Le 22e festival international du film d’histoire de Pessac aura lieu du 14 au 21 novembre 2011. Le thème de cette année est la « conquête du pouvoir ».Entre le pouvoir de l’image et le pouvoir tout court, il ne peut pas ne pas y avoir de connivence ou de fascination. C’est ce qu’illustrent abondamment la centaine de films et les 40 documentaires proposés au prochain festival du film d’histoire de Pessac (Gironde), issus de cette plongée dans les coulisses du pouvoir : l’Impératrice rouge et Macbeth, Valéry Giscard d’Estaing, Mitterrand et Sarkozy, Pétain, Poutine et Bokassa sont présents sur la pellicule pour illustrer ce que signifie prendre le pouvoir.
Pouvoir sorti des urnes, issu d’un coup d’État ou d’une révolution, le cinéma est présent partout pour suivre Mr Smith au Sénat, les capitaines insurgés au Portugal, ou le peuple russe en octobre 1917. Pouvoir qui corrompt pour faire Main basse sur la ville ou cambrioler l’immeuble du parti démocrate (le Watergate) par les Hommes du président de l’époque, Richard Nixon.
C’est dans cet environnement cinématographique que s’inscrivent les débats. Ainsi, Pierre Rosanvallon (ex Fondation Saint-Simon) s’interrogera dans sa conférence inaugurale pour savoir si « les peuples prennent jamais le pouvoir », sans que l’on sache s’il le déplore vraiment.
Dans la même veine, Michel Winock (fondateur de la revue l’Histoire) traitera de, je cite, « élection, piège à cons ? Une histoire du suffrage universel », qui ne manquera pas d’amuser ceux d’entre nous qui ont eu le plaisir de mener la première campagne d’Alain Krivine !
On trouvera aussi un débat sur la prise du pouvoir par Hitler ou par Staline, sur les Révolutions arabes et même un débat sur « le rôle de l’armée dans les prises de pouvoir », avec la « direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la Défense ». Les représentants de la grande muette parleront-ils des techniques terroristes expérimentées pendant la bataille d’Alger et adoptées ensuite par nombre de dictatures en Amérique latine pour garantir leur pouvoir ?
Pourtant, malgré la variété et la diversité des angles d’approche, on ne peut s’empêcher de remarquer qu’il subsiste un angle mort dans cette investigation vaste, profonde mais finalement traditionnelle dans sa problématique. Un hors-champ concernant les questions qui agitent la réflexion des peuples, ici et maintenant et qui ne semblent pas avoir trouvées leur place dans la programmation. En effet, les despotes d’aujourd’hui délivrent des triples A, sans que l’on sache d’où ils tirent leur légitimité démocratique ; des experts genre troïka, comme disent les Grecs, après avoir spéculé sur l’endettement de l’État, spéculent sur la dette qui en est issue, et tous annoncent des plans de rigueur destinés uniquement à sanctionner ceux qui n’y sont pour rien, à savoir les peuples sans pouvoir.
« La conquête du pouvoir » n’est qu’un instant dans l’histoire des peuples, après vient son exercice, et le festival de Pessac pourrait un jour oser s’interroger sur le pouvoir du capitalisme, surtout dans un monde où son efficacité au service du bien-être de la société mériterait un triple Z. Un bon sujet pour l’année 2012.
Jean-Paul, correspondant NPA Bordeaux