

Il y a cinq ans, alors qu’il était candidat, Hollande fustigeait « la finance » qu’il déclarait son « ennemi »  et affirmait faire de l’éducation sa « priorité ». Foutaises, comme pour l’ensemble de sa politique. Il n’aura eu de cesse de donner des gages au patronat et aux actionnaires. Et concernant l’éducation nationale, il a mis ses pas dans ceux de Sarkozy en termes de pertes de postes et d’augmentation de la précarité.

Mais le PS au pouvoir n’a pas fait que suivre le cours du gouvernement précédent en étranglant les services publics, dont celui de l’éducation. Il a aussi mis en place tout un dispositif de mesures déstructurant les équipes pédagogiques au motif du bien-être des enfants, comme la réforme des rythmes scolaires dans les écoles maternelles et élémentaires, et renforçant encore les inégalités sociales, comme c’est le cas de la réforme du collège1 et avec la sortie injustifiée de nombre d’établissements scolaires du dispositif d'éducation prioritaire. Tel est le sens de la « refondation » de l’école et de l’éducation prioritaire annoncée début 2013 par Vincent Peillon, alors ministre de l’éducation nationale.

C’est en 1981 que le dispositif « éducation prioritaire » a été mis en place sous François Mitterrand. Mais l’idée de donner plus aux quartiers populaires où se propageait déjà la misère sociale avait vu le jour à partir des travaux de Pierre Bourdieu, pour devenir dans les années 1970 une revendication syndicale : moins d’élèves par classe, des moyens pour mettre en œuvre des projets, des activités que la seule bonne volonté des équipes enseignantes ou même des parents ne pouvait financièrement assumer, des primes aux enseignants afin d’inciter à rester dans ces écoles et établissements pour stabiliser les équipes.

Mais ces quelques miettes sociales auront eu une vie bien courte car dès les années 2000, le dispositif a été remis en cause. Les sigles se sont alors succédé, faisant intervenir de plus en plus souvent les notions d’« ambition » et de « réussite », mais grignotant surtout, un peu plus à chaque fois, les moyens supplémentaires. La refondation de l’éducation prioritaire initiée par Peillon, non remise en cause ensuite par Hamon et poursuivie par Najat Vallaud-Belkacem, est en train d’anéantir ce qu’il reste des anciennes ZEP (zones d’éducation prioritaire).

Il y a deux ans, le travail de sape était amorcé dans les écoles et les collèges. Après avoir fait passer la réforme des rythmes et celle du collège, le gouvernement n’a pas annoncé dans la foulée la disparition de l’éducation prioritaire mais des reclassements : dans certains quartiers, des collèges et des écoles ont été sortis d’autorité du dispositif, avec comme justification le fait que cela permettrait de donner plus à des établissements déjà classés mais se trouvant dans une situation jugée alarmante, les REP+ (le REP, qui a remplacé la ZEP, est un « réseau d’éducation prioritaire »).

Mensonge, d’une part, puisqu’il y a eu si peu de moyens en plus que les enseignant-e-s classé-e-s REP+ se sont eux-mêmes nommés les « rien en plus ». Démonstration exemplaire, d’autre part, de la mise en concurrence des quartiers populaires, des enfants de la classe ouvrière. Deux ans plus tard, les « sortants » des anciennes ZEP périclitent tandis que ceux restés REP voient leurs effectifs scolaires augmenter d’année en année.

 

Genèse et développement d’un mouvement

 En 2014, des mobilisations se sont produites dans les collèges et les écoles, rejoints par les lycées, jusqu’à ce que ces derniers apprennent... qu’un autre classement les concernant arriverait ultérieurement !

Mais en avril 2016, Najat Vallaud-Belkacem, en catimini, répondant à un député des Hauts-de-Seine, annonçait que la réforme de l’éducation prioritaire ne concernerait que le cadre de la scolarité obligatoire, en d’autres termes, que les lycées ZEP allaient disparaître !

Cette petite phrase aurait pu passer inaperçue, mais c’était sans compter sur les liens tissés en 2014, durant la première phase de la mobilisation contre la refondation de l’éducation prioritaire, entre plusieurs équipes militantes et auprès des collègues d’autres écoles et collèges ; d’autant qu’en pleine lutte contre la loi Travail, une certaine tendance à la contestation s’était emparée des esprits.

C’est ainsi qu’un premier rassemblement a eu lieu devant le ministère le 18 mai 2016. Les contacts étant repris, les enseignants ont alors multiplié les assemblées générales entre mai et juillet, qui ont abouti à la rédaction de l’appel « Touche pas à ma ZEP », lui-même à l’origine du collectif de même nom (TPAMZ selon ses initiales).

Dès le début, des revendications unifiantes sont mises en avant, non seulement au niveau des lycées mais également pour les collèges et écoles qui subissent cette réforme depuis deux ans : une carte élargie à tous les établissements des quartiers populaires, quel que soit le label qui leur est actuellement attribué, avec un statut unique garantissant des moyens pérennes tant pour les conditions d’apprentissage et de travail (effectifs par classe limités, cours en demi-groupe) que pour la rémunération des personnels (primes, indemnités) et leur statut (bonification). 

En septembre, l’appel est signé par trois lycées des Hauts-de-Seine. Le coup d’accélérateur va venir d’un de ces lycées, Joliot-Curie à Nanterre, dans lequel les enseignant-e-s décident de partir en grève reconductible et d’entamer une tournée des établissements de la ville. Un réseau de résistance se structure autour de l’appel, regroupant de plus en plus de signataires.

La dernière manifestation parisienne contre la loi Travail, le 15 septembre 2016, va servir de point d’appui à la mobilisation puisque de nombreux lycées se mobiliseront et se retrouveront en assemblée générale (92, 93 et 95), décidant d’appeler à une journée de grève le 29 septembre.

 Au lendemain de cette nouvelle journée de mobilisation, la ministre, pouvant difficilement continuer à argumenter sur le caractère ultra local du problème, fait passer par décret une clause de sauvegarde des indemnités mais uniquement pour les enseignant-e-s qui… les touchaient déjà.

Les enseignant-e-s mobilisés n’ont cure de cette tentative de calmer le jeu, la liste des signataires de l’appel s’allonge et une nouvelle journée de grève a lieu le 11 octobre, s’étendant cette fois-ci aux académies d’Orléans-Tours, d’Amiens et de Marseille. L’AG du soir va regrouper des dizaines de lycées qui, en lien avec les collègues de Marseille, décident de lancer un ultimatum à la ministre : s’il n’y a pas de réponse à leurs revendications, en particulier la publication de la liste des lycées en éducation prioritaire promise depuis deux ans, alors la rentrée des classes du 3 janvier n’aura pas lieu dans les lycées ZEP. En attendant, la date du 29 novembre est retenue comme nouvelle journée de mobilisation. Cette journée touchera en plus les académies du Nord-Pas-de-Calais et de Rouen.

Cette mobilisation a cela d’exemplaire qu’elle a réussi à mettre en place des cadres d’auto-organisation utiles à la lutte, permettant aux établissement mobilisés de se mettre en lien, de se coordonner et de décider semaine après semaine des suites de leur mouvement. Les enseignant-e-s n’ont compté que sur eux-mêmes pour entamer la lutte et se donner les moyens de la gagner.

Lors des différentes journées de mobilisations, des intersyndicales locales (souvent régionales) ont exprimé leur soutien. Cependant, non seulement elles n’ont jamais impulsé quoi que ce soit mais aujourd’hui, alors même que ce mouvement devient assez populaire et médiatisé, elles ne font rien pour permettre son renforcement et son extension ; c’est en particulier le cas du syndicat majoritaire dans ce secteur qu’est la FSU.

L’extension est bel et bien au coeur des préoccupations des enseignant-e-s mobilisés. A la veille d’une nouvelle journée de grève (jeudi 19 janvier 2017), des appels à rejoindre le mouvement ont été lancés aux écoles et au collège par le collectif Touche pas à ma ZEP.

 

 La signification sociale de cette mobilisation

 Il est coutumier d’entendre les enseignant-e-s des lycées en éducation prioritaire dire qu’ils ne font pas le même métier qu’en éducation sans classement. Et cela, bien sûr, ne peut être imputé au seul « ressenti ». Il y a bien, à la base de ce sentiment, une réalité matérielle.

L’éducation nationale, comme l’ensemble des services publics, sert depuis plusieurs années de variable d’ajustement au budget de l’Etat, l’argument phare étant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir « autant » de personnels si l’on s’organise rationnellement… Ainsi, le « mammouth » d’Allègre en 2000 a fait des émules et depuis, tout est fait pour le dégraisser encore et toujours : postes supprimés, réformes éducatives allant dans le sens d’une adaptation aux bassins d’emplois locaux, autonomisation et création de pôles d’excellence, pédagogie de la compétence et de la répétition, conditions de travail dégradées et salaires gelés.

Si cela a des conséquences pour l’ensemble des personnels et des enfants scolarisés, il est un fait que ces répercussions ont un sens social si ce n’est déterminant, du moins fondamental dans les quartiers populaires. Depuis les révoltes de 2005, la situation n’a fait que s’aggraver : hôpitaux, centres sociaux, services de la protection maternelle et infantile, commerces de proximités, Poste désertent ces quartiers. Sa jeunesse, qui est stigmatisée, ne voit guère d’avenir.

Alors, quand les enseignant-e-s des lycées en éducation prioritaire font le choix d’y rester, c’est parce qu’ils ont la conviction qu’avec des moyens supplémentaires en termes de personnels, de matériel, de locaux, d’offre culturelle et sportive au sein de l’éducation nationale, il est possible, non pas de modifier la structure sociale des habitants mais d’apporter des savoirs et des outils de réflexion qu’autrement les enfants ne trouveraient pas, ou difficilement ou par un volontarisme individuel et exceptionnel en-dehors de l’école.

C’est pourquoi beaucoup des personnels mobilisés font corps avec leurs établissements, les enfants qui les fréquentent et leurs familles pour que les quelques moyens supplémentaires accordés depuis les années 1980 ne soient pas supprimés. En quantité dérisoire, ils n’ont pas empêché que les équipes pédagogiques, quotidiennement, « bidouillent » et s’évertuent au système D. Mais tout retirer, c’est donner le signal à ces collègues que le semblant de dignité que l’école pouvait conférer en donnant plus pour, au moins dans le cadre scolaire, diminuer les inégalités, est définitivement à enterrer.

 Oui, dans cette mobilisation, il y a clairement, si ce n’est consciemment, la volonté de s’attaquer aux richesses qu’on nous met sous les yeux à longueur de journaux télévisés pendant qu’au quotidien, ces enseignants côtoient la misère sociale et la justice de classe engendrés par ce système. Cette mobilisation s’inscrit dans la continuité de toutes celles qui se déroulent un peu partout, dans le privé comme dans le public : nous ne sommes pas rien, nous deviendrons tout !o

A

 en croire les médias, on pourrait penser que le résultat du referendum en Italie a été une énième victoire de l’extrême droite populiste contre la démocratie. La situation, pourtant, est beaucoup plus complexe, et la victoire du Non est une victoire pour la démocratie et pour la défense des droits sociaux qui vaut la peine d’être célébrée.

La réforme constitutionnelle proposée par le gouvernement de Matteo Renzi était illégitime dans sa méthode et anti-démocratique quant à son contenu. Le parlement actuel a été élu avec une loi électorale jugée inconstitutionnelle par la Cour constitutionnelle. De plus, le gouvernement Renzi s’est installé après que le même Renzi eut effectué un putsch au sein de son propre parti, le Parti démocrate (PD), en écartant la gauche interne et l’ancienne majorité à l’occasion d’un vote parlementaire secrètement organisé contre le candidat officiel du PD à la présidence de la République, Romano Prodi.

 

Les acquis démocratiques de 1948

Enfin, Renzi a adopté le style de l’ancien Premier ministre, Silvio Berlusconi, en présentant la réforme constitutionnelle sans chercher à trouver un consensus large au parlement, mais en utilisant au contraire des subterfuges institutionnels pour bloquer la discussion parlementaire2, à tel point que l’opposition, pour protester contre de telles pratiques, a décidé de ne pas prendre part au vote sur la réforme. En ce qui concerne son contenu, cette réforme constitutionnelle est la dernière d’une longue série de tentatives de réviser la constitution afin de renforcer le pouvoir exécutif aux dépens de la représentation démocratique.

En 2006, toujours par référendum, le peuple italien avait déjà rejeté une tentative antérieure portée par Berlusconi, quand le gouvernement de centre-droit avait essayé de faire passer une réforme constitutionnelle de type présidentielle. Mais il s’agit d’une histoire beaucoup plus ancienne, qui remonte à l’après-guerre. La Constitution de 1948 était le résultat d’un compromis entre les trois grandes forces politiques de la résistance antifasciste : la Démocratie chrétienne, le Parti communiste et le parti libéral-socialiste, le Parti d’action.

Toutefois, une partie de la classe politique italienne n’a jamais accepté les libertés démocratiques et les principes d’égalité inscrits dans la constitution de 1948. Les attaques contre la constitution se sont multipliées dans les dernières décennies du 20e siècle, avec plusieurs tentatives de changement de la constitution et l’adoption, avec l’aide des forces de centre-gauche, de réformes antidémocratiques de la loi électorale.

 

Des forces politiques très différentes

Pour expliquer les résultats de ce referendum, qui a vu une participation massive de 67 % et un Non gagnant avec presque 60 % des voix, il faut examiner plusieurs facteurs. Différentes forces du spectre électoral était opposées à la réforme pour des raisons largement distinctes.

A gauche, la révision constitutionnelle était contestée par la CGIL, le plus grand syndicat du pays, par l’Association nationale des partisans d’Italie (ANPI), par la totalité de la gauche radicale, y compris les syndicats de gauche, les coalitions sociales, les organisations étudiantes et les différents réseaux des centri sociali, ainsi que par un grand nombre de constitutionnalistes de gauche comme Gustavo Zagrebelsky. Les arguments avancés allaient de la défense de la représentation démocratique et de la souveraineté populaire contre le principe de gouvernabilité, à l’opposition au projet politique agressivement néolibéral de Renzi, dont la réforme constitutionnelle ne représentait qu’une partie.

À droite, l’opposition à la réforme résulte davantage d’une question d’opportunité politique que de fond, de la part du parti xénophobe de la Ligue du Nord, du parti nationaliste Fratelli d’Italia, des forces néofascistes comme CasaPound et Forza Nuova ainsi que de Berlusconi, même si la position de ce dernier fut prise à reculons. Clairement, si l’opposition de droite a combattu la réforme, c’est parce que Renzi a hautement personnalisé le referendum et lié le destin de son gouvernement au résultat du vote. Les forces de droite, qui sont aujourd’hui fortement désorganisées et fragmentées, y ont vu une opportunité de se débarrasser du gouvernement et d’entamer un processus qui pourrait leur permettre de se regrouper et de redevenir compétitives sur le plan électoral.

Enfin, le Mouvement Cinq Étoiles (M5s), un mouvement populiste attrape-tout avec des positions politiques très contradictoires, a fait de la résistance à la réforme constitutionnelle tout le long du débat parlementaire, en protestant à chaque fois contre les violations les plus élémentaire des règles parlementaires opérées par le gouvernement. Les raisons de son positionnement tiennent dans un mixte de défense des règles de la démocratie parlementaire et d’ambition de détrôner le PD comme principale force politique en Italie.

 

Une période d’instabilité

La défaite impressionnante du projet de Renzi va très probablement conduire à une période de confusion et d’instabilité. Les peurs de la gauche modérée sur ce point manquent complètement leur cible. Au cours des cinq dernières années, les forces politiques les plus liées aux intérêts et aux projets de l’Union européenne ont mené une attaque féroce et systématique contre les droits sociaux : le gouvernement de technocrates de Mario Monti, soutenu par le centre-gauche, a introduit dans la constitution l’obligation de budgets en équilibre, exigée par les traités européens, rendant inconstitutionnelles les politiques keynésiennes, même les plus modérées, de relance par la dépense publique. Ce même gouvernement a également adopté une réforme des retraites dévastatrice, dont une partie a été jugée inconstitutionnelle par la Cour constitutionnelle.

Mais le plus important est que le gouvernement Renzi a réussi là où même Berlusconi avait échoué. Parmi les pires réformes adoptées par son gouvernement figurent des mesures telles que le Jobs Act (loi Travail), qui a aboli l’article 18 du Statuto dei Lavoratori, lequel rendait impossible aux employeurs de licencier un travailleur sans raison légitime, et a introduit d’autres formes de précarisation du travail ou encore la réforme du système d’éducation publique qui a considérablement renforcé la gestion de style managériale des écoles, détériorant les conditions de travail des enseignants et la qualité des programmes scolaires.

Finalement, Renzi espérait faire passer une réforme constitutionnelle antidémocratique combinée à une nouvelle loi électorale qui aurait établi un système de prime de majorité à la Chambre des députés : le gouvernement aurait obtenu le contrôle total du parlement, y compris le contrôle du temps accordé aux débats parlementaires pour des lois considérées comme faisant partie du programme du gouvernement.

Il vaut la peine d’examiner ce qui serait arrivé si le Oui avait gagné. Nous aurions probablement assisté à une montée en puissance du populisme et de l’extrême droite en Italie, alimentés par un centre-gauche qui a systématiquement mené des politiques d’austérité et de réformes néolibérales dont les effets ont été dévastateurs pour les conditions de vie de la population italienne. La jeunesse a été particulièrement touchée, elle qui doit faire face à une situation dans laquelle les chances de trouver un emploi décent sont presque nulles. (Ce n’est pas un hasard si 81 % des électeurs entre 18 et 34 ont voté Non et si le Oui ne l’a emporté que parmi les électeurs de plus de cinquante-trois ans).

Si le Oui avait gagné, nous aurions risqué de nous retrouver avec un gouvernement du Mouvement Cinq Etoiles ou un gouvernement de droite, doté de pouvoirs exécutifs bien supérieurs à ceux actuellement autorisés par la Constitution. Sans parler des effets de la prime majoritaire de la loi électorale. Et même dans le cas où Renzi aurait réussi à obtenir une majorité pour le centre-gauche lors des prochaines élections, nous aurions fini par avoir plus de néolibéralisme et un gouvernement encore plus fort, sans qu’aucun espace ne subsiste pour une opposition efficace.

 

L’opposition au gouvernement

La principale motivation derrière le vote pour le Non était l’opposition au gouvernement. Mais, indépendamment des motivations divergentes derrière ce vote, le résultat effectif du référendum est qu’il a défendu la démocratie et la souveraineté populaire, déstabilisé le système politique dans une phase où la stabilité ne signifie rien d’autre que de nouvelles attaques contre les libertés démocratiques et contre les droits sociaux, et ouvert un espace politique pour une éventuelle renaissance des mouvements sociaux. Le 26 novembre, 150 000 femmes ont défilé à Rome contre la violence masculine et sur une plateforme revendicative radicale. Le lendemain, des milliers de personnes réunies en assemblée et formant des ateliers ont appelé à une grève des femmes le 8 mars, reliant la lutte contre les violences à la lutte contre l’austérité, les coupes dans les services de santé et la précarisation du travail.

Des assemblées de femmes se constituent dans tout le pays en préparation de l’action de mars. La lutte que nous avons devant nous sera bien sûr difficile, car la droite essaie déjà de capitaliser le résultat du référendum, dissimulant le fait qu’une large partie des électeurs du Parti démocrate ont voté contre la réforme. Mais la réponse à cela ne peut être la peur ou le moindre mal, car ces réponses n’ont pour effet que de renforcer la droite. La réponse doit être un retour à la politique comme confrontation, à partir d’une participation à la grève des femmes du 8 mars qui ouvre la voie à la résistance sociale.o

 

  • 1. Lire, dans notre numéro 66 de juin 2015, «  En défense du service public de l’éducation - Réforme du collège, une étape dans la bataille ».