Publié le Lundi 29 août 2016 à 15h56.

Nos corps ont-ils un (des) sexe(s) ?

Genre, sexualité et reproduction à l'épreuve de la biologie et des sciences sociales - Université d'été du NPA 2016 – Commission LGBTI – Agathe Lederer

 

Introduction :

 

Pourquoi se poser la question : « nos corps ont-ils un (des) sexes ? ». L'enjeu était de mettre d'emblée en doute ce qui pour la majorité de l'humanité constitue une évidence : le fait que nous ayons un sexe, masculin ou féminin, comme l'indique notre état-civil et comme nous l'apprennent les cours de biologie.

 

→ Donc quand on est matérialiste, on s'efforce de ne pas oublier que « les idées dominantes sont celles de la classe dominante ». C'est important de questionner l'évidence, même si elle semble incontestable. Même la biologie doit être approchée de manière historique et critique.

 

→ L'idée de cet atelier est de dénaturaliser le sexe, de montrer que nos corps sont des produits d'interactions permanentes entre biologie et socialisation et que le genre s'est inscrit peu à peu dans le corps, pour donner ensuite l'illusion du naturel, à travers le sexe.

 

Quelques définitions et précisions pour lever tout malentendu :

  • Le « genre » : c'est la construction et la hiérarchisation des rôles sociaux femmes-hommes.

  • Le concept de « sexuation » : c'est le fait qu'un sexe nous soit attribué, que c'est un processus actif de donner un sexe à un individu, et que ce processus a des conséquences, en terme de construction de nos corps et de nos identités de genre.

  • Quand je dirai « femme » et « homme », je fais référence à la construction genrée de ces identités et non à la nature.

 

→ L'idée de l'atelier n'est pas de :

  • nier l'existence de différences entre les corps sexués mais d'interroger ce qu'est le processus de sexuation (dans un système à 2 sexes, exclusifs l'un de l'autre), et de montrer comment la science et l'idéologie s'associent pour construire ces deux sexes.

  • nier la nature, mais au contraire de la donner à voir telle qu'elle est, dans sa diversité de formes et d'organisations.

 

Pourquoi ces questions sont importantes :

  • Parce que l'idéologie qui découle de l'idée de différences naturelles est un pivot essentiel de l'exploitation et de l'oppression. Il y a donc un enjeu pour le féminisme de démasquer la fausse évidence biologique du sexe.

  • Parce que nous sommes dans un contexte politique de crise qui amène une frange réactionnaire à invoquer l'ordre naturel pour lutter contre la perte de repères moraux.

  • Parce que le sexe est vraiment politique, tellement politique que c'est même une affaire d’État (à travers l'état-civil). Il ne s'agit pas juste de débats politiques théoriques mais cela a des implications concrètes sur nos vies.

  • Parce que l'on veut une amélioration immédiate de nos vies, pouvoir décider pour nous-mêmes, mais aussi se débarrasser de l'oppression et de l'exploitation et construire une autre société, qui nous conduira également à penser une autre humanité.

 

A/ Quelques définitions et éléments historiques pour situer le débat :

 

1/ Définitions du mot « sexe » :

 

Le mot « sexe » est polysémique, il peut désigner en fait beaucoup de choses :

  • les organes génitaux,

  • la sexualité,

  • la procréation,

  • l'état-civil des individus.

 

Alors de quoi parle-t-on majoritairement quand on parle de « sexe » ?

  • On va laisser pour l'instant la référence à la sexualité, on y reviendra après.

  • L'idée qui domine c'est que le mot « sexe » fait directement référence à la procréation. Que les deux sexes s'expliquent et se justifient par la procréation : le sexe, ce serait donc les deux sexes mâle-femelle, bien différenciés et exclusifs l'un de l'autre.

 

2/ Nature/culture/évolution

 

La référence à l'argument de la Nature se décline de différentes manières :

  • Il y a l'idée que la culture ne serait qu'une couche posée sur la nature, mais qu'au fond, nous sommes tous des animaux.

  • De là, découle l'idée que pour connaître notre vraie Nature il suffirait de regarder les comportements des animaux, puisqu'ils seraient porteurs d'une vérité naturelle universelle.

  • Ensuite pour justifier l'existence des deux sexes, il y a deux grandes idées :

  • « Rien ne change » : Idée que le monde dans lequel nous vivons est stable, que nous sommes aujourd'hui tels que nous avons toujours été. Dans cette conception, les populations animales (y compris les humains) se diviseraient par nature entre mâles dominants et femelles soumises, avec tous les rôles sociaux qui en découlent.

  • « C'est l'histoire de la vie » : Idée d'une destinée biologique rendant nécessaire l'existence de mâles et de femelles, que les individus seraient traversés par une force qui les dépasse pour reproduire la vie.

 

Pour contrer l'idée de Nature , on a un outil : la « théorie » de l'évolution :

  • La « théorie » de l'évolution est importante pour nous car elle est matérialiste (d'ailleurs Marx s'en est largement inspiré).

  • « Évolution » : processus d'acquisition et de transmission de caractéristiques biologiques nouvelles, de génération en génération.

  • Ce n'est pas l'individu qui évolue, c'est la population globale.

  • C'est l'adaptation à l'environnement qui façonne le vivant.

  • Comment ça se passe : en réaction aux changements de l'environnement, certains caractères préexistants vont être sélectionnés (comme de choisir le bon outil dans sa boite à outils parmi plein d'outils possibles).

  • Une notion très importante pour comprendre l'évolution, c'est la notion de variabilité. L'évolution ne peut exister que parce que précisément il y a des variations au sein de l'espèce (on n'est pas tous des clones), variations qui seront conservées ou non au cours du processus de sélection naturelle, selon leur adaptation ou non à l'environnement.

  • C'est parce qu'il y a eu de la variabilité au sein des espèces que petit à petit l'être humain a pu évoluer, acquérir la posture debout, la maîtrise de l'outil, développer son cerveau...

  • L'évolution nous montre que ni les espèces, ni la nature ne sont figées.

3/ Brève histoire de la sexuation par les sciences et le droit :

 

Sciences : petit historique des théories du sexe :

  • Du 5ème siècle avant J.-C jusqu'au 16ème siècle : les traités médicaux posent l'existence d'un sexe unique. Ce sexe unique est quand même hiérarchisé, puisque la femme est vue comme un homme amoindri, un « mâle imparfait », puisque ses organes génitaux sont à l'intérieur de son corps.

  • Au 16ème siècle : l'autorisation des dissections humaines permet d'observer l'intérieur des corps, mais les anatomistes leur conception initiale du sexe féminin comme le miroir inversé du sexe masculin, comme un gant retourné.

  • A la fin du 18ème siècle : s'imposent la sexuation globale du corps (au-delà des organes génitaux) et l'idée de natures féminine et masculine radicalement distinctes. La femme est différente par nature mais complémentaire de l'homme, établissant une soi-disant égalité entre le sexe fort et le beau sexe.

  • Au début du 19ème siècle : on assiste à une radicale évolution des conceptions du sexe : la différence de nature devient hiérarchisée (entre sexe fort et sexe faible, cette fois).

  • Au 20éme siècle : la découverte des chromosomes semble pouvoir enfin donner une assise à la conception binaire des sexes. Mais pour cela, les scientifiques font le choix de faire l'impasse sur tous les phénomènes de variations chromosomiques (dont je vais parler après). La science est principalement mise au service de la réduction du trouble dans le sexe (par des opérations et hormonothérapies) : l'objectif est de faire disparaître tout ce qui ne correspond pas au schéma binaire.

 

Dans le droit : construction de la notion juridique de sexe en France :

  • Important parce que ça interagit avec la notion de sexe biologique.

  • Le code-civil de 1804, impose la mention du sexe sur l'acte de naissance. La mention de sexe doit être portée sur les papiers d'identité, on considère à partir de ce moment-là le sexe comme l'élément premier d'identification d'une personne (exemple : c'est le premier chiffre sur la carte vitale, 1 ou 2).

  • Pourtant, à ce moment-là, aucun texte ne donne plus de précisions sur ce qui définit le sexe. Le vide des textes de loi a donc reporté sur les tribunaux la mission de définir le sexe, au cas par cas.

  • Les tribunaux ont commencé à se pencher sur cette question au milieu du 19ème siècle, lorsqu'ils ont été confrontés à une remise en question de la validité de mariages contractés entre des hommes et des personnes déclarées de sexe féminin à l'état-civil mais sans organes sexuels internes féminins (rendant le mariage stérile). La cour de cassation avait alors tranché : ce qui définissait le sexe au regard de la loi était l'apparence des organes génitaux externes. Ce jugement visait à ne pas affaiblir l'institution du mariage.

  • Les tribunaux ont été à nouveau sollicités à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle pour des demandes de changement d'état-civil de personnes transidentitaires. Pour contrer ces demandes, les tribunaux ont alors choisi de définir le sexe comme un ensemble cohérent de caractères génétiques, anatomiques et physiologiques.

  • Cette conception très étroite a alors été condamnée par la Cour Européenne des droits de l'Homme (1992). En 2002, la France a subi une nouvelle condamnation basée sur le fait que les chromosomes, ne permettait pas d'assigner un sexe et donc de refuser un changement d'état-civil ou de permettre les mutilations des personnes intersexuées. Mais ces condamnations n'ont eu que peu de conséquences sur le plan juridique.

 

 

B/ L'état actuel des connaissances scientifiques sur le sexe :

 

Quels sont les éléments censés caractériser le sexe en biologie ?

  • les gènes,

  • les organes génitaux,

  • les gamètes (spermatozoïdes ou ovules),

  • les caractères sexuels secondaires (voix, poils...),

  • anatomie (muscles, taille),

  • physiologie (hormones).

 

1/ Sexe et procréation : les différents modes de multiplication :

 

2 modes de multiplication du vivant :

  • Reproduction non sexuée ou multiplication sexuée (on ne parle pas de reproduction car ce n'est pas un clonage à l'identique).

  • Il existe des modes de multiplication « hors sexe » :

  • La mitose = reproduction à l'identique (l'espèce n'évolue pas, elle se clone, sauf en cas de mutation génétique). Elle concerne les organismes unicellulaires sans noyau. Exemple : les bactéries.

  • Cas particulier de la parthénogenèse (développement de l'ovule seul, sans apport du capital génétique d'un mâle : l'individu se clone lui-même dans un œuf). C'est une nécessité pour beaucoup d'espèces, comme chez certains lézards, où il n'y a plus de mâles depuis longtemps.

  • Il n'y a donc pas que de la reproduction sexuée dans la nature.

 

La procréation : ce qu'on appelle habituellement reproduction sexuée.

  • C'est la multiplication par méiose (les individus ne se clonent pas eux-mêmes à l'identique contrairement à la mitose). C'est le concept de sexe au sens propre, qui correspond à la production de gamètes (ovules et spermatozoïdes, tous uniques et disposant chacune d'un seul lot de chromosomes) qui en se réunissant vont former une cellule-œuf, pourvue de deux lots de chromosomes (un de chaque géniteur).

  • C'est une innovation de l'évolution qui apparaît entre - 850 000 ans et - 600 000 ans. C'est celle qui s'est développée majoritairement chez les organismes les plus sophistiqués (plantes, champignons, animaux).

  • Pourquoi un tel succès de la multiplication par sexe ?

  • Parce qu'elle produit des individus uniques avec une forte diversité des descendants, grâce aux nombreuses recombinaisons génétiques qui se produisent avec la méiose.

  • La variabilité est ce qui accroît les capacités d'adaptation face aux changements de l'environnement donc les chances de survie de l'espèce. C'est donc le différent et non l'identique qui est primordial à la survie de l'espèce.

  • Dans le monde animal, il existe une grande variété de modes de rencontre des gamètes : le coït entre deux individus de sexes différents n'est pas une nécessité naturelle pour procréer. La fécondation peut être interne ou externe au corps des géniteurs, et il n'y a pas toujours des sexes génitaux.

  • Chez les vertébrés, ce sont des individus distincts qui produisent les spermatozoïdes et les ovules, mais ce n'est pas le cas de toutes les espèces.

 

 

2/ La détermination du sexe de l'individu :

 

Génétique : Comment devient-on ou ne devient-on pas femelle ou mâle ?

  • La génétique ne fixe pas tout : pour des gènes absolument identiques, l’expression des gènes peut changer, en lien avec des modifications chimiques et/ou environnementales. la fabrique du sexe peut dépendre des chromosomes, de l'environnement ou encore de la « pression sociale ». Il existe par exemple des espèces pratiquant l'hermaphrodisme successif (10% des poissons changent de sexe en cours de vie) sans pour autant que leurs gènes changent.

  • Les gènes sont des parties des chromosomes. Le gène est une unité d'information, constituée d'un segment d'ADN, qui code un caractère précis (exemple : la couleur des yeux).

  • Chez l'humain, en théorie, il y a 23 paires de chromosomes dont une paire de chromosomes dits « sexuels ».

  • Mais le système XX/XY (découvert en 1956) est loin d'être universel. A l'échelle de la population mondiale (7 milliards d'individus), c'est environ 14 millions de personnes (dites intersexuées) qui ne correspondent pas à ce modèle : soit par l'absence de deuxième chromosome sexuel (X0) ou par la présence de chromosomes sexuels supplémentaires (XXX, XXY, XXYY, XXXY, XXXXY...). En France, c'est 60 000 individus qui sont concernés, et pourtant on en n'entend pas du tout parler. Par exemple, la configuration chromosomiques XXY (caractérisée par des testicules réduits et le développement des seins) a une fréquence de 1 naissances sur 1000 alors que la trisomie 21 c'est 1 sur 800 naissances.

  • Avec de tels chiffres, l'assignation aux catégories mâle ou femelle apparaissent trop réductrices.

  • Par ailleurs, des gènes portés par d'autres chromosomes que XX et XY jouent un rôle dans la différenciation des organes génitaux. Donc on ne peut pas dire automatiquement que XX = femelle et XY = mâle. La génétique n'est donc pas en mesure d'affirmer que l'on peut ranger strictement les individus en deux classes distinctes. La réalité de l'intersexuation chromosomique remet donc en cause de manière évidente la binarité et l'on voit bien qu'il s'agit plus d'un continuum.

 

Le développement variable des organes génitaux :

  • Les organes génitaux sont composés de 3 éléments :

  • les gonades (ovaires/testicules), qui fabriquent les gamètes (ovules et spermatozoïdes) et synthétisent des hormones (œstrogènes, progestérone, androgènes) ;

  • les voies génitales (qui permettent le transport et la développement des gamètes et des embryons) ;

  • les organes génitaux externes.

  • Au début de la formation de l'individu, pendant le développement de l'embryon, les organes génitaux sont indifférenciés. A la fin de la formation, ils sont en général différenciés (au niveau anatomique et physiologique) et ont des fonctions différentes.

  • Pourtant, du fait de la complexité de sa formation, le sexe peut donc varier dans de multiples directions (c'est normal en fait). Cela concerne entre 1,7 et 4% des naissances, c'est donc un phénomène loin d'être rare.

  • C'est en général sur la base de l'aspect des organes génitaux externes que se fait l'assignation à une identité sexuée à la naissance (ou lors de la grossesse, dès la fin du 3ème mois). La médecine qualifie ces variations, qui ne permettent pas l'assignation au sexe féminin ou masculin, de « désordre du développement sexuel », ce qui range un phénomène pourtant assez fréquent dans la catégorie du pathologique.

 

3/ Des corps sexués ?

 

→ Au-delà du sexe, c'est le corps entier qui est construit au fil du temps par le genre (squelette, musculature, cerveau, voix), même s'il résiste fortement aux normes. Le genre n'est pas juste une strate posée sur le corps mais il modèle notre corps, bien plus que le « sexe biologique ».

 

→ Par ailleurs, la différence d'alimentation est le facteur principal des différences morphologiques entre hommes et femmes : les hommes au cours de l'évolution, ont reçu plus à manger (notamment de viande) et ont donc un squelette plus fort et des muscles plus développés. C'est aussi lié à la taille de notre cerveau, qui coûte très cher en énergie : il faut beaucoup de calories pour l'alimenter, au détriment des muscles pour les femmes (puisqu'elles reçoivent moins de calories).

 

Squelette :

  • Idée fausse que le crâne des hommes est plus gros que celui des femmes et que le bassin des femmes est plus large que celui des hommes. En réalité, la majorité des humains (hommes ou femmes) partagent les mêmes types de bassin. De plus, la forme finale du bassin est autant influencée par la génétique que par des causes environnementales (par exemple, la manière dont on apprend à marcher).

  • La réalité des squelettes ne permet pas un classement binaire, il y a une grande variabilité et les traits sont plutôt indécis ou mêlés :

  • Les paléontologues ont toujours eu du mal à déterminer le sexe des squelettes mais ils n'en parlent pas (« je répartis à 50/50 »).

  • Il est impossible d'assigner un sexe à plus de la moitié des squelettes : il y a donc une zone moyenne, un continuum.

  • Sont donc identifiés comme hommes et femmes les squelettes s'éloignant justement le plus de la moyenne.

 

Muscles et mouvements :

  • La façon d'aborder l'espace est un des marqueurs fondamentaux du genre (exemple : la retenue des mouvements des femmes dans le métro). Nos mouvements, nos manières d'appréhender l'environnement, de s'y placer, de s'y déplacer, d'interagir, sont genrés.

  • Il y a une gestuelle pour chaque genre, construite par une éducation motrice différente pour les filles et pour les garçons.

  • Les femmes ont accès à une gamme de mouvements plus restreinte et sortir de cette gamme revient à perdre en féminité.

 

Voix :

  • Les discours scientifiques différentialistes concernant la voix la considère comme un caractère sexuel secondaire. En réalité, les différences sexuées ne sont que peu distinctives, donc on privilégie la notion de différences interindividuelles.

  • La voix est en réalité directement liée au genre (pas au sexe) :

  • Les normes sociales et culturelles liées à la voix sont très différentes selon les cultures. Dans la majorité des sociétés occidentales, voix grave = virilité et pouvoir, voix aiguë = féminité.

  • Dès l'âge de 3 ans, les garçons apprennent à parler comme des garçons et les filles comme des filles, à se conformer à un modèle de genre.

  • Plusieurs éléments prouvent que la hauteur de la voix n'a pas de fondement biologique :

  • Pour les trans MtF, la rééducation permet de changer de registre vocal et d'obtenir une féminisation de la voix.

  • Depuis 1950, la voix des femmes s'aggrave (volonté d'échapper aux normes de genre, de se faire une place dans un monde dominé par les hommes). Les femmes occupant des postes de responsabilité ou de pouvoir travaillent leur voix pour la rendre plus grave.

 

Cerveau :

  • Les recherches sur le cerveau sont de plus en plus diffusées, notamment par le travail de Catherine Vidal dans le domaine des neurosciences.

  • Malgré les avancées scientifiques dans ce domaine, le préjugé selon lequel les cerveaux masculin et féminin seraient différents et hiérarchisés est très prégnant (par exemple : en 2005, le président de l'université de Harvard disait que : « le faible nombre de femmes dans les disciplines scientifiques s'expliquait par leur incapacité innée à réussir dans ces domaines »).

  • Ces conceptions s'installent au 19ème siècle, moment où se développe la phrénologie (c'est-à-dire l'étude de l'esprit humain basée sur la forme du crâne) et la mesure de la taille du cerveau (on compare les cerveaux hommes/femmes, blancs/noirs, patrons/ouvriers).

  • Il n'y a aucun lien entre taille du cerveau et capacités intellectuelles (par exemple : Einstein avait un cerveau de 1,250 kg, ce qui est assez petit). Ce qui est en fait déterminant pour les capacités intellectuelles, c'est la qualité des connexions neuronales.

  • Les nouvelles techniques d'imagerie du cerveau vivant (et non plus conservé dans le formol comme les anciennes études) montrent la grande variabilité d'un individu à l'autre, indépendamment du sexe :

  • de la taille du cerveau ;

  • du fonctionnement et de la structure des cerveaux.

  • Pourquoi nos cerveaux sont si différents d'un individu à l'autre ?

  • C'est à cause de ce qu'on appelle la plasticité cérébrale : c'est-à-dire que le cerveau est façonné par nos parcours individuels, c'est un organe dynamique qui évolue tout au long de la vie.

  • A la naissance, le cerveau du nouveau-né possède 100 milliards de neurones. Mais le cerveau n'est pas fini, seules 10 % des connexions entre ces neurones (les synapses) sont établies à la naissance. Les 90 % restantes vont se former au fil de la vie.

  • C'est l'interaction avec l'environnement (les apprentissages) qui est donc déterminante. Les connexions neuronales se multiplient en fonction des zones du cerveau sollicitées.

  • Par ailleurs lors des études faites pour comparer les cerveaux des femmes à ceux des hommes, il faut prendre en compte le système de genre et l'intériorisation des préjugés :

  • Par exemple, si on dit à des filles qu'elles vont passer un test de géométrie et qu'on fait précéder le test d'un message disant que les filles sont moins bonnes que les garçons à ce test, on obtient un taux d'erreur de 42%. Si au contraire le test est précédé d'un message positif de meilleure réussite des femmes, le taux d'erreur est de 28%.

  • C'est à partir de l'adolescence que les écarts de performances apparaissent, quand les normes de genre deviennent de plus en plus fortes pour les filles.

  • Enfin, un autre préjugé ferait de nous des animaux pilotés par les hormones, en particulier les femmes, ou dans le domaine de la sexualité.

  • Mais aucune étude sérieuse n'a permis de démontrer que les hormones aient une relation de cause à effet sur nos comportements ou nos émotions.

  • De plus, chez l'humain, les rapports sexuels sont déconnectés de la question de la reproduction (les homosexuels hommes ou femmes n'ont aucune particularité hormonale).

  • Enfin, l'être humain échappe à la loi des hormones, grâce à notre cerveau qui fait que nous ne sommes pas soumis à nos instincts (capacité de faire la grève de la faim, l'abstinence sexuelle). Nos « instincts » sont toujours régulés par les normes sociales.

 

Conclusion : Sur le plan biologique, si l'on prend en compte tous ces aspects, il y un continuum entre un pôle masculin et un pôle féminin prenant la forme d'une courbe de Gauss, c'est-à-dire que les individus les plus typés sont minoritaires.

 

4/ Une Nature animale sexuée ?

 

→ Nous projetons une pensée située, anthropomorphique sur le vivant. Or penser le sexe, ce n'est pas que penser l'humain. La référence idéologique à la Nature nous oblige à analyser la question du sexe chez les animaux.

 

Polygynie et dimorphisme : y a-t-il une nature mâle et une nature femelle ?

  • La mise en avant du dimorphisme sexué (les écarts supposés entre l'apparence du mâle et celle de la femelle) s'appuie largement sur le concept de « sélection sexuelle » formulé par Darwin est toujours largement dominant aujourd'hui.

  • C'est l'idée que pour pouvoir transmettre les caractères les meilleurs pour l'espèce il faut procréer et donc accéder à un partenaire sexuel.

  • Pour cela, il suffirait qu'un seul des deux sexes (en général, le mâle) dispose de caractères sexuels secondaires développés pour « séduire » l'autre (exemple : la queue colorée du paon, que les femelles n'ont pas).

  • C'est aussi l'idée d'une situation de concurrence entre les individus pour accéder à la procréation, mais surtout que les mâles seraient en concurrence pour obtenir les femelles, ce qui les pousserait à développer des armements (comme les bois) ou des ornements (comme la queue colorée du paon mâle).

  • Ce serait donc par nature que les mâles seraient plus grand, plus fort, plus beaux, et ce serait aussi par nature que les hommes chercheraient à coucher avec les femmes et en prendraient majoritairement l'initiative.

  • Cette conception s'appuie sur la question de l'anisogamie pour justifier une vision stéréotypée des tactiques d'accouplement qui s'est imposée jusqu'ici, justifiant les rôles sexuels installés dans l'imaginaire collectif et l'idéologie dominante, et qui a été largement diffusé notamment par l'enseignement.

  • l'anisogamie, c'est le fait que mâles et femelles produisent majoritairement des gamètes de taille et de quantité différents : des ovules gros et peu nombreux et des spermatozoïdes petits et nombreux.

  • donc les mâles peuvent théoriquement produire beaucoup plus de descendants que les femelles.

  • l'anisogamie induirait des comportements de procréation différents et asymétriques : les mâles chercheraient à féconder le maximum de femelles, les femelles à choisir le meilleur mâle. Elles n'auraient pas besoin de multiplier les partenaires car cela ne les conduirait pas à avoir plus de descendants. Les mâles auraient donc une suractivité sexuelle tandis que les femelles y seraient réticentes.

  • En réalité, ce n'est pas le seul modèle. Par exemple : il y a une espèce d'anguille chez laquelle le mâle porte les œufs, laissant la femelle libre de partir à la recherche d'autres mâles, ce qui crée une compétition entre femelles.

  • Chez les oiseaux, un certain nombre d'espèces sont polyandres (c'est-à-dire que les femelles ont plusieurs partenaires tandis que les mâles n'en ont qu'une). Dans ce cas c'est la femelle qui développe des ornements ou des armements.

  • On voit bien que l'anisogamie ne permet pas d'expliquer l'asymétrie des comportements sexuels.

  • De même, la monogamie animale dépend de l'environnement, qui joue un rôle déterminant :

    • Quand il y a peu de ressources (surtout alimentaires), les mâles sont monogames. Quand il y a plus de ressources (et donc aussi plus d'individus), les mâles vont vers la polygynie. Quand il y a encore plus de ressources, les femelles aussi deviennent polyandres.

    • Dans une situation où les conditions font que chaque mâle ne peut féconder qu'une seule femelle, la sélection naturelle favorisera les mâles s'investissant dans les soins parentaux permettant la survie de sa descendance. Chez ces espèces, le dimorphisme sexuel est très faible.

    • On voit bien que c'est moins la biologie que l'environnement qui détermine l'apparence sexuée ou non des animaux ainsi que leur mode d'appariement.

     

    Une hétérosexualité naturelle ?

    • Selon les biologistes, les individus doivent non seulement se maintenir en vie mais aussi procréer pour générer du vivant.

    • Mais il faut se poser la question : la procréation est-elle la clé de la vie sociale des animaux ?

    • Le vivant n'est pas juste animé par un programme sexué, répondant à un ordre de la nature souhaitant transmettre un capital génétique, par l'intermédiaire d'agents mâles et femelles.

    • En réalité, les rapports sociaux des animaux sont un peu plus riches que ça. Il faut se rappeler que procréation et sexualité sont séparées chez les humains et chez beaucoup de primates et plusieurs autres espèces (les bonobos, les pingouins).

    • La sexualité animale n'est pas juste hétérosexuelle et procréative. La perpétuation de la vie n'est pas non plus si sacrée puisque les animaux pratiquent aussi souvent l'infanticide.

    • L'existence de « l'homosexualité » animale est incontestable. Elle passe autant par des pratiques sexuelles, des comportement parentaux, la formation d'un « couple » durable avec un congénère de même sexe). Il y a par exemple des couples de goélands « lesbiennes » qui vont se faire féconder par un mâle et élèvent ensuite les jeunes sans lui. Chez les cygnes noirs, des couples « gays » fécondent les œufs d'une femelle puis la chassent et élèvent les jeunes seuls.

     

    La notion de genre appliquée aux sociétés animales :

    • Chez l'animal comme chez l'humain, beaucoup de comportements proviennent d'apprentissages qui se font dans le cadre du système punition/récompense (par exemple, les circuits de récompense du cerveau sont les mêmes chez le rat et l'humain). Il y a donc un lien entre recherche de plaisir et vie sociale.

    • Du coup, il y a évidemment entre les animaux d'autres types de relations que celles liées aux enjeux de procréation :

    • il y a des relations de pouvoir entre individus : domination et possession (biens, objets, espace).

    • mais aussi des rapports de coopération, dans les couples comme au sein de groupes sociaux plus larges, rapports qui passent par la communication (échanges de biens, ou de services, comme l'épouillage).

    • D'autre part, le concept de genre est intéressant pour décrire les comportements animaux (il n'y a pas des rôles réservés aux femelles par exemple).

    • Il n'y a pas systématiquement de hiérarchie entre mâles et femelles, ça dépend de la structure sociale de chaque groupe.

    • Comportements parentaux :

    • Chez beaucoup d'espèces, il n'y a pas de comportement paternel ou maternel prédéfini.

    • La majorité des oiseaux sont monogames avec des soins biparentaux (mâles comme femelles peuvent assurer toutes les tâches : couver, nourrir...).

    • La majorité des mammifères sont polygames, les femelles allaitent (tâche qui ne peut pas être assurée par le mâle) et s'occupent principalement du petit. Chez les carnivores et les primates, les soins sont assurés à 25% par le mâle, avec des grandes différences individuelles.

     

    Conclusion : Les catégories mâles et femelles ne sont pas universelles, ce sont des possibilités existantes parmi un éventail de possibilités. Toutes les formes de sexe et de sexualité sont dans la nature.

     

     

    C/ Articulation entre sciences, hétéropatriarcat et capitalisme

     

    1/ Le fonctionnement des sciences

     

    La recherche n'existe pas dans une bulle en dehors du système capitaliste et hétéropatriarcal :

    • Les sciences ne sont pas neutres, elles s'élaborent dans contexte idéologique précis. Selon les époques, elles ont servi à justifier l'exploitation, le racisme, le sexisme, les LGBTIphobies : « les riches sont riches parce qu'ils sont plus aptes que les pauvres à survivre, parce qu'ils ont un plus gros cerveau ;  les Noirs sont plus proches du singe que de l'homme, les femmes ont un cerveau plus petit... ». Toutes ces affirmations ont été prouvées scientifiquement à un moment donné de l'histoire et ont aidé les classes dirigeantes à donner une justification scientifique à leur domination (d'autant plus que ce sont les classes possédantes qui financent les recherches).

    • La recherche est donc fortement orientée par les préjugés qui traversent l'ensemble de la société. Concernant la question du sexe, la recherche scientifique a historiquement toujours mis la charrue avant les bœufs : les recherches se concentrent sur l'explication des différences considérées comme préexistantes, naturelles. Difficile d'appeler ça une démarche scientifique sérieuse.

    • En matière de sciences comme ailleurs, il y a des courants de pensée. Par exemple, il y a des courants qui prônent le déterminisme biologique en fonction du sexe. Ou encore des recherches voulant donner une assise biologique à l'homosexualité (gène soi-disant trouvé en 1993, hormone, cerveau inférieur...), sans cesse démentie par des études scientifiques plus sérieuses. Car le problème de ces études sexistes est souvent qu'elles sont faites sur des échantillons trop petits. Dès que l'on augmente le nombre de sujets étudiés, les soi-disant différences hommes/femmes sont gommées.

     

    Le milieu scientifique est marqué par le genre :

    • Les scientifiques sont majoritairement des hommes.

    • Les scientifiques travaillent dans une société structurée par le genre et leurs recherches sont impactées par les stéréotypes de genre.

    • Les métaphores scientifiques censées vulgariser le savoir véhiculent des représentations normatives, comme l'histoire de la lutte du spermatozoïde pour atteindre l'ovule qui fait écho à celle de la Belle au bois dormant, attendant endormie son prince charmant, passivement (alors que dans la réalité l'ovule est loin d'être passif).

    • C'est sous la pression des luttes féministes que le domaine de la recherche a évolué, pour essayer de débarrasser la science de l'hétérosexisme. Mais on est encore loin du but.

     

    D'autres limites : la volonté d'établir des types normaux, de classifier et hiérarchiser :

    • Dans leur volonté de donner à voir le vivant, de le maîtriser, les sciences se sont retrouvées prise au piège de la notion d'exemple-type. Le succès du champ scientifique vient en partie de sa capacité à classer et à établir les types. Pour définir une espèce, les scientifiques, en établissent les caractéristiques typiques. Ils choisissent des spécimens particuliers qu'ils érigent en représentant typique de l'espèce. Les seules différences admises au sein d'une espèce sont les différences mâle-femelle.

    • L'inconvénient de cette méthode est que cela induit une simplification excessive de la diversité du vivant et des individus au sein d'une espèce. Le problème c'est que bien souvent les choses ne rentrent pas dans les cases et que la réalité de la diversité naturelle subvertit ce désir de classifier le vivant.

    • Rappel de la courbe de Gauss : les scientifiques ont donc réussi le tour de force de faire de l'exception la norme : car les caractéristiques du féminin et du masculin ne sont le propre que d'une minorité de la population.

     

    La construction des anomalies, du pathologique :

    • Car la mission des sciences dans le cadre de ce système hiérarchisé est bien d'établir la norme, le supérieur, pour pouvoir en négatif désigner l'anormal, le pathologique, l'inférieur.

    • Tout ce qui ne correspond donc pas assez à la norme arbitrairement établie, ce qui fait désordre, est donc pathologisé, et doit être soigné ou exclu comme on l'a vu jusque récemment avec la question de l'exclusion de compétitions sportives d'athlètes femmes ayant un trop fort taux de testostérone.

    • La pathologisation de l'intersexuation :

    • Les personnes intersexué.e.s ne le sont que parce qu'elles ne correspondent pas aux normes de sexe établies par le corps médical. L'intersexuation n'est pas un problème médical, elle ne le devient qu'à cause des normes.

    • Pourtant le langage médical habituellement utilisé dans ces cas est celui de la malformation (stigmatisant) alors même que les maladies relatives à l'intersexuation sont rares, et mettent rarement en jeu le pronostic vital de l'individu.

    • La chirurgie des organes génitaux externes n'est donc jamais une urgence médicale. Pourtant beaucoup de chirurgies correctrices normatives sont effectuées sur les nouveau-nés, sans leur accord évidemment. 81% des personnes intersexuées subiront des opérations chirurgicales ou des traitements hormonaux. Ces traitements médicaux imposés sur des corps sains mais non conformes pour les normaliser sont extrêmement violents. Ils renvoient aussi à la question du consentement et à l'absence de droits des enfants à disposer de leur corps dans le système patriarcal.

    • Les personnes transidentitaires sont aussi considérées comme relevant du pathologique.

    • Le fait de ne pas se reconnaître dans le sexe et le genre qui nous est assigné est considéré comme un « trouble de l'identité sexuée ».

    • Il est attendu d'un corps « féminin » qu'il produise une identité « féminine » et idem pour le masculin.

     

    2/ L'instrumentalisation du scientifique par les réactionnaires :

     

    Les réactionnaires se sont particulièrement mobilisés contre :

    • la diffusion des nouvelles connaissances par l'éducation :

    • l'introduction de la notion de genre dans les manuels de SVT de première L et ES en 2011 ;

    • les ABCD de l'égalité / « théorie du genre » ;

    • les nouveaux droits ébranlant la « famille naturelle » :

    • la loi sur le mariage pour tous ;

    • adoption/PMA/GPA

     

    → Les avancées légales sont présentées par cette frange réactionnaire comme un risque d'effondrement moral de la civilisation, de l'ordre social et naturel.

     

    → Les réactionnaires sont aussi dans la justice, les institutions, par exemple autour des enjeux liés à la filiation :

    • Comme le tribunal de Nancy qui en 2009 a refusé qu'un homme trans n'ayant pas subi d'hystérectomie puisse donner naissance à un enfant. Pourtant des hommes trans ont des enfants, sont enceints, et oui.

    • Ou encore le refus d'établir la filiation d'enfants né par PMA dans le cadre de couples lesbiens.

     

    3/ La biologie, socle de la complémentarité et de la hiérarchie, outil au service du capitalisme :

     

    → Toute une série de discours pseudo-scientifiques sont donc utilisés pour justifier l'oppression (par exemple : la nature féminine, l'instinct maternel) avec l'idée que l'ordre social est le reflet de l'ordre biologique.

     

    → Ce système binaire sert le capitalisme et l'hétéropatriarcat. Il structure la société à travers la division sexuée des rôles et des tâches, la hiérarchie des sexes (mâle dominant, femelle dominée), qui sont le socle de la hiérarchisation de sexualités et des droits, donc des LGBTIphobies et du sexisme et son lot de violences et de surexploitation.

     

     

    D/ Revendications et perspectives révolutionnaires

     

    → Avec l'idée du continuum, la hiérarchisation est ébranlée (ce n'est pas pareil de demander l'égalité dans la différence que de demander l'égalité par l'indifférenciation).

     

    Bousculer les idées préconçues en commençant par les nôtres :

    • Il y a des cultures où la société reconnaît plus que 2 sexes, la reconnaissance d'un troisième sexe (neutre) dans quelques pays.

    • Bien se dire que ce qui est construit peut être modifié !

     

    Des combats à mener dans l'immédiat :

    • Combattre les réacs en tout genre sur tous les fronts (rappel : la « Manif pour tous » sera de retour à la rentrée).

    • Être dans les luttes pour le droit à disposer de son genre, de son corps et de sa reproduction :

    • PMA,

    • possibilité de conserver ses gamètes en cas d'opération de transition sexuelle,

    • fin de la stérilisation obligatoire des personnes trans.

    • contre la pathologisation des trans et des personnes intersexué.e.s et pour obtenir la fin des mutilations génitales imposées à ces personnes.

    • faire disparaître la mention de sexe de notre état-civil pour refuser le classement des humains.

    • Exiger une meilleure formation du personnel médical et de santé.

     

    Des revendications plus larges à porter et des perspectives à dessiner :

    • Refuser que la recherche scientifique soit mise au service du capitalisme.

    • Lutter pour une orientation des sciences et de la recherche au profit des opprimées et des exploitées :

    • greffes d'utérus pour les femmes trans qui le souhaitent ;

    • fécondation à partir de deux spermatozoïdes ou deux ovules (des expériences faites chez la souris en 2011 ont permis de créer des spermatozoïdes ou des ovules à partir de cellules-souches ou de cellules de la peau), ce qui permettrait à des couples homosexuels qui le souhaiteraient d'avoir des enfants biologiques, sans être contraints à un schéma hétérosexuel pour avoir accès à la procréation ;

    • développer les « ventres artificiels » pour y faire grandir les fœtus et libérer nos corps.

    • Enfin, c'est aussi notre responsabilité d'envisager les bases d'une autre société :

    • l'humain évolue encore (c'est visible quand on compare les génomes d'époques différentes) et de plus en plus rapidement car le champ des possibles s'accroît.

    • L'intelligence humaine, les sciences et la technologie permettent de dépasser la nature (lutte contre les maladies, vaccins, prothèses, greffes...).

    • Donc la question ce n'est plus la Nature, mais la question de la société que nous voulons construire, une société dans laquelle l'humanité sera débarrassée des contraintes liées à la reproduction et de la sexuation et sera libre de ses choix.