Avant l’officialisation bien tardive du programme de LREM pour les élections européennes, Macron n’y est pas allé de main morte, avec une adresse, le 4 mars 2019, aux 28 pays dans une palanquée de quotidiens européens pour se poser en sauveur d’une UE en crise.
Et tout ça pour quoi ? Pour une défense sans faille de l’UE, de ses institutions, de sa monnaie, de ses politiques libérales et destructrices. Un politicien aussi roué que Orban ne s’y est pas trompé, saluant dans le texte de Macron « un bon point de départ pour un dialogue sérieux et constructif sur l’avenir de l’Europe .»
Au-delà de déclarations d’intention grandiloquentes, Macron fait une série de propositions dont certaines ne déplairont pas à la droite et à l’extrême droite :
• Sur les frontières et les migrants : « Je crois, face aux migrations, à une Europe qui protège à la fois ses valeurs et ses frontières », précisant la nécessité d’ « une police des frontières commune et un office européen de l’asile, des obligations strictes de contrôle, une solidarité européenne à laquelle chaque pays contribue.»
• Sur la défense : perspective d’un « traité de défense et de sécurité », et d’une « augmentation des dépenses militaires » pour « protéger notre continent ».
• Sur l’euro : « Comment résisterions-nous aux crises du capitalisme financier sans l’euro, qui est une force pour toute l’Union ?» Quel cynisme quand les banques ont été sauvées sur le dos des peuples !
• Sur l’écologie : « 0 carbone en 2050, division par deux des pesticides en 2025, […] banque européenne du climat pour financer la transition écologique, […] renforcer les contrôles de nos aliments, […] évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses pour des l’environnement et la santé. » Ici on atteint les sommets de l’hypocrisie. Que ne donne-t-il lui-même l’exemple et il serait plus crédible dans ses propositions.
• Sur les services publics : rien ! Comme souvent, la vraie nature des discours se révèle en creux. Mais il ne fallait pas attendre de Macron une remise en cause des directives européennes qui taillent en pièces les services publics ou qui préparent leur démantèlement, à la SNCF ou par la privatisation de la gestion des barrages.
De la même façon, on chercherait en vain dans son texte la moindre référence à une agriculture paysanne ou aux droits des femmes et à la défense du droit à l’IVG.
Au total, une fois oubliées certaines déclarations ronflantes le temps d’une campagne électorale (sur « un bouclier social » et un « salaire minimum européen »), il restera l’essentiel : la poursuite d’une politique d’accélération des contre-réformes (« Il faut faire plus, plus vite »), appuyée sur un arsenal répressif renforcé. Et de ce point de vue, avec le mouvement des Gilets jaunes, on n’est plus dans les grandes envolées mais dans la réalité la plus triviale de la lutte des classes.