Publié le Lundi 10 septembre 2018 à 13h23.

Sous l’impact de la crise et des coups de boutoir de Trump, l’ordre mondial se fissure

L’ancien modus vivendi établi entre grandes puissances et, par là, la politique mondiale se trouvent bouleversés par les politiques menées depuis un an et demi par Donald Trump et son administration.

Les caprices, esclandres et retournements brusques du président US, sans compter toutes les affaires qui le visent, montrent qu’il est peu apte à l’exercice de telles fonctions. En même temps, le Parti républicain et des responsables de l’administration ont à plusieurs reprises réagi et fixé des lignes rouges après des initiatives ou déclarations jugées inacceptables. Dernier exemple en date, le rectificatif imposé à Trump à la suite de ses propos, consécutifs à sa rencontre avec Poutine, qui contredisaient les services secrets étatsuniens en exonérant ceux de la Russie de l’accusation d’ingérence dans l’élection présidentielle de 2016.

A contrario, cela illustre le fait que sur les grandes lignes de l’action gouvernementale, il y a en revanche un accord qui regroupe une part substantielle – certes pas la totalité – de la droite étatsunienne, ainsi que des secteurs significatifs – quoique minoritaires – de la classe capitaliste. Au plan des relations internationales, cette politique inclut le retrait de l’accord de Paris sur le changement climatique ainsi que de celui sur le nucléaire iranien (contre l’avis et les souhaits de toutes les autres grandes puissances), le retrait de l’Accord de partenariat transpacifique (que le Japon a récemment relancé avec dix autres pays, sans les Etats-Unis), ainsi que les menaces réitérées de retrait de l’Accord de libre-échange nord-américain. Et désormais les mesures de guerre commerciale, qui ont commencé avec les taxes sur l’acier et l’aluminium mais se sont déjà étendues à d’autres produits, en visant non seulement la Chine mais aussi l’Union européenne, le Canada et une série de pays très différents.

Ce qui importe est donc de déchiffrer les raisons fondamentales qui déterminent les nouvelles orientations de l’administration US, ainsi que ce qu’en sont déjà et ce que pourraient en être les conséquences.

 

Unilatéralisme et guerre commerciale : pourquoi ?

La politique de Trump représente une rupture radicale avec les orientations de politique internationale qui ont été celles de l’impérialisme US depuis la grande victoire qu’avait représenté pour lui, au tournant des années 1980-90, la fin du bloc de l’Est et de l’URSS, concomitante à l’envol du néolibéralisme et au déploiement de la globalisation capitaliste. Dans la période qui a suivi, tout en n’hésitant jamais à montrer leurs muscles et à user de la force, les Etats-Unis ont exercé leur domination, alors devenue en apparence incontestée, en utilisant à fond les organisations internationales « multilatérales » (FMI, Banque mondiale, OMC…) au sein desquelles leur poids est premier et qui étaient devenues – avec, sur notre continent, l’Union européenne – les leviers de la mondialisation des politiques néolibérales et du libre-échange qui lui est associé. Avec quelques nuances quant à sa mise en application, cette politique a été celle de tous les gouvernements successifs, républicains comme démocrates.

Dans le même temps, l’impérialisme US s’était cependant retrouvé embourbé et en définitive défait dans ses guerres d’Afghanistan et d’Irak, avec pour conséquences une perte notable de son autorité sur la scène internationale et de plus grandes difficultés à projeter directement ses forces militaires. Obama s’est montré ensuite très prudent, l’aventure de 2011 en Libye, la seule décidée sous son administration, n’ayant rien fait pour redorer le blason des interventions militaires étatsuniennes.

Par ailleurs et surtout, les deux grands Etats dits ou anciennement dits « socialistes », qui étaient censés s’intégrer à la mondialisation néolibérale opérée sous hégémonie US, sont devenus des concurrents de plus en plus coriaces. La Russie de Poutine reste sur la scène mondiale une puissance économique secondaire, riche essentiellement de ses exportations de gaz et de pétrole, mais depuis 1999 elle a redressé la tête, en usant à plusieurs reprises de ses capacités militaires et de la liberté de manœuvre que lui confère son régime autoritaire pour se réimposer à la table des Grands – on l’a vu notamment en Ukraine (occupation de l’est du pays, annexion de la Crimée) et en Syrie, où le Kremlin a pu agir au nez et à la barbe d’occidentaux qui en étaient réduits à des protestations verbales, assorties de quelques sanctions économiques.

Autre chose est la situation de la Chine. Entrée à l’OMC en 2001, alors qu’elle n’était alors considérée que comme « l’atelier du monde », fabriquant à bas prix des produits de masse n’intéressant plus les industries des pays capitalistes développés, elle a su se transformer rapidement en un géant économique (ainsi que, de façon croissante, militaire et politique) aux ambitions de plus en plus prononcées. De nombreux exemples sont donnés dans l’article suivant de cette revue, mais on peut souligner ici l’ampleur du projet de construction d’infrastructures dans de nombreux pays et de développement des capacités commerciales chinoises, dit « Nouvelle route de la soie » (en anglais, « One Belt, One Road », « Une ceinture, une route »), ainsi que celle du plan « Made in China 2025 » qui vise à développer l’industrie et la technologie domestiques dans des domaines stratégiques (robotique, intelligence artificielle, industrie pharmaceutique et autres), afin d’être en mesure de concurrencer, à l’échéance fixée, les Etats-Unis et les autres économies les plus avancées. Il est symptomatique que les 50 milliards de nouvelles taxes à l’importation décidés le 15 juin 2018 par l’administration Trump concernent des produits de secteurs inclus dans ce plan.

Le tournant ayant marqué la fin de la dite « mondialisation heureuse » (heureuse pour les groupes capitalistes qui en ont tiré le plus grand profit, pour les secteurs des classes moyennes qui en ont bénéficié à leur suite, voire pour les quelques autres qui ont pu en recevoir des miettes) s’est produit avec la grande crise de 2007-2008 et la récession généralisée qu’elle a entraînée. Cette crise a touché principalement son pays de naissance, les Etats-Unis, ainsi que les économies d’Europe de l’Ouest. Depuis, les taux de profit ne s’y sont jamais rétablis aux niveaux antérieurs, tandis que les taux de croissance y restent également inférieurs : 2,2 % annuels en moyenne pour l’ensemble des pays de l’OCDE, contre plus de 3 % entre 1945 et 2007. Malgré les « reprises » ou « rebonds » que la plupart des économies connaissent cycliquement, ce qui domine est une tendance à la stagnation.

La Chine, parce qu’elle est régie par un système de « capitalisme d’Etat » qui échappe partiellement aux mécanismes de marché, s’est trouvée moins touchée. Pour ne prendre qu’un exemple, sa dette en proportion du PIB, de l’ordre de 250 %, est presque aussi importante que celle des Etats-Unis (elle résulte en grande partie des investissements publics massifs réalisés pour contrecarrer les tendances récessives post-2007), mais cette dette est détenue principalement par des banques et sociétés contrôlées par l’Etat chinois, ce qui d’une part lui fournit une assise dont ne peuvent pas disposer des capitalistes privés, d’autre part, peut permettre à l’Etat de la gérer – en jouant sur les taux ou les échéances des remboursements, évidemment dans certaines limites – beaucoup plus aisément que ce n’est le cas dans d’autres pays. Ajoutons qu’une part substantielle (quelque 1200 milliards de dollars de bons du Trésor US) de la dette publique des Etats-Unis est détenue par… la Chine, qui est devenue en 2017 leur premier créancier étranger.

Un chiffre témoigne spectaculairement du changement intervenu dans le rapport des forces. Alors qu’en 1960 les Etats-Unis réalisaient 40 % du PIB mondial, cette part n’est plus aujourd’hui que de 24 % ; de son côté la Chine (devenue dès 2005 le premier exportateur mondial) est montée à présent à 15 % et, selon des projections du FMI, elle devrait rattraper et dépasser le PIB étatsunien d’ici dix ans. 

C’est à cette menace envers l’hégémonie US que Trump et ses partisans ont voulu réagir, après l’échec pour diverses raisons de la politique d’Obama de « pivot vers l’Asie-Pacifique », dont l’objectif premier était déjà de contenir l’expansion chinoise. L’instauration des taxes à l’importation, les contrôles et restrictions qui se développent sur les investissements chinois à l’étranger (des mesures que l’Allemagne et la France ont aussi commencé à mettre en place) ainsi que sur les ventes à la Chine des technologies qu’elle n’est pas encore capable de produire par ses seuls moyens, visent cet objectif-là. Ce ne sont donc nullement de simples moyens de pression qui seraient destinés à imposer de meilleures conditions commerciales.

 

Des alliés devenus des ennemis ?

Mais pourquoi s’arrêter à la Chine ? D’autant que le secteur capitaliste que l’actuelle administration représente – et qui se distingue nettement des « globalistes », dont les représentants politiques se sont succédé au pouvoir durant toute la période précédente – estime plus généralement que l’Amérique s’est retrouvée perdante au jeu de la mondialisation néolibérale. Pour ce secteur, les politiques et le système d’institutions internationales mis en place pour l’impulser et la gérer doivent donc être revus, le libre-échange ne doit plus être érigé en principe absolu mais être modulé en fonction des intérêts américains.

D’où les mesures tarifaires qui, pour l’acier et l’aluminium, touchent déjà, entre autres, les « alliés » historiques des Etats-Unis (dont le Canada et l’Union européenne), et que Trump menace d’étendre à d’autres produits, en évoquant notamment une taxation de 25 % sur les importations d’automobiles en provenance de l’Union européenne, c’est-à-dire principalement d’Allemagne dont les marques mettent sérieusement à mal les constructeurs US.

D’où aussi les attaques virulentes portées lors des sommets du G7, en juin 2018 au Canada, de l’OTAN le mois suivant en Belgique, puis dans des déclarations ultérieures. « L’Union européenne est un ennemi, avec ce qu’ils nous font sur le commerce […] D’un point de vue commercial, ils profitent vraiment de nous » (15 juillet). « Nous protégeons l’Allemagne, nous protégeons la France, nous protégeons tous ces pays. Et certains d’entre eux vont signer un contrat de gazoduc avec la Russie et des milliards de dollars vont dans leurs caisses. Donc nous sommes supposés vous protéger contre la Russie et vous lui donnez des milliards de dollars, je pense que c’est très inapproprié […]. La majeure partie du pétrole et du gaz en Allemagne provient de Russie. Je pense que l’OTAN doit regarder cela de plus près » (11 juillet).

Les producteurs américains de gaz de schiste cherchent désespérément de nouveaux débouchés, sur un marché mondial au bord de la saturation et alors que leur gaz est plus cher que celui venu de Russie. « Nous vous avons fourni le bouclier militaire, et vous en avez profité pour nous voler nos parts de marché » : les exhortations adressées aux Européens afin qu’ils augmentent leurs dépenses militaires et leur contribution à l’OTAN constituent un élément du bras de fer, dans le cadre de la guerre commerciale que l’administration Trump a engagée.

Tout à sa rage envers l’Union européenne, Donald Trump s’en est même pris à la pauvre Theresa May (Première ministre britannique), qui venait déjà d’être affectée par une crise gouvernementale et dont il a – selon Le Monde – « torpillé le projet de Brexit » déjà fort mal en point. Motif, la proposition de May de maintenir pour les produits industriels et agricoles une zone de libre-échange avec l’UE. « Je lui avais dit de ne pas le faire mais elle ne m’a pas écouté, elle ruine le Brexit, dans ces conditions il ne sert à rien de discuter avec elle d’un accord commercial, autant parler directement à l’Union européenne », a déclaré en substance le président étatsunien. Et d’afficher dans la foulée son soutien à Boris Johnson, l’ancien chef de file de la campagne du Brexit, ministre des affaires étrangères fraichement démissionnaire. Une attitude qui ne se limite d’ailleurs pas au Royaume-Uni, puisqu’on a appris que l’ambassadeur US à Berlin avait pour sa part manifesté son soutien aux opposants de droite d’Angela Merkel, l’ultra-réactionnaire CSU bavaroise et le parti de droite extrême AfD.

 

Un monde plus dangereux 

Pendant la « Guerre froide » (1945-1991), la confrontation entre les Etats-Unis et l’URSS (ainsi que, sous des modalités différentes, la Chine jusqu’à la mort de Mao Zedong, en 1976) n’avait débouché que sur des guerres localisées, dans lesquelles les deux « grands » ne s’étaient jamais affronté directement, même si l’on était passé à plusieurs reprises près de la catastrophe, en particulier lors de la crise des missiles à Cuba en 1962.

Après l’implosion du « bloc soviétique », le spectre d’une conflagration générale – avec le risque inhérent d’apocalypse nucléaire – avait pour une grande majorité d’analystes semblé définitivement écarté : c’était « la fin de l’Histoire », marquée par la victoire décisive de l’économie de marché et de la démocratie libérale. Mais sous l’impact, d’une part, de la grande crise de 2007-2008 et de la période de stagnation qui en a résulté et, d’autre part, des changements géopolitiques mondiaux et des coups de boutoir de Trump, cette vision idyllique a fini de partir en lambeaux.

Le premier document sur la « Stratégie nationale de sécurité des Etats-Unis d’Amérique » de l’administration Trump, rendu public en janvier 2018, se démarque radicalement des précédents, réalisés sous Obama en 2010 puis 2015. La priorité qui avait alors été donnée à la « Guerre contre le terrorisme » (succédant elle-même à la lutte contre « l’axe du Mal » de l’administration Bush) cède la place à l’objectif central consistant à contenir la Chine et – secondairement – la Russie, dans le cadre d’une stratégie favorisant « le renouveau de l’Amérique et la réémergence du leadership américain ».

Dans un éditorial de son édition du 25 janvier 2018, intitulé « La prochaine guerre. Le danger croissant d’un conflit entre grandes puissances », The Economist commente : « Ces 25 dernières années, la guerre a pris trop de vies. Cependant, même si les conflits civils et religieux ont fait rage en Syrie, en Afrique centrale, en Afghanistan et en Irak, un affrontement dévastateur entre les grandes puissances mondiales est demeuré pratiquement inimaginable. Ce n’est plus le cas. Le Pentagone a fait connaître la semaine dernière une nouvelle stratégie de défense nationale qui place la Chine et la Russie au-dessus du djihadisme en tant que principale menace pour l’Amérique. »

Appelant le gouvernement Trump à défendre le multilatéralisme et ses institutions, à ne pas abandonner ses alliés « en devenant juste un autre pouvoir révisionniste et agressif à l’instar de la Russie et de la Chine », ainsi qu’à savoir combiner hard power (capacité militaire) et soft power (diplomatie), la revue britannique conclut : « Sans un engagement de l’Amérique en faveur de l’ordre international et du hard power nécessaire pour le défendre face à des rivaux déterminés et capables, les dangers seront croissants. Et alors, un avenir de guerre pourrait être plus proche qu’on ne le croit. »

L’ancien ordre mondial se fissure, l’ensemble des relations internationales se trouve affecté et les périls se font effectivement plus pressants. S’il est certainement trop tôt pour hasarder un pronostic quant à l’avenir des nouvelles relations apparemment cordiales entre Trump et Kim Jong-un (le nouveau secrétaire d’Etat US, Mike Pompeo, a en tout cas émis plus qu’un doute…), le Moyen-Orient, avec les massacres de masse qui y sont perpétrés par les grands amis de Trump – Israël en Palestine, l’Arabie saoudite au Yémen – pourrait préfigurer ce qui serait alors, malheureusement, à attendre.

Reste l’impact qu’une véritable guerre commerciale (car on n’en est qu’aux premières escarmouches) aurait globalement sur l’économie. Dans son rapport d’avril 2018 sur les « perspectives de l’économie mondiale », le FMI note qu’un tel scénario pourrait « nuire à la confiance sur les marchés, perturber les chaînes de valeur mondiales et ralentir la diffusion de nouvelles technologies, réduisant la productivité et l’investissement au niveau mondial », en ajoutant que le pays qui y perdrait le plus serait alors… les Etats-Unis. De son côté, l’OCDE identifie trois grands risques parmi lesquels « une montée des protectionnismes » et « des tensions géopolitiques qui pourraient contribuer à de soudaines perturbations sur les marchés ». Le troisième risque est une poursuite de la hausse des prix du pétrole, mais il est signalé qu’elle pourrait être liée aux deux facteurs précédents.

Bref, si la croissance mondiale est en ce moment particulièrement forte (mais la Chine y est pour beaucoup, et une réduction notable devrait dans tous les cas intervenir dans les deux ans), les perspectives sont pour le moins incertaines – et encore les deux vénérables institutions ne mentionnent-elles pas les déséquilibres financiers croissants, qui sont d’ores et déjà nettement plus importants qu’ils ne l’étaient en 2007.

 

Face à la crise du néolibéralisme

Les politiques trumpiennes ont une autre conséquence : il est clair désormais que le néolibéralisme est en crise ouverte. S’il y avait un doute, regardons ce qu’il arrive en ce moment à Macron, passé en si peu de temps de Jupiter à un président ultra-normal, c’est-à-dire normalement rejeté par une nette majorité de la population.

Il est un fait qu’à ce stade, le vent de la contestation souffle pour l’essentiel depuis la droite, avec la montée des « populismes » nationalistes réactionnaires et l’installation de nouveaux gouvernements « illibéraux » – en Europe, l’Autriche et l’Italie après la Hongrie et la Pologne, à chaque fois soutenus par Trump. Toute la question étant, naturellement, de savoir comment s’orienter pour faire surgir une alternative depuis la gauche. A ce sujet, trois propositions de réflexions conclusives (qui n’épuisent en rien la question) :

1) Si le néolibéralisme a effectivement épuisé sa force propulsive, cela veut dire que le discours « antilibéral », dominant au sein de la gauche depuis les années 1990, est maintenant devenu complètement obsolète. Face à la montée des nationalismes illibéraux, on ne peut qu’affirmer haut et fort ce que l’on veut, et cela ne peut être qu’une société socialiste/communiste, écologique et féministe, construite par les exploité·e·s et les opprimé·e·s eux et elles-mêmes.

De ce point de vue, un petit événement survenu dans le pays de Trump et d’Hillary Clinton interpelle : la nette victoire, dans la primaire démocrate de la circonscription de New York à cheval sur le Queens et le Bronx, de la jeune militante membre des DSA (Democratic Socialists of America) et d’origine portoricaine, Alexandria Ocasio-Córtez ; une victoire obtenue face à un « démocrate de Wall Street » installé dans cette circonscription depuis vingt ans et pressenti pour être le futur speaker (président) de la Chambre des représentants, sur la base d’une campagne ouvertement anticapitaliste et étonnamment de classe. Le socialisme et la classe ouvrière reviendraient-ils « à la mode » ? Cela changerait positivement bien des choses (de toute façon, il n’y a pas d’autre solution).

2) Face aux globalistes (chez nous les Macron, Merkel, Commission européenne…) d’un côté et aux illibéraux de l’autre, aucun type de soutien à des thèses protectionnistes ou libre-échangistes, deux politiques du Capital qui ne servent que les profits au détriment des salarié·e·s et des couches populaires, mais la défense intransigeante des intérêts de ces dernières, et cela dans un cadre non seulement national mais aussi européen et mondial.

3) Alors que les foyers de tension et de crise se multiplient, le « campisme », cette théorie d’origine stalinienne selon laquelle il faudrait soutenir telle ou telle force, tel ou tel gouvernement qui soi-disant s’opposerait ou résisterait à « l’impérialisme » (toujours défini exclusivement comme étant occidental), continue de faire des ravages.

On l’a vu avec la Syrie, quand une série de courants de gauche voire d’extrême gauche se sont alignés derrière le régime sanguinaire de Bachar al-Assad. On le voit en ce moment par rapport au Nicaragua, à travers le silence gêné ou le soutien éhonté apporté par des courants dits de gauche ou progressistes (soutien dans le cas des forces du Forum de Sao Paulo, à travers une déclaration récente) au régime corrompu et pro-business de Daniel Ortega, boucher de la jeunesse et du peuple nicaraguayens. Plus que jamais, notre boussole ne peut être que le soutien inconditionnel aux luttes émancipatrices des travailleurs et travailleuses, des jeunes, des secteurs populaires, en défendant en leur sein une perspective et un programme révolutionnaires, socialistes/communistes, internationalistes.

Jean-Philippe Divès