Publié le Lundi 7 novembre 2011 à 23h12.

Livre : Travailler une heure par jour (Bizi !)

S’inspirant d’une proposition similaire avancée voici plus de 30 ans par le collectif écologiste Adret (Travailler deux heures par jour, Le Seuil, 1977), le collectif altermondialiste basque Bizi ! (« vivre ! » en basque) suggère dans ce petit livre des révisions encore plus radicales des modes de vie, à l’échelle de ce pays-ci. Il suppose (c’est une de ses limites) qu’on puisse faire abstraction des interdépendances établies par la mondialisation et d’une multitude d’autres contraintes qui ne sont pas davantage évoquées, ou peut-être encore (ce qu’il ne précise pas) que le mode de production capitaliste ait été universellement aboli. 

Que s’agirait-il de faire pour aboutir à cette réduction enviable du travail contraint ? De la quarantaine de milliards d’heures ouvrées qu’on enregistre annuellement en France, retrancher tout ce qui est inutile, imbécile, voire nuisible à la société comme à l’environnement, répartir équitablement les revenus, et par une politique de « décroissance » et de gains de productivité, en venir à un minimum d’une dizaine de milliards d’heures annuelles, laissant tout le temps voulu aux activités non contraintes permettant l’épanouissement des individus. Ceux-ci se répartiraient équitablement ce temps de travail contraint, entre 16 et 74 ans, ce qui porterait la population active de 25 à 42 millions et quelque de « citoyens travailleurs », astreints à ne travailler qu’une heure par jour, ou cinq heures par semaine, sauf périodes de congés payés. De la sorte, « la richesse serait partagée entre tous les membres de la communauté en échange d’une part de travail nécessaire à sa production (pour ceux qui en auraient les capacités). » Les auteurs de l’ouvrage ont bien conscience d’être ici « dans l’utopie », mais la plus décisive qui soit : « Travailler moins pour vivre autrement, c’est l’utopie qui a permis les luttes sociales, que les luttes sociales ont essayé de construire, et à laquelle nous croyons aujourd’hui ». 

Gilles Bounoure

Asphodèle éditions,64 pages,8 euros